Audeh : Le juge qui a rendu le verdict a-t-il songé aux familles des employés ?

Le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audeh, a lancé hier une attaque d’une virulence sans précédent contre les pôles du pouvoir qui tentent de porter atteinte aux libertés publiques, soulignant que « la liberté est une ligne rouge que nous ne laisserons personne transgresser ». Dans son homélie dominicale, Mgr Audeh a notamment déclaré : « La liberté est une ligne rouge car elle est intimement liée à notre vie, de même qu’elle ne saurait être dissociée de notre patrie. Je ne peux passer sous silence cette profonde injustice répugnante (la fermeture de la MTV) qui n’est certainement pas basée sur la loi, quoi qu’ils disent à ce propos. La rapidité du jugement rendu dans cette affaire est surprenante d’autant que de nombreux assassinats et meurtres perpétrés cette année sont restés sans suite. » Après avoir dénoncé « l’attitude répugnante » de certains pôles du pouvoir, Mgr Audeh a déploré le fait qu’aucun responsable n’ait songé au sort des salariés de la MTV. « Ils ne cessent de verser des larmes sur la situation socio-économique qui prévaut dans le pays, a déclaré le métropolite de Beyrouth. Mais je n’ai entendu aucun responsable soulever le cas de près de 400 employés (de la MTV) qui sont menacés de chômage forcé. Le responsable (de la fermeture de la MTV) a-t-il songé aux familles de ces 400 employés ? Les responsables ne semblent pas se préoccuper du devenir de ces familles qui seront privées de leur gagne-pain. J’invite tous les ouvriers et employés du pays à se solidariser avec ces familles. Le juge (qui a rendu son verdict dans l’affaire de la MTV) a-t-il pensé à ces familles ? » Et Mgr Audeh d’ajouter : « Ce qui s’est passé et ce qui se produit depuis un certain temps est le fruit de dissensions interfamiliales. D’aucuns sont disposés à plonger le pays dans des crises aiguës dans le seul but de préserver leur position et leur influence. Ils nous demandent parfois de nous taire de peur que les États-Unis, la France ou d’autres pays étrangers ne s’abstiennent de nous venir en aide sur le plan économique. Ils ignorent peut-être que ces pays ne sont pas aveugles et qu’ils suivent de près ce qui se passe dans le pays. J’ai la conviction que ce qui se passe vise à servir les intérêts, non pas du Liban, mais d’une poignée de personnes. » Après avoir déploré le fait que le Conseil des ministres n’ait pas pris la peine de se pencher sur l’affaire de la MTV, Mgr Audeh a souligné que la politique des responsables au Liban consiste à dire aux citoyens : « Faites et dites ce que bon vous semble, nous n’en tenons pas compte. » Et de conclure : « Ils ne cessent de souligner qu’il ne faut pas porter atteinte à la magistrature. Ils parlent des magistrats comme si ces derniers étaient de véritables saints. Il faudrait peut-être faire des icônes au nom de ces magistrats. Le juge qui a rendu le verdict (concernant la fermeture de la MTV) fait partie d’une famille célèbre. Comment se fait-il qu’il n’ait pas songé aux critiques (d’ordre juridique) exprimées par d’éminents juristes et par l’ensemble de l’Ordre des avocats. À ce juge, nous disons qu’il devrait réciter le Notre Père jusqu’au bout afin d’arriver au passage qui dit : Ne nous laissez pas succomber à la tentation. »