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Actualités - OPINION

La passivité des Arabes inquiète Beyrouth

Beyrouth s’inquiète de la passivité des Arabes. Ainsi, un ancien diplomate relève qu’ils gardent pratiquement le silence face à l’entreprise de démolition de la cause palestinienne déclenchée par Ariel Sharon. Et qu’ils ne réagissent pas non plus fermement aux menaces de Bush, qui veut frapper l’Irak bien que Saddam Hussein ait accepté le retour des inspecteurs. Or, tout en s’abstenant eux-mêmes de toute action efficace concertée, les Arabes reprochent aux États-Unis, à l’Europe, à la Russie ou à la Chine de ne pas contrer Sharon. Ils se contentent de réclamer la tenue du Conseil de sécurité de l’Onu, tout en sachant que cette instance ne peut aller loin dans ses résolutions, en raison du veto américain contre tout texte condamnant Israël. Et, pour leur propre part, les Arabes se suffisent de réunir le Conseil de la Ligue, au simple niveau des délégués, sans que les chefs de gouvernement se dérangent. Cela, alors que le peuple palestinien est confronté à une guerre quasi totale, qu’Arafat est assiégé en vue de son expulsion sinon de sa liquidation physique. Un drame qui dissipe tout espoir de voir se créer enfin un État palestinien, puisque le régime même d’autonomie est en train de passer à la trappe. Ce qui rend absurde la demande américaine de réforme des institutions palestiniennes. Pour l’ancien ambassadeur, les Arabes, désorganisés et désunis, sont d’autant plus en faute qu’en réalité, la conjoncture leur serait favorable. En effet, les USA ont besoin d’eux dans leur guerre contre le terrorisme, tout comme dans leur lutte contre Saddam Hussein. Les Arabes se tiennent cois en base de simples et vagues promesses américaines faites à chacun d’entre eux séparément, ou collectivement. Il en est ainsi de l’engagement pris par Bush le père, qui avait juré ses grands dieux qu’une fois l’opération tempête du désert terminée, il se consacrerait tout entier au règlement de la question palestinienne. Les Arabes l’ont cru, l’ont pour la plupart soutenu dans sa guerre du Golfe pour constater ensuite que le dossier palestinien restait gelé. Ce qui a permis à Israël, après un certain temps, de prendre l’initiative pour contourner l’application des accords d’Oslo, avant de les dénoncer carrément. Les Palestiniens, acculés, se sont rabattus sur l’intifada. Et l’État hébreu mais aussi Washington se sont hâtés d’imputer à ce soulèvement le blocage dont ils étaient eux-mêmes responsables. Ils ont exigé l’arrêt de la sédition, pour la reprise des négociations. Et le comble, c’est que certains pays arabes ont soutenu cette ligne, alors même que Sharon allait de l’avant dans sa guerre. Au sommet de Beyrouth, les Arabes ont été saisis d’une résolution dont on a pu dire qu’elle était d’inspiration américaine. En résumé, ils y demandent à Israël de retourner aux lignes du 4 juin 1967 et de permettre le retour de la diaspora palestinienne conformément à la résolution 194, moyennant quoi ils reconnaîtraient tous l’État hébreu. Qui s’est empressé de rejeter cette offre, bien qu’elle fût accueillie favorablement par Washington, par l’Europe et par la Russie. D’ailleurs l’escalade de la violence dans les Territoires a vite fait oublier l’initiative du sommet de Beyrouth. Et les Arabes ont tranquillement continué à enchaîner les déclarations de réprobation des actions israéliennes, pour la forme et sans manifester plus concrètement leur solidarité avec le peuple palestinien, ne serait-ce que sur le plan diplomatique. On peut du reste se demander, à ce propos, que peuvent faire les Arabes face au déchaînement de la puissance militaire israélienne et face aux États-Unis. À cela l’ancien diplomate répond qu’ils doivent au moins tenir un sommet urgent pour y proclamer les résolutions suivantes : – Refuser toute aide aux États-Unis dans leur guerre contre le terrorisme et a fortiori dans leurs visées contre l’Irak, s’ils ne mettent pas sur rails un règlement équitable de la question palestinienne, sur base de la déclaration du sommet de Beyrouth. – Exiger des garanties US concernant ce règlement, pour le cas où il ne pourrait intervenir qu’après une éventuelle frappe en Irak. – Demander aux États-Unis de choisir entre leur appui à Israël et leurs intérêts avec les Arabes. – Imposer aux pays arabes qui entretiennent des relations diplomatiques ou autres avec Israël d’y mettre fin. – Ouvrir devant la résistance les frontières de tous les pays limitrophes d’Israël. Émile KHOURY
Beyrouth s’inquiète de la passivité des Arabes. Ainsi, un ancien diplomate relève qu’ils gardent pratiquement le silence face à l’entreprise de démolition de la cause palestinienne déclenchée par Ariel Sharon. Et qu’ils ne réagissent pas non plus fermement aux menaces de Bush, qui veut frapper l’Irak bien que Saddam Hussein ait accepté le retour des inspecteurs. Or,...