MÉDIAS - Le patriarche maronite solidaire de la chaîne de télévision fermée Les employés de la MTV et de Radio Mont-Liban exposent leur cas à Sfeir(PHOTO)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a reçu hier au siège d’été du patriarcat, à Dimane, une délégation des employés de la MTV et de Radio Mont-Liban venue lui exposer le cas de plus de 450 familles qui risquent d’être privées de leur moyen de subsistance si les émissions des deux médias en question ne reprennent pas à court terme. Le patriarche maronite a exprimé sa solidarité avec les employés, soulignant que la cause qu’ils défendent est « une cause juste «. Le cardinal Sfeir a réaffirmé à cette occasion que « la liberté représente la spécificité du Liban ». Prenant la parole au nom de la délégation, le directeur du bulletin télévisé de la MTV, Ghayass Yazbeck, a souligné que « près de 450 familles sont aujourd’hui privées de leur moyen de subsistance, de même qu’elles sont sans protection juridique ». « Les institutions, a-t-il souligné, ont été exploitées pour réprimer les libertés et pour museler une chaîne qui s’autofinance, qui se fait le porte-parole de la population et qui se considère comme le porte-étendard des libertés. L’information au Liban est essentielle pour la liberté de pensée et d’expression. Nos ancêtres étaient attachés à la liberté et ils se sont réfugiés à Qannoubine parce qu’ils refusaient la servitude. » Et M. Yazbeck d’ajouter : « Nous n’avons plus que la pensée à exporter au monde. Même durant la guerre, nous n’avons pas assisté à ce qui se produit aujourd’hui. La politique détruit, en exploitant d’une manière nocive les institutions, ce que la guerre n’a pas été en mesure de détruire. Près de 450 soutiens de famille sont menacés de chômage et risquent d’émigrer. Comment peut-on dire encore que le Liban est le pays des libertés et de la presse libre lorsque certaines parties tentent de détruire les grandes institutions médiatiques du pays. » Prenant à son tour la parole, le patriarche maronite a déclaré : « La cause que vous défendez est une cause juste. Nous nous tenons à vos côtés. Nous aurions souhaité que les responsables fassent preuve de plus de compréhension, d’autant que les éventuels griefs, s’ils existent, auraient pu être réglés d’une autre façon. Nous espérons que le problème pourra être réglé par les voies légales. Nous pensons qu’il existe un moyen (juridique) qui permet de revenir sur la décision de fermeture (de la MTV) sans qu’il y ait un vainqueur et un vaincu. Nous devons œuvrer dans ce sens. » Le cardinal Sfeir a, d’autre part, réaffirmé que « la liberté constitue la spécificité du Liban ». « Nous espérons que le problème sera résolu, d’autant que vous avez tous besoin de votre emploi dans les circonstances présentes, a souligné le patriarche maronite. Les possibilités de travail au Liban ne sont pas grandes et la majorité des jeunes est contrainte de quitter le pays, ce qui est très préoccupant. » Les autres audiences de Sfeir Signalons, par ailleurs, que le patriarche maronite a également reçu hier Mgr Antoine Torbey, une délégation de Batroun, le vice-président de la Ligue maronite, le brigadier Antoine Barakat, ainsi que M. Habib Zoghbi. À l’issue de son entretien avec le patriarche maronite, M. Zoghbi a indiqué qu’un rapport sur l’économie des pays arabes, rendu public à Davos, en Suisse, met l’accent sur le fait que le développement et la croissance dans le monde arabe passent par « les libertés politiques ». « Les investisseurs étrangers, a déclaré M. Zoghbi, estiment que la démocratie et les libertés sont essentielles pour leurs investissements, car elles ont un impact direct sur l’économie libre et l’intégrité de la magistrature. Ce qui se produit aujourd’hui au Liban les concerne donc directement. Les instances internationales, les grandes puissances et les investisseurs étrangers se forgent une idée négative de la situation lorsqu’ils suivent sur les écrans des chaînes de télévision internationales les derniers événements qui se sont produits dans le pays. Les débordements au niveau des pratiques démocratiques ne peuvent qu’avoir un impact négatif sur la situation économique et financière », a conclu M. Zoghbi.