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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - Sfeir critique certaines institutions catholiques qui licencient les femmes enceintes La session annuelle de l’APECL consacrée à l’éducation(photos)

L’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL) a inauguré hier sa 36e session ordinaire, consacrée cette année à l’éducation. La première journée de cette session, qui durera jusqu’au samedi 16 novembre, a été marquée par des allocutions du patriatrche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, qui préside la session, et une autre de Mgr Luigi Gatti, nonce apostolique. Dans son discours, le patriarche Sfeir a posé les cadres généraux de la session, en en soulignant l’importance. Affirmant en préambule que l’éducation « commence dans la famille et se poursuit à l’école et dans la société », le patriarche ajoute qu’elle « constitue le vrai critère de mesure du degré de civilisation des peuples ». Par ailleurs, toujours en préambule, le patriarche prend soin d’établir la distinction classique entre éducation et instruction, affirmant que la première « vise à former la volonté et à inculquer valeurs et vertus », tandis que la seconde « se donne pour objectif la formation de l’intelligence et l’augmentation du savoir ». Les pays développés, souligne-t-il enfin, accordent une priorité à l’éducation et à l’instruction et leur consacrent une part importante de leur budget. En outre, ils retiennent deux critères essentiels pour la sélection des enseignants : la compétence et la moralité. Manquements graves La présentation du patriarche Sfeir s’est poursuivie par des exposés de ce qu’est l’éducation en famille, à l’école et en société. Mais l’exposé général du chef de l’Église maronite a été l’occasion de dénoncer les manquements graves aux devoirs familiaux dans la société libanaise en général. Le patriarche a également souligné la vulnérabilité sociale de la famille, et surtout de la mère, dont le rôle d’épouse n’est pas protégé par des lois adéquates. Mgr Nasrallah Sfeir a eu le courage de critiquer certaines institutions catholiques qui se permettent de licencier des femmes enceintes, pour éviter de leur accorder les congés que la loi leur reconnaît. Soulignant que le foyer est « la première école », où se fait la socialisation de l’enfant et où il apprend « le don de soi » et le sens de la société humaine comme « communauté d’amour », le patriarche souligne le rôle central qu’y joue la mère. « Mais cela suppose, dit-il, que les parents, la mère surtout, prennent personnellement en charge l’éducation des enfants, afin de pouvoir leur transmettre croyances, bonnes habitudes, traditions familiales et héritage culturel. » Mais que fait l’État pour aider la mère dans cette tâche ? La doctrine sociale de l’Église est claire à ce sujet. L’État, dit l’Église, a le devoir de faire en sorte que le travail du père soit suffisant pour faire vivre dignement sa famille, de telle sorte que la mère ne soit pas obligée elle aussi d’accomplir un travail rémunéré (...) et puisse ainsi se consacrer à l’éducation de ses enfants. « Certains États, dit le patriarche, ont promulgué des lois à ce sujet, et paient des allocations aux mères au foyer, contrairement à certaines institutions qui licencient les femmes enceintes (...) Nous avouons que cela touche même certaines enseignantes dans des institutions relevant de l’Église. » Et de poursuivre : « Que dire également des femmes qui, par besoin, travaillent toute la journée, voire une partie de la nuit, ou de celles qui (...) confient l’éducation de leurs enfants à des employées qui en ignorent tout et, de surplus, ne parlent pas notre langue ? » « C’est à se demander quel type de génération nous éduquons ? », ajoute le patriarche, qui note que « les enfants, livrés à eux-mêmes, subissent des influences néfastes, sont exposés à des discours destructeurs, écoutent des chansons et font des lectures nuisibles dans un climat de haine de la vie qui les pousse, faut-il s’en étonner, au suicide au nom d’un pseudo-courage capable de les entraîner à des actes que nous sommes loin de soupçonner ou de prévoir ». Un droit fondamental Passant à l’éducation à l’école, le patriarche la situe dans le prolongement immédiat de l’éducation au foyer, et parle du « droit fondamental » des parents chrétiens, « premiers responsables de l’éducation de leurs enfants (...) de choisir pour eux une école qui correspond à leurs propres convictions ». « Ceux qui envoient leurs enfants dans des écoles laïques faisant totalement abstraction de la dimension religieuse dans leur enseignement se trompent, même lorsqu’ils envisagent, pour compenser, de les envoyer ultérieurement au catéchisme de la paroisse », ajoute le prélat. Le patriarche Sfeir souligne en outre l’énorme responsabilité qu’à l’Église d’assurer l’enseignement du catéchisme dans les écoles publiques, faute de quoi il faut prévoir « de terribles conséquences » de cette lacune « dans l’éducation de la conscience » aussi bien sur le plan religieux que civique. À l’école, en coopération étroite avec les parents, il revient de prévenir et de défendre les enfants contre les fléaux charriés par Internet, comme la pornographie, la violence ou le satanisme, et contre la drogue, dit encore le patriarche maronite. L’école a donc de devoir « d’éduquer à la liberté » en en subordonnant l’usage à la vérité révélée et à la loi de la conscience. Éducation en société Le patriarche conclut son intervention sur l’éducation en société, mettant surtout en évidence, sur ce plan, les lacunes de la société politique libanaise. « Sur les points de la dignité, de la responsabilité patriotique et de la participation à la vie économique et politique, dit le patriarche, les jeunes sentent leur dignité foulée aux pieds.Ils n’ont aucune possibilité d’investir leur potentiel intellectuel dans la vie économoique. C’est pourquoi ils émigrent. Interdits (pour certains en tout cas) d’exercer leurs droits politiques (...) ils finissent par nourrir une haine sourde à l’égard de la situation qui prévaut. » L’éducation patriotique et politique est de première importance, conclut à ce sujet le patriarche, qui plaide pour que les jeunes « assument leurs responsabilités nationales dans l’art très noble du bien commun qu’est l’art politique ». Les « nouvelles pauvretés » Pour sa part, revenant aux racines historiques de l’enseignement catholique, le nonce Luigi Gatti a centré son intervention sur la nécessité de faire de l’école catholique l’instrument de l’attention aux plus pauvres. Citant un document de la Congrégation de l’école catholique de 1997, le prélat a déclaré que « de nouvelles pauvretés interpellent l’Église » et que « c’est à ces nouveaux pauvres que se tourne dans un esprit d’amour l’école catholique (...) née du désir d’offrir à tous, surtout aux plus pauvres et marginaux, la possibilité d’une instruction, d’un début de travail et d’une formation humaine et chrétienne ». Mgr Gatti se fait fort de souligner que l’école catholique « est ouverte à tous ceux qui semblent apprécier et partager une proposition éducative qualifiée. Cette dimension d’ouverture est particulièrement évidente dans les pays majoritairement non chrétiens et en voie de développement, où depuis toujours les écoles catholiques sont, sans discrimination aucune, promotrices de progrès civil et de promotion de la personne ». Ainsi, a dit Mgr Gatti, « l’investissement dans l’école catholique devient un choix prophétique » et l’éducation catholique débouche sur l’éducation à la paix : « L’engagement à faire triompher la paix, la justice et la réconciliation pour apprendre aux jeunes que la guerre crée plus de problèmes qu’elle n’en résout, et que le dialogue est la seule voie juste et noble pour parvenir à l’entente et à la réconciliation. » Pour conclure, le nonce a demandé à l’APECL « d’affronter les défis de ce temps avec la sereine audace de Jésus, qui harmonise actes et paroles », soulignant aussi que « les jeunes attendent de nous une parole véritablement évangélique, une parole capable de provoquer des choix et des actes ». À l’exception de la séance inaugurale, la session de l’APECL se tiendra à huis clos jusqu’à samedi. Elle abordera notamment durant les prochains jours les thèmes suivants : l’éducation au Liban, l’éducation dans les écoles catholiques, l’éducation et l’Église, le rôle de l’université catholique, l’éducation à la foi en famille, l’initiation chrétienne et la place centrale de Jésus, etc. L’école pour transmettre la « culture », « fondement de l’identité d’un peuple » La clef de la réussite de l’école, c’est la qualité de la relation de formation entre élèves et professeurs, souligne Jean-Paul II, qui insiste sur la transmission de la « culture » comme « fondement de l’identité d’un peuple ». « On dit parfois que l’école, comme la famille, est “en crise”, constate Jean-Paul II. Par cette expression, on se réfère à la sensation bien répandue que cette institution, bien que sa validité en elle-même soit reconnue, a besoin d’une transformation profonde pour qu’elle puisse répondre aux exigences de la société d’aujourd’hui. » Mais pour y arriver, le pape souligne qu’il ne suffit pas de transformer « programmes et structures ». « Le bon fonctionnement de l’école dépend avant tout, affirme Jean-Paul II, de la qualité de la relation entre enseignants et étudiants, du point de vue de la formation. Les élèves sont stimulés à donner le meilleur d’eux-mêmes lorsque les professeurs les aident à percevoir la signification de ce qu’ils doivent étudier, en référence à leur croissance et à la réalité qui les entoure. Et ceci est valable pour toutes les écoles, d’État ou non, de tout ordre et de tout niveau. » «J’ai souvent eu l’occasion, continue le pape, de rappeler que la culture constitue le fondement de l’identité d’un peuple. La contribution que l’école offre, avec la famille et subordonnée à elle, demeure indispensable dans la transmission des valeurs de la culture. Celle-ci est devenue aujourd’hui plus articulée et plus complexe, mais c’est cela justement, à y bien regarder, qui donne une importance nouvelle à l’institution scolaire. Il en découle une responsabilité spéciale pour les croyants qui agissent dans ce domaine. »
L’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL) a inauguré hier sa 36e session ordinaire, consacrée cette année à l’éducation. La première journée de cette session, qui durera jusqu’au samedi 16 novembre, a été marquée par des allocutions du patriatrche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, qui préside la session, et une autre de Mgr Luigi...