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Actualités - CHRONOLOGIE

Immobilier - La polémique autour de Solidere rebondit Les ayants droit du centre-ville dénoncent « l’escroquerie du siècle »

Un homme qui éclate en sanglots, en évoquant ses biens au centre-ville, un autre qui s’appuie sur un ami, ayant été atteint d’hémiplégie lorsqu’il a été dépouillé de ses magasins, la conférence de presse des ayants droit du centre-ville, hier au Saint-Georges, avait quelque chose de poignant. Les derniers rayons du soleil de cette fin d’été ajoutaient encore à la tristesse de l’atmosphère, comme pour donner l’impression d’une cause perdue. Mais c’est compter sans la détermination de Mme Raya Daouk, de l’avocat Khalil Sarkis, de MM. Hassan Jaque et Constantin Karam et de l’ancien président de l’Ordre des ingénieurs, Assem Salam, qui ont une nouvelle fois condamné « l’escroquerie du siècle », tout en proposant une solution qu’ils jugent plus équitable. Pourquoi rouvrir le dossier maintenant ? C’est Mme Daouk qui répond : « À la veille du Sommet de la francophonie, qui n’est pas seulement une langue, mais une somme de valeurs dont le respect des droits de la personne, nous voulons savoir ce que devient le droit de la propriété au Liban. » Profitant donc, du climat général à quelques jours de la tenue du sommet, et alors que le Liban souhaite apparaître sous son meilleur jour devant ses hôtes prestigieux, le comité des ayants droit du centre-ville a voulu rappeler la grande injustice qui l’a frappé avec la création de Solidere. Cette société foncière a aujourd’hui dix ans et alors qu’elle a démarré avec un capital de plus d’un milliard de dollars, elle est désormais endettée de près de 400 millions de dollars. Selon Assem Salam, la construction de l’infrastructure a été confiée à la société Moawad pour un contrat de 80 millions de dollars, « Où est donc passé l’argent ? », se demande-t-il, tout en précisant que les actions A, remises aux ayants droit en contrepartie de leurs biens-fonds, ont chuté de plus de 60 %. L’assistance, formée essentiellement d’ayants droit, avec, au premier rang, le cheikh Khaled Osman de l’association de bienfaisance Mohammed el-Amine, actuellement en conflit avec le président du Conseil et le mufti de la République, à cause justement d’un bien-fonds au centre-ville, approuve vigoureusement. Depuis plus de dix ans, 130 000 personnes, anciens propriétaires ou locataires au centre-ville, traînent leur problème comme un boulet, sans parvenir à changer une virgule au projet qui, selon eux, les a spoliés de leurs droits. De réunion en réunion, parrainées d’abord par Omar Daouk et désormais par son épouse Raya, leur nombre diminue, mais leur amertume reste inchangée. Aux journalistes présents, ils ont distribué une petite brochure sur les infractions à la loi et à la constitution du projet de Solidere, dont le plus important reste le point essentiel de la constitution qui prévoit le retour des déplacés. « Tous les déplacés du Liban sont en train de retourner chez eux. Sauf ceux du centre-ville, explique Assem Salam. Alors que non seulement ils devraient avoir le droit de le faire, mais l’État devrait les obliger à le faire, pour préserver le tissu social, multiconfessionnel du cœur de la capitale. Or, c’est le contraire qui s’est produit, puisqu’ils ont été chassés du centre, sans espoir de retour. » Une société foncière pour Tripoli ? Tous les intervenants ont insisté sur l’échec de Solidere et son manque de transparence. Mais l’avocat des ayants droit, Khalil Sarkis, a proposé une solution qui consisterait à créer un droit d’échange, permettant aux ayants droit de retrouver des surfaces constructibles au centre-ville en contrepartie de leurs actions. Ce droit serait strictement codifié et son usage limité dans le temps, de même qu’en devenant propriétaire d’une surface constructible, l’ayant droit s’engage à l’utiliser dans une période maximale de dix ans, alors que Solidere s’est donnée 75 ans pour achever la construction du centre-ville. Assem Salam a toutefois précisé que tant que l’actuel président du Conseil restera au pouvoir, il y a peu de chances de trouver une solution, puisqu’il est le plus gros actionnaire de la société avec une participation de près de 130 millions de dollars. Par conséquent, l’État a totalement renoncé à ses prérogatives, refusant même de créer un comité de surveillance, puisque après tout, c’est son argent qui est dépensé. En conclusion, Salam a auguré du pire pour Tripoli, puisque le président du Conseil a promis d’y créer une société foncière très prochainement, pour assurer son développement. S.H.
Un homme qui éclate en sanglots, en évoquant ses biens au centre-ville, un autre qui s’appuie sur un ami, ayant été atteint d’hémiplégie lorsqu’il a été dépouillé de ses magasins, la conférence de presse des ayants droit du centre-ville, hier au Saint-Georges, avait quelque chose de poignant. Les derniers rayons du soleil de cette fin d’été ajoutaient encore à la...