Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

La synthèse du rapport général des travaux de la Conférence de Beyrouth

À la séance de clôture du IXe Sommet de la francophonie, hier, à l’hôtel Phoenicia, le président du Mali, Amadou Toumani Touré, a donné lecture d’une synthèse du rapport général de la Conférence de Beyrouth. Ce rapport expose les grandes lignes des débats qui ont marqué les travaux des chefs d’État et de gouvernement ainsi que la réunion de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF) qui a précédé, au début de la semaine dernière, le Sommet en tant que tel. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de ce rapport. « Après la passation de la présidence, le président de la République libanaise a salué la présence du président Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne, démocratique et populaire, qui, pour la première fois, participe au Sommet de la francophonie, en qualité d’invité d’honneur. Il l’a invité, en cette qualité, à prendre la parole. « Dans son message à la Conférence, le président Bouteflika a estimé que l’Algérie, après avoir récupéré et renforcé son unité et son arabité, peut aujourd’hui s’ouvrir, sans appréhension, à la francophonie. Se référant à la situation explosive au Proche et au Moyen-Orient, le président Bouteflika a lancé un appel pour que le Conseil de sécurité des Nations unies puisse, dans ces circonstances, jouer pleinement son rôle. Il a plaidé en faveur de la langue française comme langue d’émancipation et de progrès au service des différentes cultures et civilisations et invité la communauté internationale à porter une attention accrue aux initiatives développées dans le cadre du Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (NEPAD). « Abordant le point de l’ordre du jour consacré au bilan et à l’avenir de la francophonie, la Conférence a tout d’abord entendu en huis clos le rapport du président de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF) sur les demandes d’adhésion ou de modification de statut à la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Suite à la présentation de l’avis de la CMF, la Conférence a décidé d’approuver les différentes recommandations formulées par les ministres. « Ainsi, la République slovaque a été admise en qualité d’observateur au Sommet. La demande de la vallée d’Aoste en tant qu’invité spécial au Sommet, a reçu un accueil favorable. La Conférence n’a pas donné, à ce stade, une suite favorable aux autres demandes d’adhésion en qualité d’observateur ou de membre de plein droit. Enfin, la Conférence a adopté le document révisé portant « statuts et modalités d’adhésion à la conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage ». Suite à l’admission de son pays comme observateur, le président de la République slovaque a adressé à la Conférence ses sentiments de gratitude et réaffirmé la volonté de son pays à approfondir son ancrage au sein de la francophonie à travers une coopération toujours plus affirmée dans les domaines de compétence de la francophonie. « La Conférence a ensuite entendu le président de la Conférence ministérielle de la francophonie sur le rapport de la session ministérielle de Beyrouth. Le ministre Ghassan Salamé a évoqué le rapport fait par le secrétaire général sur les travaux du Conseil permanent de la francophonie concernant la mise en œuvre de la Déclaration de Bamako, ainsi que le suivi de l’évaluation de l’Agence intergouvernementale qui a donné lieu à d’importantes recommandations. Celles-ci concernent, notamment, le cadre stratégique décennal des orientations qui seraient désormais définies par les Sommets et les programmations quadriennales des opérateurs qui seraient adoptées par la Conférence ministérielle. La Conférence ministérielle a, ensuite, été unanime à reconnaître l’opportunité d’une convention internationale destinée à préserver et à promouvoir la diversité culturelle. Par ailleurs, la Conférence a entendu, avec intérêt, la communication de la Slovénie, État observateur, ainsi que celle de l’Assemblée parlementaire de la francophonie. Elle a aussi reçu les rapports des conférences ministérielles permanentes et souhaité que des moyens accrus soient consacrés à l’éducation et aux actions destinées à la jeunesse. » Le rapport du secrétaire général « Le président du Sommet a ensuite invité le secrétaire général de la Francophonie à présenter son rapport. Au terme de son mandat, M. Boutros Boutros-Ghali a voulu surtout mettre l’accent sur le cadre institutionnel issu du Sommet de Hanoi et la réalité de sa mise en œuvre, en montrant à la fois les acquis et les difficultés et en ouvrant des pistes pour l’avenir. Ainsi, au plan international, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a pu développer des relations soutenues de travail avec l’Onu, ainsi qu’avec plusieurs organisations internationales et régionales. Dans le domaine politique et diplomatique, l’Organisation est désormais en mesure de s’exprimer sur les situations de crise, de développer des contacts avec les différents acteurs et de prendre les dispositions nécessaires en concertation avec d’autres partenaires. « Dans son action politique et diplomatique, l’OIF s’est attachée à observer deux règles : celle du respect de la souveraineté des États et celle de ne s’engager qu’avec l’accord des parties, en évitant tout risque de concurrence avec d’autres intervenants. Par ailleurs, au cours des cinq dernières années, l’Organisation a pu développer des actions ambitieuses de coopération, tout en procédant à la rénovation des méthodes et instruments. Elle a organisé plusieurs conférences et réunions sectorielles et pris une part active aux grandes conférences internationales tenues au cours de ces dernières années. Enfin, le secrétaire général de la Francophonie a tenu à mettre en exergue certaines contraintes qui pèsent sur l’action multilatérale francophone, tels le manque de moyens, la rigidité des programmes, l’empilement des plans d’action et la tentation des opérateurs à la préservation des domaines réservés. La perspective de regrouper les opérateurs de la francophonie dans une même maison contribuera à accroître les synergies et les complémentarités et à unifier la communication de l’Organisation. « Après le rapport du secrétaire général de la Francophonie, le président du Sommet a ouvert le débat général au cours duquel les intervenants ont salué les progrès réels enregistrés par l’OIF au cours des cinq dernières années, tant au plan de la promotion internationale de la francophonie politique qu’à celui de l’action politique et de coopération et exprimé leur réelle satisfaction pour le travail accompli par le secrétaire général de la Francophonie. » Les orientations stratégiques « Le point portant sur les orientations stratégiques de la francophonie en matière de coopération ainsi que son financement a été introduit par le représentant de Son Excellence el-Hadji Omar Bongo, président du Gabon. Estimant que la langue française est un outil essentiel d’ouverture de l’espace francophone sur le monde, il a invité l’Organisation à développer, aux côtés de ses axes traditionnels d’intervention, une coopération concrète en matière de développement durable, de bonne gouvernance, ainsi que de lutte contre la pauvreté. Il a enfin demandé à la Conférence d’adopter les recommandations visant à dynamiser le cadre de la coopération multilatérale francophone. « Sur les orientations stratégiques de la coopération multilatérale, la Conférence a également entendu M. Hervé Hasquin, ministre président de la Communauté française de Belgique, qui a insisté sur la nécessité pour la francophonie de garder un lien permanent entre l’action politique et la coopération multilatérale. Il a, par ailleurs, souhaité que la Déclaration et le programme d’action de Bamako, ainsi que la Déclaration de Cotonou puissent être « les feuilles de route » de la programmation de la francophonie au cours des prochaines années. S’agissant du financement de la coopération, il propose que le Sommet décide de limiter à 30 % les crédits liés et qu’un délai contraignant soit fixé pour le recouvrement de ceux-ci. « Les intervenants ont salué les perspectives ouvertes par le nouveau cadre de référence des orientations stratégiques à 10 ans et de la programmation à 4 ans. Devenue un forum politique, la francophonie doit toujours viser à inscrire ses orientations et ses actions dans un cadre de solidarité et rechercher une pleine cohérence entre les actions politiques et de coopération. D’une manière générale, les délégués estiment que les moyens actuellement consacrés à l’éducation, notamment de base, ne reflétaient pas l’importance accordée à ce secteur prioritaire de la francophonie. Ils appuient le projet d’organisation d’un symposium sur le financement du développement. Ils saluent l’Agence intergouvernementale de la francophonie et les opérateurs directs des Sommets et ils plaident pour l’accroissement de leurs moyens d’action. « Dans la matinée du 19 octobre, la Conférence a poursuivi ses travaux à huis clos et abordé les questions portant sur la situation internationale. Cette séance n’appelle pas d’observations particulières de ma part. « À la reprise des travaux en séance plénière, la Conférence a eu de riches échanges sur le dialogue des cultures, thème du Sommet, introduit par le prince Moulay Rachid, représentant de Sa Majesté le roi du Maroc. Affirmant le lien entre dialogue des cultures et culture de dialogue, le prince a plaidé pour le droit à la différence et le respect de celle-ci. La diversité culturelle ne s’oppose pas à l’existence de principes universels. Elle permet d’exprimer les valeurs communes de l’humanité. « Pour sa part, le Premier ministre du Québec a insisté sur deux points : le dialogue des cultures à l’échelle mondiale comme vecteur d’une « nouvelle renaissance », ainsi que le disait le président Senghor, et la nécessité de l’adoption d’une convention internationale sur la diversité culturelle. « Toujours sur le thème du Sommet, la présidente en exercice de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, confirmant la place de la démocratie parlementaire au sein de l’espace francophone, a présenté l’avis de l’APF sur cette problématique. Elle a plaidé pour la mise en œuvre de mesures spécifiques, telle la constitution d’un fonds spécial destiné à promouvoir la création et la production culturelle. L’APF appuie la mise en place d’un instrument international sur la diversité culturelles et demande aux États de s’abstenir de prendre des engagements de libéralisation du commerce affectant les biens culturels dans le cadre des négociations, notamment à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « Les débats ont permis de confirmer la place centrale du dialogue des cultures parmi les enjeux mondiaux des années à venir. Ils ont également permis aussi d’enrichir la vision de la francophonie sur cette problématique et de confirmer l’exigence d’une convention internationale sur la diversité culturelle. Consciente de ces enjeux pour le IIIe millénaire, la conférence a recommandé la définition de politiques culturelles audacieuses assorties d’actions concrètes de protection des cultures et de promotion des échanges culturels. » Le volet économique « La Conférence a débuté ses travaux, ce matin (hier, dimanche) par l’examen du volet économique. Le président Abdoulaye Wade a introduit le thème en parlant du nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique qui fonde son approche sur trois paramètres essentiels : la bonne gouvernance politique et économique, la région et le secteur privé. Le NEPAD repose sur huit secteurs prioritaires que sont les infrastructures, l’éducation, la santé, l’agriculture, l’environnement, l’énergie, l’accès aux marchés, les technologies de l’information et de la communication. Le président Wade propose à la Francophonie de s’engager plus à fond dans le volet dont il assure la responsabilité : infrastructures, environnement, énergie et technologies de l’information et de la communication. « Sur le volet économique, après avoir rappelé la nécessité d’un suivi effectif des conclusions du Sommet de Johannesburg sur le développement durable, le Premier ministre du Canada a souligné l’exigence d’une articulation forte entre les objectifs et priorités du NEPAD avec ceux du plan du G8 pour avancer dans la mise en œuvre rapide des actions avec la collaboration déterminée de la francophonie. « Les intervenants ont tous rendu hommage aux cinq pays initiateurs du NEPAD, projet de l’Afrique pour l’Afrique. Ils expriment leur accord sur les axes prioritaires définis dans ce cadre et appellent la Francophonie à s’impliquer pleinement dans la réalisation de ce programme. « La Conférence a procédé à l’examen des projets de déclaration et de plan d’action de Beyrouth sur lesquels les travaux de nos ministres ont permis d’enregistrer un large consensus, malgré quelques réserves formulées par le Vietnam et le Laos sur la Déclaration de Bamako. À la suite du débat, et de l’ajout d’un paragraphe sur l’Irak, nous avons adopté la déclaration et le plan d’action de Beyrouth. La conférence a confirmé ensuite les dates et le lieu du Xe Sommet de la francophonie qui se tiendra à Ouagadougou, au Burkina, Faso en automne 2004. » Et le président malien de conclure : « Je voudrais insister sur quelques questions qui me paraissaient essentielles pour l’action de la francophonie. Tout d’abord j’estime que l’engagement confirmé pour la mise en œuvre de la Déclaration de Bamako doit se traduire rapidement par des actions de coopération en vue d’un réel ancrage de la démocratie et des droits de l’homme dans l’espace francophone. « La démocratie et les droits de l’homme exigent un climat de paix et de sécurité. Aussi, il me paraît important de doter le secrétaire général de moyens et de ressources pour lui permettre d’agir rapidement et efficacement dans les missions de prévention et de gestion des crises. Le renforcement de la coopération et de la coordination entre l’OIF et les organisations régionales comme la CEDEAO doit être notre axe d’intervention. « Je suis vivement préoccupé par la situation de l’éducation dans les pays francophones dont bon nombre figurent parmi ceux qui sont les plus en retard dans la réalisation des objectifs de Dakar (scolarisation pour tous en 2015). Face à cette situation, la Francophonie doit œuvrer pour une mobilisation plus forte des ressources et leur mise à disposition des pays concernés pour relever ce défi. « C’est le lieu pour moi d’encourager le président Chirac pour son initiative visant à faire de l’éducation une priorité de l’augmentation de l’aide publique de la France au développement. Pour ma part, je suis disposé à œuvrer activement pour la réalisation de cet objectif qui constitue un axe majeur du NEPAD. »
À la séance de clôture du IXe Sommet de la francophonie, hier, à l’hôtel Phoenicia, le président du Mali, Amadou Toumani Touré, a donné lecture d’une synthèse du rapport général de la Conférence de Beyrouth. Ce rapport expose les grandes lignes des débats qui ont marqué les travaux des chefs d’État et de gouvernement ainsi que la réunion de la Conférence...