WAZZANI - Incident entre l’armée israélienne et des ouvriers libanais à cause d’une borne déplacée de la ligne bleue Arrivée d’un nouvel expert américain en hydrologie(photo)

Un nouvel expert américain, Charles Lawson, a entamé hier une mission à Beyrouth portant sur le contentieux libano-iraélien concernant le partage des eaux du Wazzani, au Liban-Sud, où des soldats israéliens ont failli tirer sur les ouvriers qui avaient déplacé par mégarde une borne de la ligne bleue. Expert en hydrologie du département d’État américain, M. Lawson est arrivé mardi soir à Beyrouth. Il est venu renforcer une délégation américaine qui se trouve sur place depuis lundi et compte s’entretenir avec les dirigeants libanais avant de se rendre dans la partie Sud du pays pour s’enquérir sur le terrain des travaux hydrauliques en cours d’exécution et tenter de déterminer la part du Liban et d’Israël des eaux de cet affluent du Hasbani qui se déverse dans le lac de Tibériade. L’expert américain, qui sera reçu aujourd’hui à Baabda par le président de la République, le général Émile Lahoud, a conféré hier avec les chefs du Parlement, Nabih Berry, et du gouvernement, Rafic Hariri, en présence de l’ambassadeur des États-Unis, Vincent Battle. Il s’est abstenu de toute déclaration à la presse au terme des deux entretiens. M. Berry a pour sa part réaffirmé devant M. Lawson la détermination du Liban à faire valoir son droit à l’exploitation de ses ressources hydrauliques. Il a aussi renouvelé son appel à l’élaboration d’une « ligne bleue aquatique », soulignant que le Liban n’a jusqu’à présent utilisé « que sept millions de mètres cubes » du Wazzani et que « le projet en cours d’exécution porte sur le pompage d’une quantité supplémentaire ne dépassant pas les quatre millions de mètres cubes ». L’Onu, seule autorité compétente Le président de la Chambre a mis l’accent devant son hôte sur le fait qu’Israël « convoite depuis de nombreuses années les eaux libanaises », soulignant que « le Liban a refusé 22 ans durant d’engager avec Tel-Aviv des négociations sur ce point et qu’il n’est pas près de changer d’avis aujourd’hui ». Pour M. Berry, « l’Onu représente l’autorité compétente pour prendre en charge ce dossier ». Mardi soir, M. Hariri avait affirmé, en présence de M. Battle au cours d’un dîner, que le Liban voulait « sa part des eaux du Wazzani, ni plus ni moins ». Sur le terrain, une unité de la Finul est intervenue pour éviter qu’un incident survenu à la frontière ne dégénère. Des militaires israéliens ont failli tirer sur les ouvriers libanais et syriens qui s’employaient à creuser les tranchées où les conduites d’eau doivent être installées. Quinze soldats israéliens ont pointé leurs armes sur les ouvriers, après qu’une borne marquant la ligne bleue tracée par l’Onu eut été déplacée par inadvertance. L’opérateur d’une excavatrice de l’entreprise chargée d’installer 16 km de conduites d’eau reliées à la rivière a arraché la borne, un bloc de béton marqué d’un trait bleu qui a basculé deux mètres plus loin, près des barbelés israéliens, à la hauteur du village de Kfarkila, face à la localité israélienne de Métoulla. Observant du haut d’un mirador les travaux, l’armée israélienne a dépêché trois véhicules blindés et 15 soldats. Mais une équipe de la Finul est intervenue pour remettre en place la borne, indicatrice de la ligne bleue. L’unité s’est retirée quelques minutes plus tard et les travaux ont repris. Des patrouilles israéliennes motorisées ont intensifié leurs rondes sur une route asphaltée longeant les fils barbelés, pendant que des avions de combat survolaient les lieux à moyenne altitude provoquant des tirs des combattants du Hezbollah, déployés le long de la frontière.