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Actualités - CHRONOLOGIE

Le texte aborde les préoccupations d’une région et d’un monde exposés à de graves périls La vraie paix au cœur de la déclaration commune des Églises catholiques d’Orient et des USA

Le manifeste des patriarches et de prélats catholiques d’Orient a retenu hier l’attention des chancelleries autant que des cercles politiques libanais. Car le texte, s’il accorde un intérêt soutenu aux convulsions locales, aborde également les préoccupations d’une région et d’un monde exposés à de graves périls. La délaration revêt d’autant plus d’importance qu’elle traduit, fait exceptionnel, une position commune adoptée par les Églises catholiques d’Orient et la hiérarchie épiscopale américaine. On sait en effet que l’archevêque de Washington, Mgr Théodore McKarik, en visite au Liban, a participé à une partie de l’Assemblée des patriarches. Il y a exprimé sa satisfaction de la conjonction de vues entre les prélats de cette région du monde et l’Église des USA. Notamment au sujet de la position du gouvernement des États-Unis par rapport à l’Irak et par rapport à la question palestinienne. Mgr McKarik a certifié que toutes les Églises d’Amérique ont exprimé à leurs gouvernements respectifs une même opinion. À savoir qu’il faut emprunter les voies pacifiques pour résoudre les problèmes au Moyen-Orient comme dans le reste du monde. En accélérant notamment la quête d’une solution aussi équitable que claire pour la question palestinienne vue sous tous ses aspects, dont le problème de Jérusalem. Pour ce qui est du terrorisme, les prélats soulignent en chœur qu’il faut certes lutter contre ce fléau pour l’éradiquer, mais qu’il est absolument nécessaire d’en traiter les causes de fond, si l’on veut en extirper vraiment les racines. C’est-à-dire que les injustices qui frappent les individus comme les peuples peuvent les porter à des réactions qui prennent parfois des formes terroristes. Ensuite, et c’est essentiel pour l’évolution même de l’histoire humaine, les patriarches ou les cardinaux ne manquent pas de relever la grave erreur qui consiste à diviser le monde en deux axes, l’axe du bien et l’axe du mal. Pour eux, il faut au contraire promouvoir un dialogue constructif entre les religions, entre les peuples, entre les cultures d’Orient et d’Occident. Entre le christianisme et l’islam, en se rappelant que la chrétienté orientale peut constituer un pont solide, un trait d’union pour un tel dialogue. Le manifeste commun se penche ensuite sur la redoutable attitude de certains chrétiens appartenant à l’extrême droite US. Ces éléments lancent des déclarations offensantes pour l’islam et pour les musulmans. En abordant de la même façon le conflit palestino-israélien. Pour les prélats, ces extrémistes agressent en fait toutes les religions et soutiennent l’oppression qu’un peuple exerce contre un autre peuple. Ils trahissent ainsi l’esprit même du christianisme et le défigurent. Les religieux relèvent en effet que la foi en Dieu commande que l’on honore ses créatures à l’Est comme à l’Ouest, dans la chrétienté comme dans l’islam, en Israël, en Palestine et parmi tous les peuples arabes. Le nouveau testament appelle essentiellement à l’amour de Dieu comme du prochain, qu’il faut aimer comme soi-même, disent les Écritures. Dans cette optique, dans cet enseignement, il n’y pas de place pour le mépris ou la haine. – Au sujet de l’Irak, les prélats s’arrêtent en tout premier lieu sur le drame humanitaire que vit la population de ce pays, par suite du blocus obtus qui lui est imposé. Ils notent qu’au lieu de lever l’embargo, on menace l’Irak d’une nouvelle guerre et de ses ravages. Qui risquent de s’étendre à d’autres contrées. Les patriarches proclament avec force que rien ne peut justifier la guerre, aucun prétexte, aucune motivation. Car, ajoutent-ils, il ne saurait y avoir de guerres dites justes quand on sait que l’humanité dispose de moyens considérables pour négocier, d’innombrables voies pacifiques pour régler les conflits. Et qu’en revanche, elle dispose aussi d’instruments de destruction massive qui mettent son avenir en danger. Les prélats voient dans la guerre contre l’Irak un péril imminent qu’il faut conjurer par des voies pacifiques. Incidemment, les patriarches soulignent l’inégalité dans l’application des résolutions de l’Onu qu’ils invitent à ne pas faire deux poids deux mesures dans le traitement des problèmes qui se posent aux peuples de cette région. Car la responsabilité, en termes de devenir de l’humanité, est une et unique. Dans ce sens, le désarmement de tout pays disposant d’armes de destruction massive doit s’accompagner du désarmement de toute la région, Israël compris. Les prélats réitèrent leurs appels antérieurs à lever l’embargo et les épreuves qui frappent le peuple irakien. Ils relèvent que beaucoup d’âmes de bonne volonté en Occident, en Amérique même, leur font écho. Et ils prient le Tout-Puissant pour que la guerre et son cortège de malheur ne frappent pas la région. – Pour ce qui est de la Palestine, le manifeste note que les pays de la région souffrent du conflit arabo-israélien. Que cela soit par suite de l’occupation, comme au Liban et dans le Golan syrien; ou par la poursuite des iniquités, des oppressions dans les territoires palestiniens. Où nulle conscience ne peut se taire devant le drame humanitaire causé par le blocus, le couvre-feu imposés depuis des mois. La population ne peut obtenir son pain quotidien ni envoyer ses enfants à l’école ni prier dans les lieux de culte. Pour les religieux, aucun prétexte sécuritaire ne peut justifier le maintien du joug sur le peuple palestinien. Une voie qui, en aucun cas, ne peut mener à la paix et à la sécurité. Ils demandent donc qu’il soit mis fin à l’occupation israélienne, source même de la violence dans la région. Enfin, les patriarches évoquent Jérusalem, cité de paix, berceau du christianisme, qui est aujourd’hui en danger. Ils invitent tout homme épris de justice et de paix d’œuvrer pour que la ville retrouve ces principes. En base des résolutions de la légalité internationale, pour retrouver sa sacralité et sa vocation de site de la réconciliation, en étant la capitale des deux peuples, le Palestinien et l’Israélien. Ainsi qu’un creuset de rencontre pour les trois religions monothéistes.
Le manifeste des patriarches et de prélats catholiques d’Orient a retenu hier l’attention des chancelleries autant que des cercles politiques libanais. Car le texte, s’il accorde un intérêt soutenu aux convulsions locales, aborde également les préoccupations d’une région et d’un monde exposés à de graves périls. La délaration revêt d’autant plus d’importance...