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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - Un expert du département d’État US attendu mercredi à Beyrouth Lahoud : La décision d’exploiter les eaux du Wazzani « irréversible » (photo)

Le Liban demeure plus que jamais déterminé à faire valoir son bon droit sur une bonne partie des eaux du Wazzani, en dépit de la campagne internationale menée par Israël contre ses projets d’adduction d’eau potable à une vingtaine de villages du Liban-Sud. Une campagne qui a amené les États-Unis à intervenir et à décider l’envoi d’un expert du département d’État sur place. Selon notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane, l’expert américain, Richard Larsen, est attendu mercredi à Beyrouth. Il devrait se rendre au Liban-Sud pour inspecter la source du Wazzani et se rendre compte des travaux effectués actuellement par le Liban pour pomper l’eau en direction des villages assoiffés. Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Abdel Hamid Beydoun, a confirmé hier l’arrivée cette semaine d’une mission technique américaine, soulignant qu’il s’agissait d’une décision prise par Washington pour « vérifier les allégations israéliennes ». Interrogé par la chaîne LBCI, M. Beydoun s’est efforcé de minimiser l’affaire, se disant étonné du « tapage international » auquel se livre l’État hébreu autour d’une décision libanaise « d’alimenter en eau quelques villages ». Pour M. Beydoun, il ne s’agit pas du tout, comme le prétend Israël, d’un détournement des eaux du Wazzani, un affluent de la rivière Hasbani qui traverse la frontière et se jette dans le lac de Tibériade. Le ministre a indiqué que toute l’affaire se résumait à quelque deux millions de mètres cubes de plus pompés annuellement par le Liban, « ce qui ne correspond qu’à un pour cent du débit total » du Wazzani et du Hasbani. De source officielle, on avait précisé samedi que les résultats des travaux d’inspection qui seraient effectués par une mission « technique » américaine sur le Wazzani ne seraient pas considérés par Beyrouth comme contraignants pour ce qui est de la définition des volumes d’eau qui reviendraient au Liban et à Israël. Seules les Nations unies sont habilitées à trancher en la matière, sur la base des droits et des conventions internationales relatives à l’exploitation des eaux, estimait-on de même source. M. Beydoun a néanmoins souligné que les conclusions auxquelles parviendraient les experts américains pourraient éventuellement être prises en compte ultérieurement par l’Onu. Inquiétudes US À Jérusalem, un responsable américain qui a requis l’anonymat avait indiqué samedi à l’AFP que Washington avait décidé de dépêcher un médiateur pour tenter de régler le différend entre le Liban et Israël au sujet de l’exploitation par Beyrouth des eaux du Wazzani. Ce médiateur américain doit arriver dans la région « dans quelques jours » et entamera alors des discussions avec des responsables israéliens et libanais, avait ajouté ce responsable. « Nous avons parlé aux deux parties au plus haut niveau, à Washington, à Jérusalem et à Beyrouth, pour essayer d’amener les deux camps à trouver une solution de compromis pacifique », avait-il précisé. Interrogé sur l’issue de ces discussions, le responsable américain a déclaré : « Nous pensons que ces pourparlers ont été importants mais la question est encore préoccupante. » « Ceci est une affaire très sérieuse pour les deux pays », a-t-il dit. Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, avait affirmé mardi dernier qu’un détournement des eaux du Hasbani par le Liban constituerait un casus belli pour Israël. Il a indiqué que son pays avait alerté les États-Unis à ce sujet, menaçant le Liban d’une opération militaire si ce dernier mettait en exécution le projet de pompage du Wazzani. Vendredi, Israël est revenu à la charge, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres, qui a qualifié ce projet de « provocation inutile ». M. Peres s’exprimait à Washington à l’issue d’un entretien d’une heure avec le numéro deux du département d’État Richard Armitage, qu’il a appelé à considérer cette affaire avec le plus grand sérieux. D’autres responsables israéliens, cités par la radio publique israélienne, ont accusé le Hezbollah de tirer les ficelles de cette nouvelle crise, avec l’accord de Damas, afin « d’enflammer la frontière nord » d’Israël. À Baabda, le président de la République, Émile Lahoud, a affirmé samedi que la décision du Liban d’exploiter les eaux du Wazzani était « définitive et irréversible », en dépit des menaces israéliennes. « La décision du Liban de profiter de l’eau du Wazzani pour irriguer les terres et alimenter les villages assoiffés du Liban-Sud est une décision définitive et irréversible », a déclaré M. Lahoud en recevant une délégation du groupe d’amitié franco-libanais du Sénat français, conduite par Adrien Gouteyron, actuellement en visite au Liban. « Les menaces israéliennes ne sauraient nous empêcher d’appliquer les accords et les conventions internationales qui régissent le droit des États d’exploiter les eaux prenant source sur leur territoire », a ajouté M. Lahoud, dont les propos sont rapportés dans un communiqué de la présidence. « Le Liban poursuit ses contacts avec les Nations unies pour exposer sa position, basée sur son droit légitime d’irriguer les terres avides d’eau du Liban-Sud et pour que des pressions soient exercées sur Israël afin qu’il cesse de tenter de provoquer un nouveau problème », a souligné le chef de l’État. M. Lahoud a rappelé qu’Israël, le long des années de son occupation du Liban-Sud, a pompé les eaux du Wazzani pour irriguer ses propres terres et alimenter des projets touristiques et des piscines. Il a cependant souligné que « ce fait ne lui accorde pas (à Israël) le droit de poursuivre son agression, que le Liban considère comme une atteinte à sa souveraineté, notamment après la libération de la plus grande partie de son territoire ». « Grande inquiétude » de la Ligue arabe À New York, le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, qui prend part aux travaux de l’Assemblée générale de l’Onu, a été reçu samedi par le secrétaire général de l’organisation internationale, Kofi Annan. Au cours de l’entretien, M. Hammoud a exposé le point de vue du Liban au sujet de l’exploitation des eaux et demandé le soutien des Nations unies. De son côté, la Ligue arabe a exprimé, dans un communiqué parvenu à la représentation libanaise à New York, son soutien au Liban et sa « grande inquiétude » à l’égard des menaces israéliennes contre ce pays. La Ligue, qui affirme que le point de vue libanais au sujet de l’exploitation des eaux du Wazzani et du Hasbani « repose sur des bases légales et sur les principes du droit international », souligne qu’Israël « est allé jusqu’à menacer d’une guerre pour empêcher le Liban de bénéficier de ses eaux ». Enfin, à Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé le Liban et Israël à régler leur différend par des moyens pacifiques et des pourparlers. « Considérant le fait que le manque de resssources en eau au Proche-Orient est une cause traditionnelle de tensions, nous sommes convaincus qu’il faut prendre immédiatement des mesures pour régler le conflit actuel entre Israël et le Liban, lequel ne fait qu’aggraver la situation déjà très tendue » au Proche-Orient, a indiqué le ministère russe dans un communiqué diffusé vendredi. « Des problèmes de ce type doivent être résolus de façon pacifique, au moyen de pourparlers », ajoute le communiqué. La source du Wazzani se trouve à 700 m de la ligne bleue, tracée par l’Onu pour servir de frontière avec Israël à la suite du retrait israélien, en mai 2000. Le Liban est en train d’installer, à partir du Wazzani, un réseau d’adduction de 16 km de long pour alimenter les villages de la région. L’eau sera pompée directement à la source de la rivière. Les travaux se poursuivaient durant le week-end, ont constaté les correspondants dans la région.
Le Liban demeure plus que jamais déterminé à faire valoir son bon droit sur une bonne partie des eaux du Wazzani, en dépit de la campagne internationale menée par Israël contre ses projets d’adduction d’eau potable à une vingtaine de villages du Liban-Sud. Une campagne qui a amené les États-Unis à intervenir et à décider l’envoi d’un expert du département d’État...