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Actualités - OPINION

Pouvoir - L’idylle interprésidentielle se conforte Nouveau gouvernement au printemps, promettent les loyalistes

Le premier slogan lancé par Hariri lorsqu’il a déboulé au pouvoir en 92 (dix ans déjà !), son premier mot de bébé en politique, un babil forcément candide, c’était « Le printemps au printemps ! » On était en effet à la fin de l’automne, il n’y aurait eu que le long fleuve tranquille de l’hiver à traverser et les Libanais eussent enfin été sauvés des eaux. Cela fait si longtemps que c’est bien plus avec attendrissement qu’avec amertume que l’on s’en souvient. Ou même avec un zeste de nostalgie, parce que comparée à aujourd’hui la situation économique, et financière, du pays était encore enviable, malgré un dollar à plus de 2 000 LL. Toujours est-il que les promesses n’engageant que ceux qui y croient, le pouvoir taëfiste a fait de son mieux pour ne pas les tenir. Aussi, les Libanais ont-ils tendance de nos jours à ne prêter qu’une attention relative aux chants des sirènes haririennes. Déjà entendues en décembre 96, avec le fameux forum foireux des amis du Liban tenu à New York, qui devait rapporter trois milliards de $, dont le Trésor n’a pas vu un fifrelin, pas un seul liard. Alors quand on leur promet monts et merveilles avec Paris II, ils préfèrent attendre, voir puis toucher du doigt. Les Libanais sceptiques ? Pas tous. Ou plutôt pas sur tous les sujets. Et, il faut honnêtement le reconnaître, on ne saurait faire la moue, ou la tête, devant les bonnes nouvelles qui émanent du pouvoir. Qui se résument en un mot : entente. Bien sûr, non pas l’entente nationale, ce serait trop demander. Mais l’harmonie retrouvée entre les dirigeants. Et qui, si elle ne fait pas directement du bien au pays, l’empêche au moins de subir un mal intérieur qu’il ne mérite pas. Car les disputes entre les présidents, qui entraînaient une forte perte de confiance dans l’État, ont beaucoup coûté à l’économie en général, à la Banque centrale en particulier, obligée de se défausser de ses dollars pour protéger la livre. Cette période grise est révolue, fort heureusement. Selon un loyaliste routier, les relations entre MM. Lahoud, Hariri et Berry ont franchi l’étape de rodage qui avait suivi la réconciliation orchestrée par M. Khaddam, un ami commun, un frère. Le moteur tourne rond désormais, suivant un tempo régulier cadencé par des réunions cycliques ou conjoncturelles. Ainsi, plus jamais, comme cela se produisait auparavant, MM. Berry et Hariri ne reviennent d’un périple de travail dehors, fût-ce à Damas, sans en rendre compte dès leur arrivée à M. Lahoud. Selon cette personnalité, les trois hommes sont animés dorénavant d’un esprit d’équipe exemplaire. Ils gardent certes leurs petites idées, leurs divergences, sur nombre de dossiers ou de points de détail, mais les traitent dans un climat de compréhension mutuelle, sans parti-pris négatif ni défi. Et, surtout, leurs troupes respectives ont des consignes sévères de ne plus se faire la guéguerre médiatique, les crocs-en-jambe plus ou moins tordus, les rumeurs savamment distillées, les petites vengeances administratives, etc. L’harmonie est renforcée ces dernières semaines, est-il besoin de le souligner, par le ralliement d’un quatrième mousquetaire, M. Joumblatt, qui dispose lui aussi de ministres et d’un fort bloc parlementaire. Quant au Hezbollah, il ne s’est jamais intéressé, on le sait, aux querelles d’influence. Mais il est aussi proche du régime, qui le défend en toute occasion, autant que faire se peut. Et, depuis le 11 septembre 2001, il n’en veut plus tellement à M. Hariri. Parce que ce dernier n’a pas accepté non plus que les Américains traitent le Hezbollah d’organisation terroriste. Pour en revenir aux présidents, ils se sont convaincus que la période de grands dangers que vit la région et la dégradation socio-économique locale nécessitaient la meilleure cohésion possible au sein du pouvoir. Sous cet angle même, certains, dont M. Berry, souhaitent que l’on change l’équipe gouvernementale en place. Le président de la Chambre a, comme on sait, qualifié le Cabinet de « vieux » et le président du Conseil lui a répondu qu’il ne s’est jamais senti aussi jeune, et que les ministres actuels étaient sympathiques. Autrement dit, le changement immédiat est écarté. Mais, selon une source informée, M. Hariri ne refuse pas d’étudier la question. Il en a ainsi discuté récemment avec un ministre influent. Dans la perspective d’un renouveau au printemps. Quand on aura franchi le double cap de Paris II et d’une éventuelle guerre américaine contre l’Irak. En tout cas, on commence dans les Q.G. politiques à établir dès à présent les schémas opérationnels de base pour le changement de ministère. Il s’agit en effet de savoir tout d’abord s’il faut ou non mettre un terme à l’ostracisme qui frappe l’Est. Ce qui paraît du reste exclu, bien que certaines cooptations puissent éventuellement offrir l’avantage de désavantager l’opposition en la minant de l’intérieur, voire de la disloquer. Il faudra ensuite déterminer la composition et le volume du futur gouvernement, c’est-à-dire fixer les fameux quotas (ou parts du gâteau), en fonction des appétences des uns, des autres et (surtout) des troisièmes, c’est-à-dire des décideurs. Philippe ABI-AKL
Le premier slogan lancé par Hariri lorsqu’il a déboulé au pouvoir en 92 (dix ans déjà !), son premier mot de bébé en politique, un babil forcément candide, c’était « Le printemps au printemps ! » On était en effet à la fin de l’automne, il n’y aurait eu que le long fleuve tranquille de l’hiver à traverser et les Libanais eussent enfin été sauvés des eaux....