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Actualités - OPINION

Un choc encore verbal qui risque de dégénérer au niveau de la rue

En France, on modifie la loi sur le divorce, pour gommer les hypocrisies découlant de la procédure, comme les mises en scène arrangées pour le constat d’adultère. Mais ici, comme la fausseté n’a pas cours, rien ne change. Le rituel de la séparation se fait toujours à coups de déclarations (de guerre) tonitruantes. Après Walid Joumblatt, c’est Élias Murr qui se déchaîne contre l’Est politique. Et, sans jeter du lest, laisse entendre que la manif du 31 ne serait pas autorisée. Ce qui serait déjà généreux, dans ce sens que pour un peu le ministre de l’Intérieur jetterait tout le camp adverse en prison pour dissensions confessionnelles, crime majeur au regard de la loi libanaise. Du côté de Kornet Chehwane, on avait beau savoir que le ministre ne portait pas la Rencontre dans son cœur, on a quand même été surpris, pour ne pas dire choqué, par la violence de ses diatribes. Pour tout dire, on s’attendait, en se fondant sur des fuites en provenance du camp loyaliste, à ce qu’Élias Murr, à l’exemple de son père et à son propre instar, trouve encore une formule, une « solution politique », comme après la partielle du Metn. De quoi se serait-il agi ? Sans avoir de précisions, les gens de Kornet Chehwane pensaient à deux ou trois scénarios possibles. Dont celui de permettre les manifs jeudi, à l’Est pour l’opposition, à l’Ouest pour la cellule de Hamad que dirige cheikh Taha Sabounji. Ou alors, le Rassemblement parlementaire de concertation aurait été encouragé à mobiliser en masse ses partisans, pour une manif géante à l’Est après le 31. Pour montrer que la région n’est pas sous la coupe des souverainistes. Mais après l’assaut de Murr, les piliers de Kornet Chehwane, réagissant de suite individuellement et en privé, se sont montrés tous déterminés. Que le mohafez, c’est-à-dire l’Intérieur, donne ou non sa bénédiction, la marche toute symbolique de jeudi, entre La Sagesse et la MTV, aurait lieu. Coûte que coûte. Dans la fièvre des réactions à chaud, certains ont eu même le front de proposer un expédient d’un goût évidemment douteux : organiser sur le parcours prévu une procession avec les reliques de sainte Thérèse. Et si l’autorité religieuse refuse l’idée, lui demander de prévoir des prières devant le siège de la MTV. Ce qui, on s’en doute, apporterait de l’eau au moulin des adversaires de l’Est, qui l’accusent déjà de provocation confessionnelle mettant en péril la coexistence et la paix civile. Cependant, comme attentions spirituelles, au double sens du mot, Élias Murr n’est pas en restes. Il prend pratiquement à partie Bkerké, pour lui demander de gommer Mgr Béchara (dont il faisait encore l’apologie il y a quelques jours !) ou alors de nommer un évêque à la tête du Rassemblement parlementaire de concertation (!). En précisant que le patriarcat ne devait pas paraître se ranger du côté de Kornet Chehwane. Ce qui est oublier un peu vite que la Rencontre est une émanation sinon de Bkerké du moins des principes qu’il défend, et dont le Rassemblement pour sa part se démarque en pratique. Toujours est-il que, selon des observateurs avertis, il n’est pas du tout exclu qu’encore une fois le team Murr ait pris des positions en flèche pour entraîner dans son sillage tout le camp loyaliste. Et torpiller de la sorte les efforts d’apaisement et de rapprochement déployés par des modérés du Rassemblement comme par des conseillers avisés des dirigeants. Ces techniciens voient par ailleurs la patte expérimentée de Michel Murr dans « la distribution des prix » qu’effectue son fils. En effet, ce dernier a centré habilement ses tirs sur certains éléments de la Rencontre de Kornet Chehwane, en épargnant soigneusement d’autres piliers, qu’il couvre même d’éloges. Sans doute pour semer le doute, la suspicion et la zizanie entre ces personnalités. Pour conclure, ces observateurs avancent la crainte classique qu’en définitive la pugnacité de Murr ne désavantage le régime au niveau de la rue chrétienne. Car qui trop embrase mal éteint. Surtout si le feu devait décupler d’intensité rageuse, sous peu, avec une éventuelle invalidation de la députation de Gabriel Murr. Philippe ABI-AKL
En France, on modifie la loi sur le divorce, pour gommer les hypocrisies découlant de la procédure, comme les mises en scène arrangées pour le constat d’adultère. Mais ici, comme la fausseté n’a pas cours, rien ne change. Le rituel de la séparation se fait toujours à coups de déclarations (de guerre) tonitruantes. Après Walid Joumblatt, c’est Élias Murr qui se...