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Actualités - CHRONOLOGIE

Gouvernement - Les questions politiques systématiquement évitées Le document sur Paris II a été distribué aux ministres, mais ne sera pas débattu(photo)

Le document publié par le Liban en vue de la réunion Paris II, intitulé « Au-delà de la reconstruction et du redressement, vers une croissance soutenue » et sous-titré « Une requête d’appui international », n’a finalement pas été véritablement présenté hier au Conseil des ministres hebdomadaire. Le document a été uniquement distribué aux ministres « pour information », sans être soumis au débat. Le ministre de l’Information a précisé qu’il ne figurait pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres et qu’il n’y a pas été ajouté. Du reste, a-t-il dit, il s’agit d’une synthèse de prises de position déjà adoptées par le Conseil des ministres. Cette façon de procéder semble symptomatique d’une nouvelle tendance du Conseil des ministres consistant à éviter toutes les questions politiques. C’est au point qu’en sortant, deux des ministres ont commenté, par des sarcasmes ou des boutades, cet état de fait. « Les divergences entre les deux présidents faisaient du tort au pays. Leur accord, par contre, nous porte tort à nous aussi », a déclaré M. Sleiman Frangié (Santé). De son côté, M. Marwan Hamadé (Déplacés) a lancé, en quittant la séance : « Pas besoin de parler politique, puisque l’accord politique au sommet est total ». Cette espèce d’armistice entre le chef de l’État et le Premier ministre semble d’autant plus prononcée que l’on se rapproche de la date de la tenue de Paris II, samedi prochain, 23 novembre. Il traduit une réelle volonté de faire l’union sacrée autour du projet financier du Liban. Tout est donc fait pour donner l’impression que l’harmonie est totale au sommet de l’État et rassurer les bailleurs de fonds. Le cercle vicieux de l’endettement On rappelle que le document distribué aux ministres souligne que le Liban compte appeler la communauté internationale à lui apporter une aide de 5 milliards de dollars, afin d’éviter une crise financière qui déboucherait sur des troubles sociaux et politiques. Sans cette aide extérieure, ajoute le document, le Liban ne parviendra pas à sortir du cercle vicieux d’une dette qui s’élève à un peu plus de 30 milliards de dollars, dont le service dévore 18% du PIB. Faute d’appui extérieur, le gouvernement libanais souligne qu’il ferait face dès 2003 à des échéances qu’il risquerait de ne pouvoir honorer. « Par la suite, de tels développements pourraient déboucher sur une instabilité financière et économique qui déclencherait à son tour des troubles sociaux et politiques ». Selon des sources bancaires, le Liban doit rembourser l’an prochain des prêts de 950 M USD et verser des intérêts de 900 M USD sur 10,2 mds USD de ses eurobligations venant à échéance les années suivantes. Dans son plaidoyer, le gouvernement affirme qu’il mènera à bien son programme de redressement financier qui passe par une modernisation du système fiscal et la privatisation de services publics (notamment la vente de deux licences de téléphonie mobile et de 40% de l’électricité). Question de systèmes... Notons que ce programme a commencé à susciter des commentaires variés dans les milieux politiques. À M. Hoss, qui a crié victoire après l’adoption par le gouvernement d’un véritable plan de redressement, qu’il a toujours appelé de ses vœux, M. Fouad Siniora, ministre des Finances, a répondu hier, affirmant : « Oui, mais la différence entre ces programmes, c’est celle qui existe entre deux systèmes économiques ». Pour sa part, sollicité sur cette question, M. Rafic Hariri s’est abstenu de tout commentaire. Le Conseil des ministres a approuvé hier 24 des 27 points à son ordre du jour. Il a notamment approuvé les statuts internes du Conseil national des carrières présidé par le ministère de l’Environnement, qui seul est habilité à délivrer des permis d’exploitation de carrières. Le gouvernement a également autorisé le ministère de l’Intérieur à vendre certains biens-fonds pour financer la construction de prisons dans toutes les régions du Liban et en finir avec le surpeuplement carcéral. Enfin, le gouvernement a approuvé le principe de la création d’une usine de traitement des ordures à Saïda, après enterrement des déchets sur le modèle du dépotoir du Normandy, à Beyrouth. Sujets sociaux escamotés Par contre, le gouvernement a soigneusement évité de parler de deux questions qui, en ce moment, provoquent des tensions sociales : celle des pilotes de la MEA, menacés dans leurs droits syndicaux et leur emploi, et celle des conducteurs de bus de 24 places roulant au diesel. Interrogé au sujet du premier dossier, le ministre de l’Information a eu recours à des contorsions de langage peu convaincantes, dont il ressort que le droit d’engager des pilotes étrangers, si les pilotes de la MEA font grève, a été accordé à la direction de la MEA comme ultime recours, en cas d’impasse, un peu comme une porte de secours existe... pour ne pas être utilisée. Interrogé là-dessus par les journalistes, à sa sortie du Conseil des ministres, M. Hariri a déclaré, péremptoire : « La décision a été prise, et il est hors de question d’y renoncer ». Le gouvernement a également choisi d’ignorer le drame des conducteurs de bus au diesel, auxquels on a interdit de circuler après le 15 novembre, après les avoir encouragés voici un an, au titre de l’initative privée, à prendre les choix qui s’imposent pour contribuer au règlement de la question des transports en commun. Pourtant les cris, les vociférations et les couplets populaires des propriétaires de bus, qui manifestaient sur la place du Musée, parvenaient jusqu’à la salle où le Conseil des ministres était réuni. La proximité de la fête de l’Indépendance et du rendez-vous de Paris II y sont peut-être pour quelque chose, mais aucune séance du Conseil des ministres n’est prévue la semaine prochaine.
Le document publié par le Liban en vue de la réunion Paris II, intitulé « Au-delà de la reconstruction et du redressement, vers une croissance soutenue » et sous-titré « Une requête d’appui international », n’a finalement pas été véritablement présenté hier au Conseil des ministres hebdomadaire. Le document a été uniquement distribué aux ministres « pour...