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Actualités - CHRONOLOGIE

Justice - Le procès du raid boursier raté sur la Société Générale Soros et Traboulsi nient tout délit d’initié

Deux des principaux protagonistes du procès de l’affaire de la Société générale, Georges Soros et Samir Traboulsi, ont nié catégoriquement vendredi avoir commis un délit d’« initié » lors du raid boursier raté sur cette banque en 1988. Ces deux personnalités de la finance internationale, qui comparaissaient devant le tribunal de Paris, n’ont pas été contredites par l’accusation, qui n’a posé aucune question. Après 12 ans de procédure sur ce scandale qui a ébranlé le pouvoir de François Mitterrand, l’interrogatoire des prévenus n’a pas duré plus d’une heure et demie. « J’ai fait ce métier toute ma vie. Je pense savoir ce qu’est un délit d’initié, je fais très attention à ne pas franchir la limite. Si j’avais été en infraction, je n’aurais pas poursuivi les conversations que j’avais et je n’aurais pas investi dans les titres », a dit à la barre Georges Soros, 72 ans. Avec sa société Quantum Fund, cet Américain d’origine hongroise est un des opérateurs les plus puissants des marchés financiers mondiaux. Il est surnommé « l’homme qui a cassé la livre » depuis qu’en 1992 ses opérations sur la monnaie du Royaume-Uni ont contribué à provoquer la sortie de celle-ci du système monétaire européen tout en lui rapportant un milliard de dollars. Il lui est reproché d’avoir réalisé deux millions de dollars de plus-values présumées frauduleuses (environ autant d’euros) en spéculant entre septembre et novembre 1988 sur des titres de la Société générale après avoir été, selon l’accusation, informé de façon confidentielle que l’homme d’affaires Georges Pébereau et sa société Marceau Investissement préparaient un « raid ». Georges Pébereau, proche du pouvoir mitterrandien, avait contacté Georges Soros en septembre 1988, via un intermédiaire, pour lui demander de participer à l’acquisition d’une partie du capital de la Société Générale. Le gouvernement RPR-UDF de Jacques Chirac avait privatisé en 1987 cette banque en la dotant d’un « noyau dur » d’actionnaires et cette situation déplaisait au pouvoir socialiste. Georges Soros, calme et souriant, costume bleu nuit et fines lunettes, assisté d’une demi-douzaine d’avocats, a répondu en anglais et en français au tribunal qu’il n’estimait pas avoir été détenteur d’une information privilégiée sur ce raid, rendu public fin octobre 1988. « Renoyautage » « La discussion portait sur le renoyautage. Nous avons décidé que cette opération ne nous intéressait pas », a-t-il expliqué. Sa société a pourtant acquis, dans un « bouquet » comprenant aussi des actions de Suez et Paribas, des titres de la Société Générale les 22 et 27 septembre 1988, avant de les revendre avec bénéfice en novembre. « Je n’ai jamais eu conscience d’avoir reçu une information privilégiée, donc je ne voyais aucune raison pour ne pas inclure la Société Générale dans le bouquet. Ensuite, j’ai réalisé très rapidement que cette opération était politique et qu’elle n’allait pas avoir d’effet sur la gestion de l’entreprise, j’ai donc revendu », a objecté Georges Soros. Quant à la rencontre avec Georges Pébereau en octobre 1988 à Paris, il a affirmé qu’il s’agissait d’une simple « visite de courtoisie ». L’accusation ne dispose pas, pour sa part, de preuves que l’objet de l’entretien ait été la Société Générale. Le parquet a aussi paru en difficulté face au milliardaire libanais Samir Traboulsi, 64 ans, à qui il est reproché une plus-value frauduleuse de 23 millions de francs (environ 3,5 millions d’euros). La justice l’a déjà condamné à un an de prison ferme pour un « délit d’initié » sur la société Péchiney à la même époque – peine purgée en 1995 – et vient de le mettre en examen pour une commission de 16 millions d’euros versée par Elf en 1995 en marge d’une opération au Nigeria. Après avoir varié, l’accusation estime aujourd’hui que c’est Alain Boublil, alors directeur de cabinet du ministre socialiste des Finances de l’époque, Pierre Bérégovoy, qui l’aurait informé du raid, après une visite de Georges Pébereau à Matignon fin juillet 1988. Les avocats de M. Traboulsi ont fait remarquer qu’Alain Boublil n’avait jamais été interrogé une seule fois par les juges en douze ans d’enquête. « J’ai acheté 80 000 titres de la Société Générale en juin 1988 quand il est avéré que je n’étais pas informé. J’en ai acheté 36 000 en juillet quand je suis censé avoir été informé. Il faudrait qu’on m’explique », a dit Samir Traboulsi à la barre. Selon lui, ces opérations n’étaient pas suscitées par un « bon tuyau », mais par la volonté de rattraper des pertes subies lors du krach boursier de 1987. L’accusation n’a pas répliqué. Le procès continue mercredi avec des auditions de témoins. Il se prolongera jeudi et vendredi prochains, puis le 20 novembre, après quoi le jugement sera mis en délibéré.
Deux des principaux protagonistes du procès de l’affaire de la Société générale, Georges Soros et Samir Traboulsi, ont nié catégoriquement vendredi avoir commis un délit d’« initié » lors du raid boursier raté sur cette banque en 1988. Ces deux personnalités de la finance internationale, qui comparaissaient devant le tribunal de Paris, n’ont pas été contredites par...