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Actualités - OPINION

Brève logique de guerre(s)

Bizarre, surréaliste, cette histoire d’inspections en Irak. Pendant sept ans, jusqu’en 1998, les inspecteurs ont travaillé, sans arriver à des conclusions définitives. Et maintenant, ils doivent en trois mois maximum, après une relâche de surveillance de quatre ans, dire ce que Saddam Hussein cache. Sept cents sites au moins à inventorier, et ils sont moins de trois cents inspecteurs. Comment découvrir quoi que cela soit, comment savoir du reste qui détient les secrets, comment se faire une idée si Saddam lui-même ne passe pas à table ? Et puis, s’il désarme, comme on dit, quel système de contrôle permanent peut-on lui imposer par la suite, pour qu’il ne réarme pas ? Se rappelle-t-on l’exemple de l’Allemagne soi-disant désarmée après la Grande Guerre de 14-18 et qui, en 39, était de nouveau capable de défier militairement le monde entier ? Ces inspections en Irak, ce machin de l’Onu que de Gaulle appelait lui-même machin, ne sont à l’évidence qu’un laissez-passer de guerre, destiné à couvrir les arrières diplomatiques à la fois des Anglo-Saxons, de leurs alliés européens qui se donnent ainsi bonne conscience et des deux autres grands, la Russie et la Chine. Cependant, Hariri a un peu raison. La chute annoncée de Saddam ne signifierait pas forcément des bouleversements nous touchant au plus vif. Non pas parce que nous sommes éloignés de l’Irak, comme il dit, mais parce que l’Irak a été (ou s’est lui-même) beaucoup isolé de la région et des Arabes. Autant dans le Golfe que vers le bas du tableau, c’est-à-dire vers la Syrie, la Jordanie, la Palestine et le Liban où jadis, avant et pendant notre guerre à nous, il jouait un rôle des plus actifs. Et, souvent, des plus secrets. Au plan global, il n’est pas certain qu’un coup de balai en Irak se traduise par une remise en question générale des accords Sykes-Picot. En effet, bien qu’artificielles, les frontières tracées sont devenues définitives, et Saddam lui-même l’a appris à ses dépens en envahissant le Koweït. Sauf les Kurdes (et encore), peu de peuplades, d’ethnies ou de communautés musulmanes souhaitent que les donnes soient bouleversées et que la carte géopolitique du Moyen-Orient soit redessinée. Reste Israël. Bien sûr, une dislocation régionale, la constitution d’une nébuleuse de petites entités impuissantes, serait pour lui un rêve réalisé. Mais il n’a pas de prise directe sur les événements. Et son ennemi en la matière est quasi invincible. Car il s’agit rien moins que des intérêts économiques des USA. En effet, Washington ne peut pas vouloir d’un éclatement qui, de toute évidence, ferait sauter les régimes qui lui permettent de puiser à gogo l’or noir, pour installer à leur place ses pires ennemis, les islamistes. Peut-être même Ben Laden en personne à Ryad. Mais si Israël ne peut pas tout faire voler en éclats, il ne lui est pas impossible (et peut-être pas défendu) de titiller un peu le Liban et la Syrie. La probabilité est rendue encore plus forte par l’approche des élections et par le combat des chefs, émaillé de surenchères, qui se livre pour la direction des deux grands partis, le Likoud et les Travaillistes. Il faut donc, pour Beyrouth, se montrer prudent, marcher même sur des œufs. Le pouvoir semble l’avoir bien compris. Car, dans les propos du régime plaidant en faveur du Hezbollah, il y a un sous-entendu évident : ce parti ne doit pas faire sauter la poudrière du Sud, en donnant à Israël le prétexte recherché. Par une reprise d’un cycle d’opérations à Chebaa. Reste la question du Wazzani. Là aussi, il est peu douteux qu’Israël en bombarde tôt ou tard les installations. Probablement pas avant l’opération US en Irak, mais peut-être pendant même. Tout est de savoir si le Hezbollah riposterait, comme il le proclame aujourd’hui. Auquel cas l’escalade serait inévitable. Avec une étendue et des conséquences incalculables. I.D.
Bizarre, surréaliste, cette histoire d’inspections en Irak. Pendant sept ans, jusqu’en 1998, les inspecteurs ont travaillé, sans arriver à des conclusions définitives. Et maintenant, ils doivent en trois mois maximum, après une relâche de surveillance de quatre ans, dire ce que Saddam Hussein cache. Sept cents sites au moins à inventorier, et ils sont moins de trois cents...