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Actualités - ANALYSE

Place aux concertations, mais le ton est déjà donné

Le virage est définitivement entamé et le IXe Sommet de la francophonie semble éminemment politique. C’est du moins l’impression qui se dégage de la première journée, où l’ombre des menaces d’attaque contre l’Irak et du bras de fer américano-français au Conseil de sécurité de l’Onu a plané sur les discours des chefs d’État et de délégation. C’était d’ailleurs la principale question des journalistes au premier point de presse du Dr Charles Rizk, représentant personnel du chef de l’État libanais au Conseil permanent de la francophonie. La journée a été bien longue pour le millier de journalistes présents au centre de presse. Si nul n’a eu à se plaindre de l’organisation, jugée unanimement très efficace, au fil des heures, la fatigue a commencé à se faire sentir et c’est sans doute ce qu’a senti le Dr Charles Rizk, qui a réduit au minimum son point de presse. Trois moments forts Avec humour, il a d’ailleurs fait remarquer que les deux séances de la journée ayant été transmises en direct, sa mission se limite à répondre aux questions. Il a quand même relevé trois points forts dans la longue journée d’allocutions : le discours d’ouverture prononcé par le président libanais, Émile Lahoud, jugé d’ailleurs par les journalistes français comme étant « assez fort et d’un ton nouveau sur ce genre de tribune », mais aussi celui du président algérien Abdel-Aziz Bouteflika, qui a constitué un véritable tournant dans l’histoire de l’Algérie, du monde arabe et de la francophonie et, enfin, le rapport du secrétaire général Boutros Boutros-Ghali, qui ressemble à un bilan de son mandat commencé en 1997 au Sommet de Hanoi, lorsque l’OIF a décidé de se doter d’un secrétaire général et de se lancer dans la politique. Boutros-Ghali a d’ailleurs relevé dans son rapport que la demande de missions de médiation ou d’assistance démocratique et autre allant en augmentant, le manque de moyens financiers et humains commence à se faire sentir au sein de l’OIF. Le Dr Rizk a précisé que s’il n’y a pas eu, hier, de séance à huis clos, c’est que de nombreux chefs d’État et de délégation ont voulu prendre la parole. Il y en aura encore aujourd’hui et c’est là la norme dans les sommets de la francophonie, où, en général, les séances sont retransmises en direct et consacrées aux allocutions. Selon le Dr Rizk, c’est le président Chirac qui a demandé le huis clos afin de permettre aux chefs d’État et de délégation de s’exprimer en toute liberté et il n’y aura même pas de procès-verbal à cette séance, mais il a promis d’en révéler l’essentiel aux journalistes. Interrogé sur le projet de la déclaration finale de Beyrouth, publié dans les journaux, le porte-parole du Sommet a critiqué ceux qui ont passé l’information aux journalistes. « Nous avons travaillé sur ce projet pendant six mois et nul n’en a su le contenu. Il a fallu l’ouverture de la réunion ministérielle pour que le projet soit remis à la presse. » Ce qui lui paraît indélicat, puisque la proposition n’a pas encore été adoptée par les chefs d’État, qui peuvent encore en modifier le contenu. Le Dr Rizk a toutefois confirmé le contenu du projet, au sujet notamment de l’adoption de l’initiative arabe de paix, lancée au cours du Sommet arabe de Beyrouth en mars dernier. À un journaliste palestinien qui lui demandait si la déclaration finale ne comptait pas évoquer avec plus de précision la « barbarie israélienne » contre les Palestiniens, le Dr Rizk a rappelé le discours du président libanais qui s’est longuement attardé sur ce thème et qui a pratiquement donné le ton au Sommet. De plus, la plupart des intervenants ont abordé le conflit israélo-palestinien et israélo-arabe en général. Lahoud et l’Irak De même, lorsqu’on lui a demandé pourquoi le projet de déclaration finale ne comporte pas un point sur l’Irak, le Dr Rizk s’est aussi référé au discours du président libanais qui a été très clair sur ce point. Lahoud a ainsi déclaré que les prétextes invoqués par les Américains pour justifier leur probable attaque contre l’Irak ne tiennent pas, puisque Israël possède des armes de destruction massive sans que nul ne lui demande de comptes et qu’il ne respecte pas la plupart des résolutions internationales. Quant à savoir si cette position sera reprise dans la déclaration finale, le Dr Rizk a préféré ne pas anticiper, précisant toutefois qu’avec 52 États membres, l’OIF est une mini Onu. Par conséquent, il est difficile que tous les pays adoptent une position unifiée, le consensus n’étant généralement atteint que dans les dispositions à caractère général. Toutefois, selon des journalistes étrangers, quelle que soit la position de l’OIF, l’attaque américaine est inévitable, mais en acceptant de recourir à l’Onu, les Américains renforcent leur propre position… Le représentant personnel du chef de l’État a aussi insisté sur l’importance de la tenue de ce Sommet à Beyrouth, faisant remarquer que tous les intervenants dans la journée d’hier ont relevé ce point, notamment le président algérien, dont le pays à l’arabisme pointilleux a pris son temps pour récupérer son identité, et peut aujourd’hui se lancer dans la francophonie, tournant la page des souvenirs anciens. Il est donc très important, concrètement et symboliquement, que le IXe Sommet de la francophonie se tienne dans une capitale arabe, Beyrouth en l’occurrence, replaçant la capitale du Liban sur l’échiquier international. Enfin, le Dr Rizk, qui tiendra en principe deux points de presse aujourd’hui, a annoncé que l’élection du nouveau secrétaire général de l’OIF aura lieu dimanche, juste avant la clôture du Sommet et que jusqu’à présent, il y a deux candidatures africaines. Il a surtout demandé aux journalistes de patienter jusqu’à demain, puisque le projet de déclaration peut encore être modifié. Place donc encore aux concertations, même si le ton, comme il l’a dit, est déjà donné. Scarlett HADDAD
Le virage est définitivement entamé et le IXe Sommet de la francophonie semble éminemment politique. C’est du moins l’impression qui se dégage de la première journée, où l’ombre des menaces d’attaque contre l’Irak et du bras de fer américano-français au Conseil de sécurité de l’Onu a plané sur les discours des chefs d’État et de délégation. C’était...