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Actualités - INTERVIEWS

RENCONTRE - Soprano libanais de renommée internationale Rima Tawil: la musique dans les gènes (photos)

Bien qu’elle ait déjà été l’invitée du très éclectique Festival al-Bustan, le public libanais a réellement découvert Rima Tawil, cet été, à Beiteddine, où elle s’est produite en duo avec le grand José Carreras. Le soprano libanais de renommée internationale, qui vit à Paris, a attendu d’avoir fait ses preuves sur les plus grandes scènes d’Europe avant de venir partager « un grand moment d’émotion avec ma famille et mes amis, dans ce cadre magnifique », dit-elle. Fidèle à ses racines, elle s’est également produite sur la scène de l’Usek, il y a deux ans, à l’occasion du 30e anniversaire de la fondation de la faculté de musique, dont elle est diplômée. Cantatrice « up to date » – comme toute la génération présente, elle n’a rien d’une Castafiore –, Rima Tawil est, à la ville, une mince jeune femme, en jeans dernier cri, mariée et mère de deux enfants. Hors scène, point de grandiloquence et d’airs tragiques, elle s’exprime posément, calmement, sans en rajouter dans le mythe de la chanteuse d’opéra astreinte à une discipline de vie et d’immenses sacrifices pour sa carrière. « Il y a des contraintes, certes, mais quand on est soutenue et aidée, moralement et physiquement, on y arrive quand même, explique-t-elle. À titre d’exemple, deux semaines après la naissance de ma fille, j’étais à nouveau sur scène en train de répéter Turandot. J’allaitais mon nouveau-né dans la loge, entre deux répétitions. J’essaye cependant de vivre le plus normalement. Je refuse de sacrifier ma vie privée et celle de ma famille. Bien sûr, à quelques heures d’un concert, je préfère ne pas bavarder ni rester dans une ambiance enfumée, je me couvre la gorge, etc. Mais ce sont des choses que je fais normalement, sans tomber dans les extrêmes. » Lauréate du concours de la Scala Pianiste de formation, Rima Tawil a presque la musique dans les gènes. Ses parents, mélomanes avertis, ont encouragé leurs quatre enfants à développer leurs dons musicaux. « Mon frère est violoniste, ma sœur aînée est pianiste, et j’ai une autre sœur qui est violoncelliste », signale-t-elle. Rima, la benjamine, commence des études de piano à six ans. Très tôt, elle intègre le Conservatoire national de musique de Beyrouth. À l’âge de 16 ans, influencée par son père, « grand amateur d’opéra », elle entame des cours de chant avec Jeannette Kouyoumjian. Une formation musicale complète qu’elle poursuit à l’École normale de musique de Paris, avant de conclure par des études de musicologie à l’Université de Kaslik. Son diplôme en poche, elle s’envole pour Milan, bien décidée à remporter le fameux concours de la Scala. Primée avec deux autres candidats parmi 200 participants, elle s’installe sur place, pendant deux ans, pour y perfectionner sa technique vocale (avec Giulietta Simionato et Maria-Luisa Cioni ) ainsi que sa présence sur scène. Laquelle inclut des cours de comédie, parce que, comme le rappelle la cantatrice, « il faut absolument être une très, très bonne comédienne pour mettre en valeur le personnage que l’on incarne». Outre les vocalises, il faut donc travailler son rôle. « Tout est une question de technique, mais il y a aussi la préparation du rôle, qu’il faut peaufiner jusqu’à avoir le personnage dans la peau ». Des personnages qu’elle a campés avec ferveur, elle cite : Salomé de l’Hérodiade du compositeur français Massenet. « J’ai non seulement chanté le rôle mais j’ai également interprété la danse des sept voiles », dit-elle avec une satisfaction non dissimulée . Tour à tour Desdemone (dans Othello), Aïda chez Verdi, Madame Butterfly, Manon Lescaut, La Tosca chez Puccini, La Dame de pique ou Eugène Onéguine chez Tchaïkovski... Rima Tawil passe avec un égal bonheur du français à l’italien, au russe et à l’allemand, même si elle avoue une prédilection pour la langue italienne, la chantante par excellence, et celle de sa formation. Parmi les professeurs de renom, rencontrés par le biais des nombreux concours qui parsèment avec succès son parcours, on peut aussi citer Placido Domingo. Et Bill Schumann, sous la houlette duquel elle travaille actuellement sa technique vocale à New York. Tandis que ses coachs à Paris sont respectivement Robert Kettelson et Michèle Voisinet. Au bout de quinze ans de métier, Rima Tawil avoue avoir toujours le trac. « Ce n’est plus la peur des débuts qui fait perdre les moyens, mais cette pointe d’émotion, d’excitation lorsqu’on est en forme, et une petite angoisse lorsqu’on n’est pas au meilleur de sa forme. On s’inquiète alors de sa voix, de sa possibilité à faire tous les effets, les mi-voix, les nuances, de pouvoir sortir les pianissimis, etc. » Loin de dormir sur ses lauriers, Rima Tawil, qui alterne les concerts durant en moyenne sept mois par an, a également à son programme l’enregistrement d’un CD en Autriche, avec l’orchestre philharmonique de Vienne, sous la direction de Manfred Mussauer. Puis, elle entamera une série d’opéra, dont le Faust de Gounod et toujours Madame Butterfly, en Allemagne, en Autriche, en France et à Miami. Un calendrier qui enchante cette artiste à la fois douée d’une grande sensibilité et de beaucoup de détermination, sous une apparence très délicate. Elle assure non sans une pointe de légitime fierté : « Il m’a fallu me battre pour arriver. Rien ne m’a été offert. Personne ne m’a jamais aidé. Tout ce que j’ai fait, je l’ai accompli seule. » Motivée par sa passion de la musique. Qu’elle a d’ailleurs transmise à son tour à sa fille, âgée de quatorze ans, qui est harpiste, et à son fils de dix ans, qui est violoniste. Et surtout par« un réel plaisir à affronter le public », dit-elle en conclusion. Zéna ZALZAL
Bien qu’elle ait déjà été l’invitée du très éclectique Festival al-Bustan, le public libanais a réellement découvert Rima Tawil, cet été, à Beiteddine, où elle s’est produite en duo avec le grand José Carreras. Le soprano libanais de renommée internationale, qui vit à Paris, a attendu d’avoir fait ses preuves sur les plus grandes scènes d’Europe avant de venir partager ...