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Actualités - OPINION

L’unité nationale, seul bouclier face aux périls

Deux sources principales de danger pour le Liban : les retombées d’une guerre américaine contre l’Irak ; et les conséquences, notamment en termes d’implantation, du bras de fer israélo-palestinien. Pour tenter d’amortir les coups potentiels, les Libanais, dirigeants en tête, ne disposent que d’une seule arme : leur unité. Ils doivent, de toute urgence, mettre de côté leurs querelles. Dont les causes paraissent bien petites, comparées aux bulldozers de l’histoire qui risquent de déferler sur la région, écrasant au passage tout rêve de souveraineté, d’indépendance, d’identité libanaise spécifique. Il n’est pas étonnant dès lors d’entendre le chef de l’État réitérer ses appels à la solidarité nationale, à une volonté solidement unifiée pour faire face aux orages qui s’annoncent. Car le pays n’est fort que lorsque son tissu social est bien soudé en vue d’objectifs communs, loin des pernicieuses considérations confessionnelles. De son côté, le président de la Chambre, s’adressant aux loyalistes et aux opposants, les met en garde contre les boules de feu qui risquent à tout moment d’embraser toute la région, semant l’anarchie, de la Méditerranée au Golfe. Mais force est de constater que les Libanais restent sourds aux sonneries d’alarme. Ils continuent à se disputer à tous les niveaux et à nourrir les uns envers les autres de noirs desseins, alimentés par de tenaces rancunes. Nombre d’entre eux font en outre passer leurs intérêts personnels avant ceux du pays. Globalement, ils campent sur le plan politique dans des tranchées opposées, affichant une hostilité réciproque à toute épreuve. Les uns sont pro, les autres sont anti. Prosyriens, antisyriens ; propalestiniens, antipalestiniens ; proaméricains, antiaméricains, etc. Dans le désordre ambiant, il y a donc fort à craindre que le fait accompli de l’implantation ne devienne définitif. Car il est évident que tout le monde chercherait à tirer profit de la faiblesse organique d’un pays aussi divisé, pour faire passer des solutions à son détriment. Et comme, en pratique, Israël fait échec à la création d’un État palestinien, on ne voit pas comment les réfugiés installés ici pourraient retourner dans leur terre d’origine. Si Sharon, qui dénonce les accords d’Oslo, réussit à détruire l’Autorité palestinienne, cela signifierait probablement qu’il chasserait les Palestiniens de 1948, pour vider leur terre à jamais. Selon des sources diplomatiques, Israël s’apprête à lancer une opération d’épuration ethnique. En commençant par exiger de ses ressortissants arabes la signature d’engagements aux termes desquels ils s’abstiendraient de toute activité contraire aux intérêts de l’État hébreu. Et en privant de tout droit de participation à la vie politique ceux d’entre eux qui lui seraient hostiles. Parallèlement, Israël soumet les territoires autonomes à une asphyxie économique totale, pour les affamer et pousser les habitants à en partir. Il espère convaincre les Américains de les installer ailleurs, dans des pays arabes de préférence. En Irak par exemple, lorsqu’il y aurait un nouveau régime. Et au Liban. En principe, on ne peut pas spéculer sur les effets à long terme d’une guerre américaine contre l’Irak. Mais pour le Liban, les précédents ne sont pas positifs. Il a en effet payé un certain prix, en ce qui concerne son indépendance, par suite de la guerre du Golfe. Qui a gommé en pratique le dispositif mis en place antérieurement, dont le comité tripartite arabe, pour faire appliquer vraiment Taëf. De plus, à l’époque, et aussi surréaliste que cela paraisse, certains pariaient qu’après l’invasion du Golfe, Saddam Hussein s’imposerait comme le maître de la région. Il a été défait, soumis à un sévère embargo, son pays a été ruiné et aujourd’hui, il risque d’être renversé. Le danger menace également d’autres régimes et toute la carte géopolitique régionale risque d’être profondément modifiée. Il est donc fort possible que ceux qui misent sur des changements avantageant leur ligne politique, en inversant les rapports de force, tombent sur un os. Et il n’est pas inimaginable que le Liban, une fois de plus, fasse les frais de la guerre pour ce qui est de sa souveraineté. À ce propos, et d’autre part, il est également évident que les Libanais, toujours aussi divisés, ne sont pas en mesure de prouver qu’ils sont capables de s’autogouverner vraiment, de s’émanciper de toute tutelle. Le président Hariri, qui cherche à se montrer rassurant car c’est de son devoir, affirme que le Liban serait le moins touché par une guerre en Irak, en raison de son éloignement. Cela serait vrai, si les Libanais n’étaient pas aussi fragilisés et rendus aussi vulnérables au moindre souffle, par leurs discordes. Émile KHOURY
Deux sources principales de danger pour le Liban : les retombées d’une guerre américaine contre l’Irak ; et les conséquences, notamment en termes d’implantation, du bras de fer israélo-palestinien. Pour tenter d’amortir les coups potentiels, les Libanais, dirigeants en tête, ne disposent que d’une seule arme : leur unité. Ils doivent, de toute urgence, mettre de côté...