Beydoun à Lawson : « Il faut refroidir les têtes chaudes israéliennes »

Le gouvernement va préparer un rapport relatif à son contentieux avec Israël sur le partage des eaux de la rivière Wazzani et pourrait envisager la demande d’une équipe de l’Onu pour suivre cette affaire, a annoncé hier le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun. M. Beydoun s’adressait à la presse après avoir reçu le nouvel expert en hydrologie du département d’État américain, Richard Lawson, arrivé mercredi pour renforcer la délégation qui inspecte les travaux de pompage du Wazzani, destinés à améliorer la desserte en eau potable d’une quarantaine de villages dans la zone frontalière. Il a indiqué que l’entretien a porté sur la tâche de l’expert américain « envoyé par son gouvernement dans un but bien précis ». « Nous considérons de notre côté qu’il s’agit de calmer l’excitation des dirigeants israéliens car il n’est pas permis, dans aucune logique, d’entendre les menaces de guerre de responsables israéliens autour d’un projet destiné à assurer l’eau potable à une petite région », a-t-il affirmé. « L’entretien a donc été axé sur la manière de refroidir ces têtes chaudes et de consacrer le droit du Liban à son eau afin de pouvoir, ultérieurement, empêcher Israël d’user de ce prétexte pour une éventuelle escalade militaire ou politique contre le Liban », a-t-il ajouté. M. Beydoun a rappelé que le projet en cours va porter la part du Liban, actuellement de 7 millions m3 par an, à 9 ou 10 millions de m3 par an. « Va-t-on mener une guerre pour un débit dont le coût annuel ne dépasse pas 700 000 dollars ? » s’est-il interrogé. « Dans les dix années à venir, nous devrons porter notre part à 15 ou 20 millions de m3 en raison du développement de cette région, et nous ne voyons rien là qui justifie les menaces ou l’escalade d’Israël », a insisté le ministre libanais. M. Beydoun a démenti que le Liban ait « ralenti » le rythme d’installation des nouvelles conduites d’eau, à la demande des États-Unis. Sur le terrain, tout indique, au contraire, que ce rythme a été accentué plutôt que ralenti, et des ouvriers travaillaient hier d’arrache-pied à quelques mètres des soldats israéliens et de leurs véhicules blindés patrouillant le long du grillage de protection installé sur la ligne bleue. Par ailleurs, réunie hier sous la présidence de M. Ali el-Khalil, la commission parlementaire des Affaires étrangères a décidé de charger une délégation parlementaire libanaise de se rendre aux États-Unis en mission d’explication. La délégation sera chargée d’éclairer les responsables américains sur les droits du Liban à ses ressources hydrauliques, comme aussi de protester contre les conséquences de l’approbation du Syria Accountability Act. Par ailleurs, la commission a demandé au gouvernement de tenter d’achever les travaux d’installation des conduites d’eau dans un délai maximum d’un mois. De son côté, le député Salah Honein a souligné dans une déclaration que le Liban doit se montrer aussi pointilleux sur ses droits hydrauliques qu’il s’est montré rigoureux au sujet de son sol, quand il s’est agi de dessiner la ligne bleue. Il en va de l’avenir de nos enfants, a-t-il insisté, tout en félicitant le gouvernement pour la fermeté dont il fait preuve en la matière.