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Actualités - CHRONOLOGIE

Gabriel Murr : Laissez les Libanais s’exprimer !

Gabriel Murr est diplômé en ingénierie de l’American University of Beirut (AUB). C’est donc spontanément, dit-il, qu’il a répondu hier à l’invitation du club estudiantin sur les droits de l’homme et la paix de l’AUB, pour participer à une causerie avec une centaine d’étudiants sur la liberté de la presse, en présence de quelques employés de la MTV. Détendu et souriant, le député est resté réaliste et lucide, allant jusqu’à dire concernant les actions à entreprendre dans l’avenir proche : « Si jamais je suis encore député... ». Évoquant l’affaire MTV, Gabriel Murr a commencé par souligner que « le Liban est un pays civilisé, le dernier de la région à ne pas faire partie du club des plébiscites à 99,9 et 100 % », tout en stigmatisant « les exactions du pouvoir ces dernières années et les violations des droits de l’homme et des libertés publiques ». « La preuve : j’ai été élu député par 3 voix d’écart. Même si l’écart original était de 1 671 voix, avant que des forces occultes ne tronquent les résultats », a-t-il indiqué. « Il y avait certaines figures politiques qui n’avaient pas le droit de s’exprimer, comme le président Amine Gemayel ou le général Michel Aoun. La MTV leur a offert cette opportunité », a ajouté M. Murr, mettant l’accent sur le rôle de la chaîne de télévision dans la défense de la liberté d’expression et dans le respect du droit à la différence d’opinion. Il a ensuite raconté comment quelque 500 militaires avaient investi, le 4 septembre dernier, les locaux de la MTV, à Naccache et à Achrafieh, et notamment ses bureaux, qui jouissent normalement de l’immunité parlementaire. « J’étais en réunion avec des journalistes, parmi lesquels Gebrane Tuéni et Charles Ayoub . L’un des responsables militaires leur a demandé de quitter les lieux. Charles Ayoub a refusé. “Nous avons l’ordre de fermer la MTV”, m’a dit le responsable militaire. J’ai demandé à voir la décision. Il m’a répliqué qu’il ne l’avait pas encore reçue ! » a poursuivi Gabriel Murr. Et le député de l’opposition de contester vivement la fermeture de la chaîne, estimant que la décision du tribunal des imprimés est « mauvaise » et énumérant les erreurs judiciaires dans la forme et sur le fond au point de vue procédural. La justice « inquisitoire » C’est connu, Gabriel Murr n’a pas tendance à mâcher ses mots. « Une justice indépendante et neutre n’aurait pas pu prendre une telle décision contre la MTV. Nous en sommes arrivés au temps de l’Inquisition et des jugements inquisitoires », a-t-il affirmé, avant de reprendre les paroles du métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audeh, selon lesquelles « tous les êtres humains peuvent commettre des erreurs, et même les magistrats ». « J’ajouterai qu’il s’agit d’une erreur volontaire, et c’est d’autant plus dangereux », a-t-il ajouté, avant de souhaiter que la Cour de cassation « se penche sur le dossier en profondeur ». « S’il y a des juges politisés, il y en a toutefois qui sont intègres et audacieux, même s’ils sont mis en minorité. C’est pour cela que nous respectons encore la justice dans ce pays », a-t-il précisé. Répondant à une question, M. Murr a mis l’accent sur le fait que le groupe de Kornet Chehwane ne l’a pas abandonné. Et d’ajouter : « Je suis toujours dans l’opposition, et je ne compte pas en sortir. » M. Murr a également mis en garde contre toute tentative d’empêcher la manifestation du groupe de Kornet Chehwane, le 31 octobre, notamment à travers une contre-manifestation. « Ce serait une grave erreur, qui n’est dans l’intérêt de personne », a-t-il indiqué. Il a regretté, dans ce cadre, que la manifestation des étudiants de l’USJ, la semaine dernière, n’ait pas été bien retransmise par les médias locaux, à l’exception de la New TV. « Les médias n’ont pas été à la hauteur. Une fille a reçu des coups sur la nuque et des étudiants ont été tabassés. C’est un comportement incivil », a-t-il dit, en rendant hommage aux étudiants. « Si nous appelons aux manifestations, c’est parce que les Libanais doivent défendre leur liberté. Le peuple est à la base des libertés. Il faut laisser les Libanais s’exprimer », a-t-il affirmé, en tirant à boulets rouges contre « tous ceux qui prennent appui sur la Syrie contre le Liban ». « Nous ne voulons plus que cela se produise. Nous voulons un Liban libre, souverain et indépendant, qui puisse décider pour lui-même », a-t-il ajouté. Répondant enfin à un étudiant qui lui demandait si « le peuple libanais est suffisamment mûr pour défendre ses libertés », Gabriel Murr a dit : « Oui, le peuple libanais est mûr, mais nous avons besoin d’un leader pour que le mouvement de protestation se mette en marche. Les forces politiques opposantes existent, elles sont nombreuses et actives. Tout ce qu’il nous manque, c’est un leader. » Michel HAJJI GEORGIOU
Gabriel Murr est diplômé en ingénierie de l’American University of Beirut (AUB). C’est donc spontanément, dit-il, qu’il a répondu hier à l’invitation du club estudiantin sur les droits de l’homme et la paix de l’AUB, pour participer à une causerie avec une centaine d’étudiants sur la liberté de la presse, en présence de quelques employés de la MTV. Détendu et...