Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

ROUTES - Près de 17 % des enfants ont été exposés à un accident de la voie publique Le siège auto, une condition nécessaire à la sécurité des tout-petits(photos)

Que de fois voit-on un enfant assis sur les genoux du conducteur d’une voiture ou à moitié penché à l’extérieur du véhicule ? Que de fois voit-on un automobiliste rouler à tombeau ouvert avec un enfant assis sur les genoux du passager occupant « la place du mort » ? Ce genre de spectacle n’est malheureusement que trop fréquent sur nos routes et dénote une totale ignorance des règles élémentaires de la sécurité routière. Ignorance et négligence font que grands et petits continuent à succomber ou à être blessés, parfois grièvement, dans les accidents de la route. Afin de sensibiliser les parents à l’importance du siège auto pour la sûreté de leurs petits, la municipalité de Beyrouth a organisé, en collaboration avec le Beirut Cosmopolitan Rotary Club et la SNA, une journée au cours de laquelle cent sièges auto ont été distribués aux parents dans trente-cinq maternités. Si les accidents domestiques sont les plus fréquents chez les enfants âgés de moins de 6 ans, les accidents de la voie publique sont prédominants chez ceux plus âgés, comme chez les adolescents et les jeunes. Une étude médico-sociale effectuée par la Yasa, l’Unicef et Mednet en 1995 auprès de 5 700 familles libanaises montre en effet qu’environ 17 % des enfants ont déjà été exposés à un accident de la route. D’après cette même étude, l’enfant est toujours installé sur les genoux du passager assis à côté du conducteur dans 83 % des cas, alors que 23 % des enfants sont assis sur le siège avant. Seuls 26 % des familles utilisent le siège-auto pour leurs enfants âgés de 1 à 4 ans. « Les accidents de la voie publique sont ceux qui provoquent le plus de décès, de traumatismes crâniens, d’entrées à l’hôpital, de consultations aux urgences, d’interventions chirurgicales, de séjour aux soins intensifs et de handicaps, explique le Dr Bernard Gerbaka, professeur adjoint de pédiatrie à la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph et membre du Conseil municipal de Beyrouth, commission de la santé et de l’environnement. Selon les rapports sur les accidents de la voie publique dressés par les Forces de sécurité intérieure en 1997, nous constatons que ces accidents représentent un taux de mortalité supérieur à celui observé en Europe et dans plusieurs pays émergents comme l’Inde. » En effet, d’après ces rapports, 2,9 accidents sur 1 000 véhicules sont recensés au Liban en 1996 contre 3,7 accidents sur 1 000 véhicules en 1995. Le nombre des personnes tuées et blessées est respectivement de 11 et 110 % en 1996 contre 9 et 91 % en 1995. « La prévention de ces accidents représente un problème majeur puisqu’il implique plusieurs ministères et institutions de l’État, affirme le Dr Gerbaka. C’est la raison pour laquelle nous essayons de développer, à travers la société civile, les Ordres professionnels, les ONG et les institutions académiques, des projets qui visent à réduire le nombre et la gravité des traumatismes de la voie publique. » Une campagne qui implique différents organismes Ces projets sont réalisés avec l’appui et la participation d’organismes internationaux, tels que l’OMS et l’Unicef. « Nous avons réussi à introduire deux idées relativement nouvelles dans l’exécution de ces projets, souligne le Dr Gerbaka. D’une part, l’implication intersectorielle qui démontre plus d’efficacité et qui permet de travailler à différents niveaux de la chaîne sociale puisque les experts sont mis en contact avec les citoyens et les responsables du gouvernement. De cette façon, les solutions prises seront acceptées par toutes les parties concernées. » La deuxième idée consiste à impliquer plusieurs autorités locales. « Nous savons que certains problèmes revêtent un aspect différent d’une région à l’autre et en fonction des municipalités, indique le Dr Gerbaka. Dans les régions rurales, par exemple, les traumatismes dus aux accidents de la route et la nature de ces accidents sont différents de ceux qui surviennent dans les milieux urbains. » Dans la campagne de sensibilisation à l’utilisation du siège auto, plusieurs organismes ont ainsi été impliqués : l’Unicef, le Rotary Club, la SNA, la Société libanaise de pédiatrie, le syndicat des propriétaires des hôpitaux, des sages-femmes ainsi que des experts internationaux notamment du Québec, « dont les projets concernant la promotion de la sécurité ont porté leurs fruits à plusieurs niveaux », note le Dr Gerbaka. Il poursuit : « Nous avons même eu recours à des outils qui permettent de promouvoir la sécurité de l’enfant d’une façon stéréotypée, pour que les mères, quelle que soit la région où elles habitent, apprennent de la même manière la façon dont il faut installer le bébé dans son siège auto. De ce fait, nous avons distribué cent sièges et trente-cinq vidéocassettes à trente-cinq maternités dans différentes régions du pays. Les sages-femmes se chargeront d’initier les parents à son utilisation. Cette campagne sera suivie d’une autre, qui sera organisée dans les services de pédiatrie. » Il faudrait annuler la taxe sur le siège auto Il existe deux sortes de sièges auto : ceux destinés aux enfants de 0 à 9 mois et ceux conçus pour les enfants de 0 à 4 ans. Les rehausseurs, quant à eux, sont utilisés pour les enfants âgés de 4 à 8 ans. « Nous recommandons aux parents l’utilisation d’un siège propre à leurs enfants jusqu’à l’âge de 8 ans, indique le Dr Gerbaka. Dans des études que nous avons menées, nous avons en effet constaté que 15 à 20 % des enfants libanais ont été exposés à des accidents de la voie publique. Sans compter le nombre d’enfants installés sur les genoux d’un adulte. Dans cette position, les tout petits sont exposés à de graves dangers, d’autant plus que 75 % des parents pensent, à tort, qu’ils peuvent tenir et protéger l’enfant. Mais ils ignorent que cela est impossible si un accident survient, car l’enfant leur échappe toujours des mains et c’est sa tête qui est projetée en premier. Je pense que c’est l’idée qu’il faut inculquer aux parents. » Mais pourquoi le siège auto n’est-il pas très utilisé au Liban ? « Il y a indéniablement deux raisons : la situation financière des parents et le manque d’éducation à ce niveau, répond le Dr Gerbaka. Le prix d’un siège-auto de bonne qualité peut correspondre au un salaire minimum. » La loi n’a-t-elle pas un rôle à jouer dans ce cas ? « L’amendement d’une loi ne signifie pas qu’elle sera nécessairement appliquée, remarque-t-il. C’est la raison pour laquelle, il faudrait élaborer la loi avec les différents partenaires, notamment les personnes qui vont la subir, ainsi elle sera plus fonctionnelle. » Il ajoute : « Au lieu d’imposer les lois aux parents, il faudrait les éduquer à la nécessité et à l’importance de sa mise en œuvre. À ce moment-là, ce sont eux qui demanderont l’application de la loi. De plus, il faut réduire les taxes et annuler la TVA sur les sièges-autos. Nous avons réussi à obtenir que le ministre de l’Économie, Bassel Fleyhane, réduise la taxe imposée sur les sièges-autos de 35 à 5 %. Malheureusement, cette décision n’est pas encore appliquée. Nous souhaiterions que la taxe et la TVA soient définitivement annulées, cela réduirait d’une façon significative le prix du siège. » Et de conclure : « Le problème c’est qu’il y a un manque d’éducation même au niveau des responsables. Mais nous ne pouvons rien faire sans eux. » Nada MERHI
Que de fois voit-on un enfant assis sur les genoux du conducteur d’une voiture ou à moitié penché à l’extérieur du véhicule ? Que de fois voit-on un automobiliste rouler à tombeau ouvert avec un enfant assis sur les genoux du passager occupant « la place du mort » ? Ce genre de spectacle n’est malheureusement que trop fréquent sur nos routes et dénote une totale...