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Actualités - OPINION

La traque judiciaire ne plaît pas à tous les loyalistes

Une fausse note : c’est ainsi que, non sans esprit, un loyaliste qualifie la facture (judiciaire) présentée à certains opposants. Des membres de la délégation libanaise à Paris II ont de même trouvé tout à fait inopportun de traquer des contestataires, au moment où l’on mise sur le soutien de la France, pays des libertés. Et qui plus est, pays où la plupart des honnis ou des bannis d’ici trouvent à l’occasion refuge. L’impression faite sur les contributeurs, réunis à l’initiative de Chirac, a été négative. Et explique en partie les réticences manifestées par certains. Pour sa part, Hariri s’est montré sphinx à souhait. Tout en refusant de commenter le processus engagé contre l’Est, il a littéralement déclaré : « Ce qui se passe a pour objet de cristalliser Paris II. » Cette devinette chinoise offre plusieurs explications possibles. La plus courante est que le président du Conseil a sans doute voulu dire que ce qui se passe de son propre côté est qu’il s’occupe uniquement de Paris II. Mais des malins soutiennent que, par sous-entendu, il reproche aux fonctionnaires zélés de cristalliser Paris II, c’est-à-dire de le réduire à l’état de minéral. Hariri, relancé, n’a pas souhaité expliciter ses propos. Pour leur part, des ministres n’hésitent pas à comparer l’action du parquet à la tristement célèbre répression antiestudiantine devant le Palais de justice le 7 août 2001. Ils ajoutent qu’à l’époque, un message clair était ainsi lancé non seulement en direction de l’Est opposant, mais aussi, ou surtout, à l’adresse de Hariri, de Berry et de Joumblatt. Qui s’étaient en effet coalisés auparavant, comme on sait. Ces ministres ajoutent que ce n’est pas par affection pour l’opposition qu’ils s’émeuvent des démarches du judiciaire, mais au contraire parce que, à leurs yeux, les retombées risquent d’être mauvaises pour le pouvoir. À leur avis, toute attaque frontale ne peut que renforcer Kornet Chehwane. Alors que par de subtiles manœuvres de séduction on peut en détacher nombre de membres, déjà divisés, et en précipiter la désagrégation. Selon les mêmes sources ministérielles (et on comprend mieux alors leur inquiétude), il n’est pas exclu que les procédures en cours visent à faire d’une pierre coup double: acculer l’Est à la défensive et accélérer le départ du présent gouvernement. Certains vont encore plus loin en estimant qu’en définitive, c’est le camp des haririens qui serait pris pour cible. Pour le punir d’avoir un peu trop bien réussi Paris II et d’en retirer toute la gloire. Mais pour d’autres, il est probable que le rouleau compresseur s’est mis en marche sur télécommande extérieure, une fois de plus. Un point de vue que réfute, en bon loyaliste, l’un des ministres qui réprouve les assauts actuels. Cet officiel soutient en effet que ce qui se passe actuellement est de fabrication purement locale. Ce qui est vraisemblable, dans la mesure où l’on n’aurait pas entendu des critiques à l’intérieur du camp loyaliste si les ordres venaient d’en haut et d’ailleurs. Pour ces pondérés, tout doit s’expliquer sous l’angle de la liquidation de comptes de la partielle du Metn. On a réglé le sien à Gabriel Murr, il reste à traiter ses soutiens. Cela, déplore un ministre, sans prendre en considération l’intérêt économique autant que sociopolitique du pays. Où les secousses ne peuvent rien donner de bon. Surtout si elles distraient l’État de la mobilisation requise autour du dossier financier. Tout en altérant l’image et la crédibilité du pouvoir à l’étranger et en décourageant les investisseurs. Toujours est-il qu’autour de Hariri, on affirme que les péripéties locales n’auront pas vraiment d’effet sur le programme de redressement. Car il se trouverait bien protégé par l’entente qui règne entre les présidents. On ajoute que le gouvernement est résolu à fermer les robinets du gaspillage et à réformer l’Administration, et à réduire le déficit budgétaire en même temps que le poids de la dette publique. On ne peut que l’espérer. En souhaitant que le pouvoir prenne dans son ensemble exemple sur Hariri. Et cesse de s’éparpiller dans de vaines querelles de clocher. D’autant que c’est là une des conditions que posent, pour une éventuelle admittatur, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Dont les rapports vont conditionner la tenue d’un Paris III dans huit ou neuf mois. Philippe ABI-AKL
Une fausse note : c’est ainsi que, non sans esprit, un loyaliste qualifie la facture (judiciaire) présentée à certains opposants. Des membres de la délégation libanaise à Paris II ont de même trouvé tout à fait inopportun de traquer des contestataires, au moment où l’on mise sur le soutien de la France, pays des libertés. Et qui plus est, pays où la plupart des honnis...