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Actualités - OPINION

Les deux oublis du Sommet de la francophonie

Dans son souci de se donner une dimension politique, et non plus seulement linguistique ou culturelle, le Sommet de la francophonie a oublié deux choses : Jérusalem et le dialogue interreligieux. Bien sûr, ces deux oublis ne le sont pas vraiment. Le dialogue interreligieux est présent, en filigrane, partout où il est question du dialogue comme « instument de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme ». De son côté, Jérusalem, la ville trois fois sainte, est présente là où il est question du principe de la paix, en échange de la terre, et des résolutions 242 et 338. Pourtant il serait souhaitable que les prochains Sommets de la francophonie mentionnent explicitement le dialogue interreligieux comme instrument de paix et fassent référence nommément à Jérusalem, Ville sainte pour les trois religions monothéistes. Car au cœur du dialogue politique, il y a l’exigence de justice dans les rapports internationaux, qu’ils soient politiques, économiques ou culturels, et cette exigence est de nature éthique. Or, dans l’espace francophone, ces éthiques sont colorées aux teintes des religions du monde, et les valeurs qu’elles mettent en avant ne se recoupent pas toujours. C’est vrai pour tout un ensemble de questions placées par l’Onu sous le signe du développement durable et qui parfois vont à l’encontre des convictions religieuses des populations assistées. Ainsi en est-il de la question de la limitation des naissances. Mais les divergences peuvent aussi se manifester dans des domaines économiques. Pour les pays en voie de développement, la globalisation, que les Occidentaux considèrent comme un progrès irréversible,est perçue comme « l’apogée de la colonisation ». Là aussi, l’exigence de justice, exigence éthique, est présente. Pour les pays arabes francophones, l’exigence de justice est omniprésente dans la question de Palestine et de Jérusalem. Jérusalem est au cœur des attentes de trois peuples. Elle est physiquement liée à ces attentes, qui sont de nature eschatologique, et qui marquent profondément le judaïsme, le christianisme et l’islam. Avec l’extension de l’espace francophone, des sous-espaces se font jour, et il n’est pas gratuit de dire qu’il existe une francophonie musulmane, au même titre qu’il en existe une chrétienne, une judaïque ou une laïque. C’est notamment le cas de la France. Il faut trouver le moyen de s’adresser à ces courants sous-jacents à la francophonie. Là aussi, là surtout, le dialogue comme instrument de paix doit s’imposer comme indispensable. Car ces courants, indépendamment de la francophonie qu’ils ont en partage, peuvent entrer en conflit sur des questions plus centrales, plus vitales que la culture : sur des valeurs identitaires comme les valeurs religieuses. Même si des penseurs comme Francis Fukuyama estiment que ces chocs culturels sont des « combats d’arrière-garde », le sort du monde, ou du moins sa physionomie, pourrait en dépendre dans les prochaines années. C’est la raison pour laquelle il faut les aborder de front. Fady NOUN
Dans son souci de se donner une dimension politique, et non plus seulement linguistique ou culturelle, le Sommet de la francophonie a oublié deux choses : Jérusalem et le dialogue interreligieux. Bien sûr, ces deux oublis ne le sont pas vraiment. Le dialogue interreligieux est présent, en filigrane, partout où il est question du dialogue comme « instument de la paix, de la...