Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

À propos du Syria Accountability Act

Par Samir Frangié En réponse aux critiques qui m’ont été adressées par MM. Simon Abi Ramia et Alain Aoun, deux cadres du Courant patriotique libre (courant aouniste), suite à l’article publié dans L’Orient-Le Jour du 2 septembre, je voudrais apporter les précisions suivantes : 1- M. Simon Abi Ramia me reproche d’être « l’exemple patent des quelques hommes politiques dont le gris reste la couleur de référence ». Au sortir d’une guerre qui, par beaucoup de ses aspects, a été une guerre entre Libanais, une guerre entre des hommes qui ont choisi, souvent de bonne foi, d’opter pour des couleurs claires – le noir et le blanc –, je pense que la sagesse nous enjoint de choisir la couleur grise, c’est-à-dire de donner la priorité à l’entente entre les Libanais, prélude indispensable au recouvrement de notre souveraineté nationale. La sagesse nous enjoint également de reconnaître que nous avons tous contribué, chacun à sa manière, à la destruction de notre société et qu’il est peut-être temps de commencer à faire preuve de modestie et reconnaître que la logique du « blanc-noir », du « bien contre le mal » ne conduit qu’à des exclusions qui sont le prélude à la violence. 2- M. Simon Abi Ramia me suggère de « faire le tour du Liban » pour «réaliser que le Liban libre, indépendant, souverain, libéré de la tutelle syrienne est une volonté commune à la majorité des Libanais ». Faut-il vraiment faire «le tour du Liban » pour parvenir à cette constatation ? Le regroupement de Kornet Chehwane, qui a vu le jour après l’appel lancé par les prélats maronites le 20 septembre 2000, n’a-t-il pas pour objectif principal de lutter pour le recouvrement par le Liban de sa souveraineté nationale ? Le problème n’est pas dans la définition de l’objectif, mais dans les moyens d’y parvenir. Kornet Chehwane existe depuis un an, le courant aouniste est beaucoup plus ancien. Ne serait-il pas temps pour lui de refaire ses comptes en termes d’efficacité et voir si la politique poursuivie depuis 14 ans a donné les résultats escomptés ? 3- M. Alain Aoun me reproche d’avoir écrit qu’une minorité « se doit de justifier son existence autonome par rapport à la majorité » et s’interroge : « Les minorités non chrétiennes en Occident comme en France et aux États-Unis sont-elles appelées à justifier leur raison d’être dans des sociétés où elles vivent ? » Certainement pas, mais les minorités non chrétiennes en Occident n’ont jamais aspiré à jouer le rôle que les chrétiens du Liban ont eu dans le monde arabe. Et c’est pour renouer avec cette expérience historique, dont les grands moments ont été l’expérience du Collège maronite de Rome en 1584, la Nahda à la fin du XIXe siècle et le pacte de 1943, que les chrétiens sont appelés, comme je l’ai écrit, à « définir positivement leur différence en montrant en quoi leur existence est source de richesse pour la majorité au sein de laquelle ils évoluent ». 4- M. Alain Aoun affirme que si « l’auteur et ses collègues de Kornet Chehwane » approuvent la politique syrienne, leur refus du « Syria Accountability Act est tout à fait justifié ». Il est curieux, pour un membre d’un mouvement d’opposition qui est butte d’une manière systématique à des campagnes de répression, de pratiquer d’amalgame généralement mis en œuvre par les services de police. Faut-il rappeler à M. Aoun l’amalgame pratiqué par les services de renseignements, l’été dernier – toute personne qui s’oppose à la présence syrienne au Liban est un agent d’Israël – et qui a servi de prétexte à une campagne massive d’arrestations ? Affirmer aujourd’hui que rejeter le Syria Accountability Act signifie que nous approuvons la politique syrienne au Liban relève du même procédé. La démarche est incorrecte. Notre opposition au projet de résolution américain se base sur deux facteurs essentiels : tout d’abord notre volonté de ne pas compromettre les chances de mettre sur pied une opposition nationale multiconfessionnelle, ensuite notre préoccupation de ne pas exposer les chrétiens du Liban au danger d’une réaction du monde arabe (il serait peut-être utile de relire l’expérience des minorités chrétiennes dans la région notamment au début du siècle précédent) et de leur faire perdre ainsi l’occasion de jouer le rôle d’avant-garde dans un monde arabe en proie à une crise sans précédent.
Par Samir Frangié En réponse aux critiques qui m’ont été adressées par MM. Simon Abi Ramia et Alain Aoun, deux cadres du Courant patriotique libre (courant aouniste), suite à l’article publié dans L’Orient-Le Jour du 2 septembre, je voudrais apporter les précisions suivantes : 1- M. Simon Abi Ramia me reproche d’être « l’exemple patent des quelques hommes politiques dont le...