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Actualités - CHRONOLOGIE

OPPOSITION - Les propos de Murr dénoncés par Souhaid, Bone et Frangié Kornet Chehwane confirme sa décision de manifester jeudi à Achrafieh

Les Assises de Kornet Chehwane poursuivent les préparatifs de la manifestation à laquelle ils ont appelé pour après-demain, jeudi, dans un climat de plus en plus tendu sur le plan politique. La guerre entre l’opposition et le pouvoir s’est exacerbée à la suite d’une attaque d’une rare violence lancée par le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, contre presque chacun des membres de Kornet Chehwane et qui a eu pour effet d’entraîner une riposte tout aussi violente de la part de trois opposants pris à partie par le ministre, MM. Samir Frangié, Farès Souhaid et Mansour Ghanem el-Bone. Les trois ont notamment appelé le gouvernement a démettre de ses fonctions M. Murr, qui doit être jugé, selon eux, pour incitation aux dissensions confessionnelles. Jusqu’à hier, le ministère de l’Intérieur ne s’était pas prononcé au sujet de la demande d’autorisation de la manifestation, qui lui avait été présentée la semaine dernière par l’opposition. Mais les propos incendiaires qu’il a tenus dans le cadre d’une interview au quotidien as-Safir, publiée hier, laissent facilement deviner une intention de rejeter la demande de permis. L’opposition, qui souhaite manifester pour protester contre le maintien de la fermeture de la MTV et les atteintes à la liberté, se prépare pour le jour J en faisant abstraction du climat politique ambiant. Kornet Chehwane a tenu hier en fin d’après-midi une réunion au siège du PNL à Sodeco pour organiser la manifestation, prévue à 14h, à Achrafieh, sur le tronçon de route entre le collège de La Sagesse et le siège de la MTV. Et c’est un appel solennel que le Rassemblement a lancé aux Libanais afin qu’ils prennent part au mouvement de protestation et qu’ils évitent de lui donner une couleur partisane. « Libanaises, Libanais ; le jeudi à 14h, au cœur de Beyrouth et devant le collège de La Sagesse, vous serez au rendez-vous avec le soutien à la liberté. Les Assises de Kornet Chehwane vous attendent, surtout que vous vous êtes toujours tenus à nos côtés pour défendre la liberté au Liban (...). Nous marcherons en rangs serrés jeudi, du collège de La Sagesse jusqu’à l’immeuble de la MTV, portant le drapeau libanais, symbole de la liberté, et aucune autre bannière, aucun portrait, afin d’exprimer notre point de vue de la manière la plus civilisée et la plus démocratique et pour barrer la route devant les fauteurs de troubles et les provocateurs. Libanaises, Libanais, quels que soient les obstacles et les difficultés, nous serons au rendez-vous pour les libertés et pour le Liban. » Telle est la teneur du communiqué dont lecture a été donnée par M. Dory Chamoun. La réunion s’est tenue en présence des députés Farès Souhaid, Antoine Ghanem, Nayla Moawad, Salah Honein, Pierre Gemayel, Gabriel Murr et Nassib Lahoud – qui avait été épargné par le ministre de l’Intérieur dans la mesure où M. Murr a considéré qu’il ne participe plus, depuis deux mois, aux réunions de Kornet Chehwane –, des anciens ministre, Nadim Salem, et député, Camille Ziadé, du chef et du secrétaire général du PNL, Dory Chamoun et Élias Bou Assi, des représentants des FL, Jean Aziz, Eddy Abillama et Farid Habib, des anciens bâtonnier, Chakib Kortbawi, et ambassadeur, Simon Karam, du chef de l’opposition Kataëb, Élie Karamé, du représentant du Bloc national, Samir Abdel Malak, et de M. Michel Khoury. Prié de dire ce qui se passera au cas où Kornet Chehwane ne serait pas autorisé à manifester, M. Chamoun a répondu : « Chaque chose en son temps », sans vouloir en dire davantage. Il a seulement expliqué que si le Rassemblement n’a pas attendu la réponse du ministère pour annoncer l’heure et le lieu de la manif, c’est parce qu’il est supposé fournir à l’avance ces informations aux Libanais. « Nous œuvrons dans le cadre de la loi qui doit être respectée de tous, notamment de l’État », a ajouté M. Chamoun. Appel aux habitants de Kesrouan et de Jbeil Quelques heures plus tôt, les députés Farès Souhaid et Mansour Ghanem el-Bone avaient publié un communiqué dans lequel ils avaient appelé les habitants de Kesrouan-Ftouh et de Jbeil à s’associer à la manifestation, « en signe de soutien au processus engagé par Kornet Chehwane qui essaie, avec d’autres patriotes libanais, de sortir le Liban de sa crise politique et économique, de permettre au pays de reprendre son rôle indépendant dans son environnement arabe, en tant que modèle de coexistence islamo-chrétienne et de berceau du dialogue ». Dans son communiqué, Kornet Chehwane a évité de répondre aux propos incendiaires du ministre de l’Intérieur. MM. Souhaid et Bone ont également pris soin de ne pas en parler dans leur communiqué, appelant les Libanais à participer à la manifestation. Plus tard dans la journée, ils ont fait paraître un deuxième communiqué dans lequel ils ont répliqué à M. Murr. Dans une violente attaque contre l’opposition, le ministre de l’Intérieur avait accusé Kornet Chehwane de « suivre une politique de la terre brûlée qui aura pour effet de pousser à l’exode ce qui reste des chrétiens au Liban ». Il a dénigré un à un la majorité des figures politiques de ce rassemblement, et n’a pas épargné le patriarcat maronite lui reprochant de s’immiscer dans des « conflits politiques » et estimant qu’il a « commis une erreur de taille en faisant présider Kornet Chehwan par un évêque ». « En tant que chrétien, je suis désolé que le patriarcat maronite, qui est à l’origine de la création du Liban moderne et qui devrait être au-dessus des factions, accepte de servir de couverture à un parti et de devenir une monnaie d’échange dans le bazar politique libanais », avait-t-il déclaré. La réponse de MM. Souhaid, Bone et Frangié n’a pas tardé. Les trois hommes ont rappelé que Kornet Chehwane avait déjà appelé à la destitution de M. Murr, au lendemain de la partielle du Metn, « en raison de sa mauvaise gestion de l’opération électorale ». « Après l’interview qu’il a accordée au Safir, nous réitérons, en notre nom personnel, cet appel, pour plusieurs raisons, et nous demandons qu’il soit jugé pour incitation aux dissensions confessionnelles. » La première raison qu’ils ont citée est « l’atteinte portée au patriarcat politique qu’il (M. Murr) accuse de parti pris politique. Il menace aussi d’autoriser l’irrespect à l’égard du patriarche au cas où il maintiendrait sa ligne politique. Il y a également l’atteinte portée à l’évêque maronite d’Antélias, Youssef Béchara, accusé par le ministre d’entraîner les Libanais vers l’abîme ». « Un aveu hallucinant » La deuxième raison, ajoute le communiqué, est que « le ministre a reconnu qu’il a transgressé les lois en affirmant : “après les attentats du 11 septembre, nous avons arrêté un grand nombre de musulmans, de manière arbitraire ou en groupes. Personnellement, j’ai donné l’ordre pour qu’on interpelle les habitants de villages entiers. Pour protéger notre pays, notre environnement et pour préserver notre réputation à l’étranger, nous avions procédé aux arrestations puis réparti les personnes, en suivant le même procédé que les Américains avaient appliqué en Afghanistan”. C’est un aveu hallucinant. Nous avons ainsi découvert que le pouvoir traite les musulmans tout comme les Américains avaient traité les Afghans. Les Libanais, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, ne sont pas des Afghans, et notre troupe n’est pas l’armée des États-Unis. Le ministre de l’Intérieur n’a pas le droit d’établir cette comparaison et de considérer les Libanais comme une colonie étrangère dans leur propre pays ». Les trois députés se sont adressés au chef du gouvernement pour lui demander s’il était au courant de ce que le ministre avait annoncé et s’il avait accepté que les habitants de villages entiers soient arrêtés. Ils demandent aussi à savoir, en cas de réponse négative de sa part, « quelles mesures il compte prendre à l’encontre de M. Murr puisqu’il a violé les lois et les droits de l’homme et pris à partie un groupe de Libanais ». La troisième raison citée par les députés est que « le ministre de l’Intérieur expose la sécurité publique du pays à un danger permanent. Depuis qu’il est en charge des questions de sécurité, il multiplie les erreurs et les violations des lois, à commencer par ce qu’il avait annoncé, en août 2001, au sujet de la découverte d’un complot – dont on n’a plus entendu parler – contre les deux armées libanaise et syrienne, pour finir avec la partielle du Metn lorsqu’il avait considéré la victoire de l’opposition comme “le début du renversement du régime et de la chute de la structure de l’État” ». MM. Souhaid, Bone et Frangié ont en outre reproché au ministre son projet de circonscription unique « dans la mesure où il veut utiliser l’abolition du confessionnalisme politique pour intimider une partie de la population ». MM. Souhaid et Bone ont, pour leur part, affirmé qu’ils n’ont pas l’intention de répondre aux accusations que M. Murr avait lancées contre eux « parce que ses propos n’en valent pas la peine ». Le ministre de l’Intérieur avait déclaré que M. Bone était « un informateur auprès des services de renseignements » et que M. Souhaid veut « se débarrasser de son complexe politique, car c’est grâce à son alliance avec le pouvoir et les services de sécurité dans les bureaux desquels il dormait, qu’il a pu accéder au Parlement ». « Il est quand même curieux, ont-ils cependant déclaré, que deux députés-agents du pouvoir cosignent une demande d’autorisation d’une manifestation contre le pouvoir. » M. Simon Karam a, pour sa part, estimé que le ministre devrait « montrer sa capacité à appliquer les lois, ne serait-ce qu’une fois, en autorisant la manifestation ». MM. Pierre Gemayel et Ahmed Fatfat ont lancé le même appel, au moment où le Rassemblement parlementaire de concertation faisait savoir qu’il tiendra cet après-midi une réunion pour évaluer la situation. Le Rassemblement national islamique, qui a pris l’habitude d’organiser une contre-manifestation à chaque fois que Kornet Chehwane envisageait un mouvement de protestation, s’est déclaré pour sa part en session ouverte pour « suivre l’évolution de la situation » et pour « établir des contacts de concertations avec les différentes personnalités et parties, notamment au sein de la scène chrétienne ralliée à la ligne politique arabe libanaise authentique ». Il a annoncé qu’il prendra la décision qui s’impose « en fonction des développements sur la scène locale ». Mais une source de ce rassemblement, citée par l’agence al-Markaziya, a indiqué que ce groupe a décisé, au cours de sa réunion d’hier, d’organiser un mouvement sur le terrain au cas où Kornet Chehwane serait autorisée à manifester, mais sans se décider au sujet du lieu et du timing de ce mouvement.
Les Assises de Kornet Chehwane poursuivent les préparatifs de la manifestation à laquelle ils ont appelé pour après-demain, jeudi, dans un climat de plus en plus tendu sur le plan politique. La guerre entre l’opposition et le pouvoir s’est exacerbée à la suite d’une attaque d’une rare violence lancée par le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, contre presque chacun...