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Actualités - OPINION

Roger Chémali, plus présent que jamais(photo)

Peu de temps après son élection à la présidence de la République, Béchir Gemayel entra en contact avec Roger Chémali, alors directeur général de l’Enseignement technique et professionnel, pour l’informer de son intention de lui confier le portefeuille du ministère de l’Éducation nationale. En ce jour funeste du 14 septembre 1982, le président élu demanda à Roger Chémali de le rejoindre à la permanence kataëb d’Achrafieh pour discuter avec lui, après la rencontre prévue à 16 heures, du dossier de l’éducation. Le lâche attentat du 14 septembre coûta la vie à Roger Chémali, en même temps qu’au président-martyr et à une vingtaine de ses compagnons de route, partisans et proches collaborateurs. Du fait de son action et de son dévouement pour son pays, notamment dans le domaine de l’enseignement, Roger Chémali devait ainsi faire partie de l’équipe que le président-martyr s’apprêtait à mettre en place. Nous reproduisons ci-dessous un hommage à ce grand commis de l’État. « Le juste, même s’il meurt avant l’âge, trouvera le repos. C’est un âge avancé qu’une vie sans tâche. Il a su plaire à Dieu qui l’a aimé. Il a été enlevé de peur que la malice n’altérât son intelligence ou que la perfidie n’égarât son âme. Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière. Son âme était agréable au Seigneur. Aussi l’a-t-il retirée en hâte d’un milieu dépravé » Ce passage de la Bible (Livre de la sagesse 47/10-11-13-14) illustre l’esprit et le parcours de Roger Chémali, ancien directeur général de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique et professionnel, dont le sort tragique fut accidentellement lié à celui du président-élu Béchir Gémayel et de 21 autres victimes, le mardi 14 septembre 1982. Docteur d’État es-sciences, major de Supélec, Roger Chémali, le plus jeune directeur général qu’ait connu le Liban, voulait faire de son pays un pépinière de bâtisseurs. Lors de ses obsèques, le ministre Henri Torbey avait soutenu que ses projets, s’ils avaient été réalisés, auraient éradiqué le chômage au Liban pendant cinquante ans. Feu Joseph Zaarour, ex-directeur général de l’Éducation nationale, l’avait présenté en ces termes : « Roger était l’homme du défi. Il avait une vision d’avenir selon laquelle le Liban de demain ne sera construit que par des jeunes ayant acquis les compétences techniques comme les qualités humaines les plus poussées. » L’ancien vice-président de la Commission nationale de l’Unesco, Fouad Sarrouf, estimait que « son génie s’est manifesté au plus haut point dans la réorganisation de l’enseignement technique. Les services qu’il a rendus comptent parmi les plus importants réalisés dans le secteur de l’éducation au Liban. » Son travail assidu de coopération avec la France pour, selon ses propres termes, « former l’homme, témoignage de sa foi dans le Libanais, afin de l’aider à devenir l’homme nouveau qu’attend le Liban nouveau », lui a valu le grade de chevalier de la Légion d’honneur française. Cette coopération s’est aussi caractérisée par l’inauguration de l’Institut pédagogique national pour l’enseignement technique (IPNET), un de ses plus grands chantiers avec la mission française, qui vise à la formation de professeurs hautement qualifiés. Il avait déjà voulu freiner il y a 20 ans l’exode des jeunes que nous subissons aujourd’hui. À l’époque où l’Internet n’était qu’un secret de la Nasa et où les ordinateurs en étaient encore à leurs premiers balbutiements, il précisait, dans une entrevue à L’Orient - Le Jour du 3 octobre 1979 : « L’important, c’est que le Liban, confluant des civilisations orientales et occidentales, se présente comme le lieu de prédilection pour le transfert de technologie parce qu’il est structurellement susceptible de lever toutes les barrières, notamment celles de la langue, des conceptions et des mentalités (...). C’est là sa mission naturelle (...). La coopération technique ainsi conçue est d’ailleurs à l’avantage de toutes les paries puisqu’elle permet d’opérer le transfert de technologie sans obligatoirement transporter l’autochtone de son milieu naturel. » Il y a 20 ans, l’homme s’est envolé avec les rêves qu’il caressait pour son pays. Roger Chémali, l’homme qui avait un sens si aigu et poussé de l’État et de son service, est parti en emportant l’empire qu’il voulait constituer à l’Éducation nationale, pour la plus grande gloire d’un Liban toujours à reconstruire. Charge à nous désormais d’honorer sa mémoire. Antoine Roger CHÉMALI
Peu de temps après son élection à la présidence de la République, Béchir Gemayel entra en contact avec Roger Chémali, alors directeur général de l’Enseignement technique et professionnel, pour l’informer de son intention de lui confier le portefeuille du ministère de l’Éducation nationale. En ce jour funeste du 14 septembre 1982, le président élu demanda à Roger...