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Actualités - OPINION

La bataille politique revient chez elle, entre l’Est et l’Est bis

Après l’attaque de Kandil (lanterne, en arabe), contre Chedid (solide, en libanais), un accord de désengagement tacite semble avoir été conclu entre l’Ouest et l’Est. Les loyalistes mahométans, en jetant du lest, laissent l’Est s’expliquer avec l’Est bis. Car, si le premier se trouve du côté oriental de la capitale, le deuxième prend sa source notamment dans la Békaa ou au Nord, encore plus près du Levant. Et de la sublime porte. Les parlementaires loyalistes chrétiens ont formé récemment un contre-front, à peine quelques jours avant la crise de la MTV. Comme s’ils avaient eu la fulgurante prescience d’une urgente mobilisation, face à une imminente montée en puissance de l’opposition. À la faveur d’une nouvelle initiative supérieurement adroite des proches du pouvoir, issue de la vindicte postélectorale au Metn. Quoi qu’il en soit, le discours inaugural lénifiant du Rassemblement parlementaire de concertation (« nous ne sommes contre personne ») est maintenant abandonné. Le groupe se pose ouvertement en rival de la Rencontre de Kornet Chehwane, émanation morale de Bkerké. Et s’il n’en fustige pas le confessionnalisme (comment le pourrait-il du reste, étant lui-même entièrement composé de chrétiens), il ne publie aucun communiqué réprouvant les propos de cheikh Taha Sabounji. Et il ne désapprouve ce qui s’est passé au syndicat de la presse lundi que du bout des lèvres. Pour laisser d’ailleurs entendre que la responsabilité est imputable aux tirades enflammées des intervenants autorisés, comme le bâtonnier Chedid. Et pour affirmer, sans sourciller, que lui-même fait entendre la voix de la pure raison. Puisque encore à ce jour il défend la structure de dialogue initiée par Baabda. En ajoutant, pour faire bonne mesure, que le respect même des libertés implique que l’on ne cherche pas à imposer son avis. Autrement dit, qu’il ne faut pas soutenir que l’on a raison quand on entreprend de protester contre l’arbitraire. Cette démarche dialectique s’apparenterait à de l’ironie, n’était la volonté affichée d’escalade. De « bris des os », comme on dit en dialectal. Dans le sillage des dirigeants, élastiquement unis dans cette épreuve, les parlementaires du Rassemblement répètent à l’envi qu’il faut laisser faire la justice. Et mettre un terme à toute agitation, de rue ou politique, du moment qu’il faut respecter encore plus la loi que les libertés, forcément relatives en société. En précisant toutefois que si les textes présentent des défauts, on s’efforcera de les corriger. Ce qui, soit dit en passant, prendrait des mois sinon des années. Au grand dam des quatre cents familles d’employés qui risquent de se retrouver sur la paille (humide du cachot, éventuellement, si elles continuent à manifester). Le Rassemblement applaudit des deux mains les responsables quand il les entend déclarer qu’ils ne céderont à aucune pression populaire, politique ou sociétale. Une fermeté admirable quand on songe à Aïn el-Héloué, pour ne citer que cet exemple. Briefing En tout cas, à l’intérieur du foyer, on va vers l’incendie. Ainsi des sources du Rassemblement martèlent tout de go : « Dorénavant, nous ne nous tairons plus. Nous allons faire face à la Rencontre de Kornet Chehwane, qui prétend représenter les chrétiens. Nous allons proclamer des positions nettes, comme nous l’avons fait lundi au syndicat de la presse. Nous ne serons plus jamais absents de la scène ». Qu’on se le dise. L’un des piliers de ce groupe d’attaque a briefé les présidents Husseini et Karamé, ainsi que d’autres pôles, sur les raisons à l’origine de la création d’un front parlementaire confessionnellement monochrome. Pour les rassurer en quelque sorte. En leur faisant remarquer qu’il est préférable, pour ménager la coexistence communautaire, que la Rencontre de Kornet Chehwane soit d’abord combattue par des coreligionnaires. Il a ajouté que le sentiment d’urgence était né du manifeste-brûlot de Los Angeles. Après cette agression contre la ligne prosyrienne, il fallait prendre l’initiative, se porter en première ligne surtout du côté chrétien. Pour éviter que le pays ne plonge dans un conflit à caractère essentiellement confessionnel. Il fallait montrer clairement qu’il y avait un avis chrétien, notamment maronite, différent, et qu’il était fortement représenté à la Chambre. Sur le plan tactique, ce député a indiqué que le bloc allait se répartir les rôles et les sujets, pour être constamment actif et présent, par de retentissantes prises de positions. En indiquant que tout comme la Rencontre était animée par un évêque, une autre formation allait se regrouper à la cellule Hamad de Basta autour de cheikh Taha Sabounji, mufti de Tripoli. Qui a lancé son attaque la semaine dernière en se tenant sous un portrait du chef de l’État syrien et non devant le drapeau libanais. Ce qui laisse entendre que le Rassemblement parlementaire se destine à jouer un peu les contre-feu, pour ne pas dire les forces d’interposition. En se rapprochant au maximum de Baabda et en priant le président Lahoud de continuer à parrainer le dialogue national. Dont la Rencontre de Kornet Chehwane se démarque, ce qui prouve, aux dires de ses contempteurs, qu’elle ne veut pas de solution. En répétant qu’il n’y a pas lieu de lier le dialogue à une décision de justice ni de politiser l’affaire de la MTV. De son côté, un ministre soutient avoir reçu des informations de source sécuritaire selon lesquelles des parties politiques locales ont reçu des instructions du dehors leur demandant de maintenir la scène locale en état d’ébullition. Surtout lorsque le Congrès américain devra débattre du Syria Accountability Act, demain 12 septembre. Afin que les tensions aident à faire passer ce projet. À toutes ces charges, à toutes ces allusions, les piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane répondent qu’on cherche de toute évidence à marginaliser leur action, à l’affaiblir de l’intérieur, pour qu’elle n’aille pas s’étendre à l’Ouest. Ils ajoutent qu’ils vont maintenir le cap, jusqu’à la réouverture de la MTV. Avec un éventail d’initiatives allant de l’insubordination civique aux démissions de députés ou de directeurs généraux, en passant par des sit-in. Philippe ABI AKL
Après l’attaque de Kandil (lanterne, en arabe), contre Chedid (solide, en libanais), un accord de désengagement tacite semble avoir été conclu entre l’Ouest et l’Est. Les loyalistes mahométans, en jetant du lest, laissent l’Est s’expliquer avec l’Est bis. Car, si le premier se trouve du côté oriental de la capitale, le deuxième prend sa source notamment dans la...