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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - L’archevêque maronite de Beyrouth a célébré la messe traditionnelle à l’intention de la France Matar : « L’amitié franco-libanaise est basée sur une communion aux mêmes valeurs »(photo)

Assisté de son vicaire général, Mgr Joseph Merhej, et de NN.SS. Mansour Labaki et Michel Aoun, l’archevêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré hier la messe traditionnelle à l’intention de la France, à la résidence archiépiscopale de Aïn-Saadé. L’office divin a été célébré en présence de M. Christian Testot, premier secrétaire de l’ambassade de France, accompagné de son épouse et des cadres civils et militaires de l’ambassade, des ministres d’État Fouad es-Saad et Pierre Hélou, des députés Élie Aoun, Ghattas Khoury et Nassib Lahoud, du directeur général aux Affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, Naji Abi Assi, du président de la Ligue maronite, Harès Chéhab, et de nombreuses autres personnalités politiques et religieuses. Dans son homélie, Mgr Matar a évoqué les traditions qui accompagnent la fête de l’Assomption au Liban, rappelant à ses hôtes français que « nos deux peuples sont unis non seulement par la même culture, mais aussi par la même foi ». « Permettez-moi, en ces jours sombres que traverse le Liban, de m’adresser, avec vous, à Celle qui, du haut de la colline de Harissa, étend les bras comme pour accueillir tous ses enfants et les réunir sous son manteau protecteur », a ajouté Mgr Matar pour ensuite s’adresser à la Mère de Dieu, lui disant : « Marie, nous te prions avec nos amis de France qui aiment notre pays, qui l’ont toujours aimé et aidé. Éclaire-nous, toi, Étoile du matin. Nos souhaits semblent devenir contradictoires : la paix d’une part, la liberté de l’autre : oriente-nous. Que la vie sur notre terre ne nous soit pas octroyée au prix de nos raisons de vivre. Apprends-nous à trouver, comme toi, grâce auprès de Dieu, à Lui faire confiance puisqu’il est le Dieu de l’inimaginable. Ne règne pas seulement sur nos sommets ou dans nos vallées, dans nos églises et sur nos autels, mais dans nos cœurs pour les affermir et dans nos esprits pour les illuminer. Donne-nous de prier pour ceux qui nous ont précédés et pour ceux qui viendront après nous, pour les valeurs spirituelles et temporelles que notre peuple veut incarner. Donne-nous Marie de ne pas douter de notre avenir et de notre victoire sur le marasme. Donne-nous en ce jour l’espérance de ceux qui sèment et qui sont sûrs de la récolte. Aujourd’hui nous semons dans les larmes, mais nous cueillerons en chantant, comme dit le psalmiste. Nous Te prions pour la France, pour son président et son gouvernement, pour son peuple qui a inondé le monde de saints et de missionnaires, disciples de Ton école et qui ont œuvré et continuent à le faire à l’édification de la civilisation de l’amour. Marie Cèdre du Liban, prie pour nous. » À l’issue de la messe, les diplomates français et les officiels devaient être les hôtes à déjeuner de l’archevêque de Beyrouth. Dans un discours de circonstance dont nous reproduisons de larges extraits, Mgr Matar a évoqué les événements sanglants qui ont endeuillé les États-Unis le 11 septembre 2001 et a réitéré « notre réprobation du terrorisme sous toutes ses formes, en distinguant entre ce procédé criminel refusé internationalement, et l’acte de résistance face à une agression injuste, reconnu lui aussi internationalement ». Mgr Matar avait entamé son discours en ces termes : « Nous sommes fiers de la tradition qui s’est instaurée en ces murs depuis leur élévation, selon laquelle une messe est célébrée chaque année le 15 août, aux intentions de la France, avec la participation de ses consuls ou de ses ambassadeurs accrédités au Liban, en signe de l’amitié toute profonde qui lie depuis des temps immémoriaux nos deux pays et nos deux peuples. D’aucuns penseraient qu’il y aurait là quelque anachronisme révolu de la période impériale. La réalité en est tout autre, puisque cette tradition se charge avec le temps de nouveaux sens, soucieuse de l’avenir, et n’évoquant le passé que pour s’en inspirer en vue d’une meilleure adaptation aux temps présents. Il y aurait même à dire que le secret de jeunesse de cette tradition réside en ce fait que l’amitié franco-maronite, ou franco-libanaise est davantage basée sur une communion aux mêmes valeurs de l’esprit, que sur la concordance d’intérêts particuliers ou de groupes. Au nom de cette amitié, nous cherchons tous les deux l’universel et luttons ensemble en faveur de la liberté, pour le respect des droits de l’homme et de tous les peuples. » Mgr Matar a poursuivi : « Ainsi voudrais-je en tant que Libanais, et à la veille du premier anniversaire des événements tragiques du 11 septembre, qui ont ensanglanté l’Amérique et secoué le monde, évoquer les retombées de cette catastrophe planétaire sur les relations de l’Est et de l’Ouest, dont le Liban est un point de rencontre, et qui ne voudrait jamais se transformer en point de conflits et de séparation. Que nous resterait-il du Liban-message si l’islam et le christianisme venaient à vivre entre eux la discorde ou l’incompréhension ? C’est pourquoi, nous nous sommes sentis le devoir d’exprimer en ce temps de crise notre solidarité avec le peuple américain qui a été victime d’un acte immonde de terrorisme aveugle, d’affirmer notre réprobation du terrorisme sous toutes ses formes, en distinguant entre ce procédé criminel refusé internationalement et l’acte de résistance face à une agression injuste, reconnu lui aussi internationalement. Nous avons également dénoncé tout amalgame entre terrorisme et islam, en affirmant que la religion musulmane à l’instar de la religion chrétienne était dans son essence une religion de tolérance et d’élévation spirituelle de l’âme vers son créateur. Une nouvelle occasion nous est donnée aujourd’hui de répéter que si nous chrétiens du Liban étions en communion de foi avec les chrétiens d’Occident, nous n’en sommes pas moins en communion de vie avec nos concitoyens musulmans et avec tous les musulmans du monde arabe auquel nous sommes unis par le même destin. Il nous fallait dans ce sens refuser toute perspective de conflit entre les cultures, imaginé comme facteur inéluctable de déstabilisation, et comme la clé des relations futures qui allaient brouiller les croyants de toutes religions et les opposer les uns aux autres pour le malheur de tous. Tel n’est pas le monde voulu par Dieu. Telle n’est pas notre foi, et dans le concret de l’histoire, tel n’est pas l’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité promu par la France à travers toutes ses générations. Au contraire, la France représente un patrimoine humain de rencontre islamo-chrétienne, mis à l’épreuve dans plusieurs pays et sur plusieurs continents, et dont la francophonie constitue l’expression la plus noble et la plus éclatante. La providence a voulu, et grâce à la détermination du président Jacques Chirac, dont nous saluons ici la réélection prestigieuse à la tête de la République française, que le sommet de la francophonie se tienne bientôt à Beyrouth dans un contexte mondial de conflits et de tiraillements internationaux. Nous souhaitons que l’amitié franco-libanaise s’exerce à cette occasion, à faire remplacer le langage des armes, celles des forts et celles des faibles, par le dialogue des cultures et la compréhension entre les peuples, à transformer les rapports internationaux d’exclusion en rapports d’humanisme, de tolérance et d’inclusion. » Mgr Matar a ajouté : « Puis-je aussi adresser en cette circonstance à mes compatriotes libanais certains vœux inspirés de la fête d’aujourd’hui qui est précisément, et grâce à la Vierge Marie, fête de l’élévation du monde tout entier ? Si nous croyons au rôle et à la mission de notre pays, et si nous voulons être joueurs sur l’échiquier international comme Dieu l’a voulu pour nous, comment ne pas nous hausser au niveau de notre unité nationale en reconstituant une fois pour toute notre volonté générale, synthèse et réalité supérieure de nos volontés de corps. Pourquoi ne pas mener ensemble nos combats les plus nobles pour la souveraineté, pour le rattrapage du temps perdu, pour le retour de nos jeunes à la confiance dans leur pays et dans ses capacités ? Si, par contre, nous continuons à mener des combats séparés, les uns pour la souveraineté, les autres pour la sécurité et d’autres pour la prospérité, si nous pensons par malheur que chaque confession est responsable d’un combat qui lui revient en propre, et sans le concours de tout le peuple uni, les énergies ainsi dépensées seraient dilapidées et les peines perdues. Cela même conduirait à la dislocation du Liban qui ne s’en trouverait qu’au plus bas de l’échelle dans le concert des nations. Nous avons tous le désir profond d’échapper à l’impression que nous gaspillons notre temps à tenter de résoudre de faux problèmes alors que les enjeux sérieux et déterminants sont abandonnés. Nous ne sommes pas grands si notre pays ne l’est pas. Nos richesses sont vaines et insécurisées si notre pays étouffe dans le marasme. Nous ne sommes pas libres si le pays n’est pas souverain, mais nous cherchons en vain la souveraineté si nous manquons de volonté nationale commune. À son tour la sécurité n’a pas de sens si elle conduit à la paix des esclaves ou des cimetières. Et pourquoi opposer liberté et sécurité sans vouloir les concilier ou les réconcilier ? Savons-nous qu’une opposition acharnée entre ces deux valeurs mènerait à les perdre toutes les deux ? La situation du pays est tellement grave que nous n’avons pas le droit de le servir en ordre dispersé. Ainsi voudrions-nous souhaiter que la fête de la Vierge nous ramènera à nos intentions les plus pures et à notre raison la plus éclairée. Le salut du Liban est à ce prix et aucun prix ne doit être épargné pour sauver le Liban... »
Assisté de son vicaire général, Mgr Joseph Merhej, et de NN.SS. Mansour Labaki et Michel Aoun, l’archevêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré hier la messe traditionnelle à l’intention de la France, à la résidence archiépiscopale de Aïn-Saadé. L’office divin a été célébré en présence de M. Christian Testot, premier secrétaire de l’ambassade de France,...