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Actualités - OPINION

Les robinets du gaspillage coulent toujours

Le budget en lever de rideau de Paris II, c’est bien, mais ce n’est pas assez, tant s’en faut. Car au moment où paraissent ces lignes, les coulisses de l’exploit (d’huissier) bruissent d’un million de mini-scandales de gabegie. La dilapidation des fonds publics, engagés notamment à des fins dites politiques, se poursuit de plus belle. Au bout de l’exercice comptable en cours, la perte sèche devrait s’élever, suivant les spécialistes, à des dizaines de millions de dollars. Les membres de la commission parlementaire des Finances s’en alarment, posent des questions, n’obtiennent pas de réponses. Et ils s’étonnent, un peu ingénument sans doute, que le gouvernement serre autant la vis au contribuable, au point de l’étouffer, en desserrant au maximum sa propre cravate. Pour mieux s’enivrer des arômes secrets d’un argent qui a plus d’odeur que l’on ne dit. Un sujet parmi d’autres : qu’advient-il, demandent les candides députés, des biens domaniaux, terrestres ou maritimes et des édifices publics appartenant à l’État ? Qu’attend-on pour en organiser la gestion de manière rentable ? Et, en tout cas, où vont les fonds qu’ils rapportent, ou permettent d’économiser potentiellement ? Le Conseil des ministres avait formé une commission d’étude rien que pour les bâtiments publics, où en est-elle de son rapport conclusif ? Quelles sont les pièces que le Trésor peut revendre sans préjudice, quelles sont celles qu’il faudrait garder ou réédifier ? Qu’est-ce qu’on devrait, le cas échéant, construire pour ne plus avoir à installer des ministères dans des immeubles pris en location ? Bref, pourquoi dans ce domaine, comme dans tant d’autres, on ne trouve aucune trace de gestion rationnelle ? Moins naïves qu’il n’y paraît, les mêmes sources parlementaires, se répondant à elles-mêmes puisque le gouvernement fait la sourde oreille à leurs questions, relèvent que la dispendieuse location par le Trésor de bâtiments privés entre dans le cadre des petits cadeaux politiques traditionnels. Des cadeaux de luxe en fait, puisque la plupart du temps les baux sont surévalués avec complaisance. On dira que ce n’est pas vraiment du vol, à peine de la concussion, atténuée du reste par un certain aspect de prestation sociale. Mais à la fin de l’année, cela chiffre. Lourd. Parallèlement, autre poste important de gaspillage, l’administration grouille toujours d’un excédent effroyable de parasites surnuméraires, recrutés pour faire plaisir à tel leader ou à tel pôle d’influence. Parmi les rares hommes politiques qui s’en inquiètent régulièrement, on peut citer le ministre de l’Information, Ghazi Aridi. Qui a tenté, dès l’avènement du présent cabinet, de faire le ménage dans son département, mais dont l’exemple n’a pas du tout été suivi, malgré le plan de dégraissage promis par les autorités. Bien au contraire, au cours des derniers mois, les ministères ont engagé d’innombrables contractuels. Ce qui s’explique très facilement : il faut bien faire le travail que les bouches inutiles de la fonction publique boudent avec une admirable constance. En réalité, beaucoup pensent qu’il serait erroné de traiter le problème tranche par tranche. Autrement dit, ils préconisent un programme de réforme administrative complet, avec modernisation à la clé. Un point de vue logique, mais également utopique. Car le mécanisme administratif est pourri dès l’origine par la permissivité mutuelle déployée sous couvert de consensus national. La rouille est inattaquable tant que le système politique tout entier n’est pas réformé. En d’autres termes, avant de changer les organigrammes de personnel, les structures et les pratiques administratives, nids de corruption, il faut balayer la mentalité politicienne en place depuis les Ottomans. Tâche de Titan, combat de Don Quichotte, défi géant que certains espèrent voir relever. Par le prochain gouvernement appelé, sans doute, à voir le jour au printemps. Quoi qu’il en soit, on peut raisonnablement espérer quelque amélioration sur ce front dans les mois à venir. Parce que, répétons-le, toutes les assistances extérieures ne serviraient qu’à peu de chose si un effort intérieur n’est pas accompli. Comme dit le proverbe, aide-toi, le ciel t’aidera. Philippe ABI-AKL
Le budget en lever de rideau de Paris II, c’est bien, mais ce n’est pas assez, tant s’en faut. Car au moment où paraissent ces lignes, les coulisses de l’exploit (d’huissier) bruissent d’un million de mini-scandales de gabegie. La dilapidation des fonds publics, engagés notamment à des fins dites politiques, se poursuit de plus belle. Au bout de l’exercice comptable en...