Husseini : Le régime est en congé jusqu’à nouvel ordre

Une voix, et pas des moindres, s’est jointe hier à celles qui, au cours des dernières 48 heures, ont critiqué le Conseil constitutionnel pour avoir invalidé l’élection de Gabriel Murr, et « désigné » comme vainqueur le candidat arrivé en troisième position, Ghassan Moukheiber. De fait, l’ancien président de la Chambre, le député Hussein Husseini, a commenté dans les termes suivants le verdict du Conseil constitutionnel : « Une personne sensée ne s’arrêterait pas aux détails de ce verdict. » Selon lui, en effet, la conclusion à en tirer est claire : « Le régime, la politique et la justice sont en congé jusqu’à nouvel ordre. » M. Husseini a critiqué dans ce cadre le prétexte invoqué, en l’occurrence, « la gravité de la conjoncture ». « C’est justement dans ce genre de circonstances qu’il s’agit surtout d’appliquer la loi », a-t-il ajouté. Par ailleurs, des sources proches du Rassemblement de Kornet Chehwane ont indiqué que l’opposition n’avait rien contre la personne de Ghassan Moukheiber. « En fait, nous critiquons le pouvoir qui a pris cette mesure et qui a ainsi spolié la volonté de 99 % des électeurs », précisent les mêmes sources. L’Association libanaise pour des élections démocratique (Aled) a, elle aussi, dénoncé la décision du Conseil constitutionnel qui, selon elle, « a passé outre au choix des électeurs ; car s’il est vrai qu’il y a eu des irrégularités, il aurait dû annuler toute l’opération et exiger l’organisation de nouvelles élections comme cela se fait partout dans le monde », affirme l’Aled dans un communiqué. « Cette décision, que le Conseil a motivée par des considérations politiques et par la raison d’État, est similaire à l’attitude qu’adopte la justice dans les régimes dictatoriaux et de non-droit pour justifier la répression », ajoute l’association qui appelle « les Libanais à s’opposer à l’enterrement de ce qui reste de la démocratie au Liban ». Notons que le député Ghassan Moukheiber est lui-même membre de l’association qui dénonce le verdict du Conseil constitutionnel.