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Actualités - CHRONOLOGIE

LIBAN-SYRIE - Le vice-président syrien fustige ceux qui ont fait « les mauvais paris » et met en garde Washington Khaddam : Les performances politiques de certains alliés libanais de Damas n’ont pas atteint le niveau requis

Ce n’est certainement pas la première fois qu’un dirigeant syrien, quels que soient son rang et sa fonction, critique, gentiment ou avec force sarcasmes, un acte ou un propos entrepris ou tenu (parfois même avant que cela ne lui soit demandé) par Beyrouth. Le premier allié de Damas au Proche-Orient. Mais c’est assurément la première fois – du moins depuis douze ans, date à laquelle a commencé à s’officialiser la tutelle syrienne sur le Liban – que le reproche est fait aux yeux du monde. Et par la bouche, qui plus est, du vice-président syrien, Abdel-Halim Khaddam (mais au nom de quel clan damascène s’exprime-t-il aujourd’hui ?). Abdel-Halim Khaddam, proche du Premier ministre Rafic Hariri, et qui est depuis quelque temps, plus ou moins officiellement, de nouveau en charge (ou plutôt en cocharge) du dossier libanais. « Je m’étonne que certains n’aient toujours pas profité des expériences du passé. Qu’ils continuent à miser sur le mauvais cheval, à parier sur un soutien étranger illusoire », a commencé par faire comprendre le responsable syrien, par la voix d’un ancien député de la Békaa, proche à l’époque de Rafic Hariri et beaucoup plus connu aujourd’hui pour sa discrétion que pour une participation sonore à la vie politique du pays, Ismaïl Succariyé. « Le pari de certaines personnes sur un appui du Congrès US par le biais de la (Syria Accountability Act) est une conspiration vouée à l’échec, qui aura un effet boomerang contre ses instigateurs. Même les États-Unis en sortiraient perdants au Liban, s’ils y répondaient positivement », a-t-il estimé. Dans une allusion évidente et un peu fourre-tout au congrès maronite de Los Angeles, aux aounistes, à Kornet Chehwane, etc. Le plus surprenant restait à venir, lorsque le n° 2 syrien a commencé à reprocher à l’État libanais de ne pas avoir pleinement rempli son devoir, de ne pas avoir dialogué (et pris sous son aile protectrice) avec « l’ensemble » de l’échiquier politique. « Les performances politiques de certains alliés (libanais) de la Syrie ne se sont pas élevées au niveau requis. En de nombreuses circonstances et en ce qui concerne bon nombre de positions » prises, a asséné Abdel-Halim Khaddam. Interrogé par L’Orient-Le Jour, l’ancien député békaiote (qui a également rencontré Ghazi Kanaan) estime d’abord que ce n’est pas la première fois que Damas reproche quelque chose à Beyrouth. « Certes, c’est la première fois que cela est officiel. Mais ce n’est pas un reproche dans l’absolu. Ce n’est pas un reproche global. Cela concerne les conflits entre les gens du pouvoir, lesquels conflits ont empêché la mise en place d’une plate-forme de dialogue qui aurait inclus tout le monde », explique Ismaïl Succariyé. Pourquoi ce timing, pourquoi en parler maintenant, alors que votre rencontre a eu lieu il y a quelques jours ? « Il n’y a pas de timing précis, ces propos s’inscrivent dans le cadre des très fermes condamnations exprimées à l’encontre de tous ceux qui sont en train de parier sur la loi qui se prépare en ce moment au Congrès. La condamnation par le président Khaddam de ce genre de paris est d’ailleurs bien plus virulente et bien plus fournie que le reproche modéré et nuancé qu’il a fait à l’État », s’empresse d’ajouter l’ancien parlementaire. Abdel-Halim Khaddam, dites-vous, a parlé des conflits entre les gens du pouvoir. À qui a-t-il fait nommément allusion ? A-t-il évoqué Baabda et Koraytem par exemple ? « Il n’a cité aucun nom. Je ne lui ai rien demandé, il n’a rien précisé. » Et ce dialogue auquel Damas appelle, vous le soutenez, vous le demandez ? « On espère tous que cela va se faire, que l’État va dialoguer. » Avec tout le monde ? « Non. Bien sûr que non. De quoi voulez-vous dialoguer avec ceux qui ne reconnaissent pas l’accord de Taëf par exemple ? Avec ceux qui misent sur les États-Unis et contre la Syrie ? Il doit y avoir dialogue avec ceux qui estiment, par exemple, qu’il y a telles ou telles lacunes dans tel ou tel dossier », a précisé Ismaïl Succariyé, après avoir insisté sur le distinguo entre opposants « modérés » et opposants « extrémistes ». L’Orient-Le Jour a également interrogé une source ministérielle loyaliste. Proche de Baabda. Qui a d’abord déclaré ne pas être au courant de tels propos, mais qui, une fois que ceux-ci lui ont été lus, a affirmé tout de go : « Il a entièrement raison ». En requérant l’anonymat. « Il y a effectivement eu manquement au devoir. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Et les responsables sont très nombreux. Ce sont tous ceux qui, députés, ministres ou présidents, ont participé à Taëf depuis 1992 jusqu’à aujourd’hui. Cela ne concerne pas uniquement l’Exécutif. Et je ne veux pas entrer dans des détails de noms ou autres. Tous ceux qui auraient dû faire campagne et lutter pour défendre Taëf et qui ne l’ont pas fait sont fautifs. Kornet Chehwane inclus. » Justement. Toujours à L’Orient-Le Jour, une source proche du pôle principal d’opposition (à tout le pouvoir et non pas à l’un ou à l’autre de ses pôles), Kornet Chehwane, estime les propos d’Abdel-Halim Khaddam « positifs », mais attend « leur concrétisation sur le terrain. Il faut mettre en place les conditions d’un dialogue interne et externe. Et qu’on le veuille ou non, la Syrie fait partie de ce double dialogue. Pusique entre elle et l’État, il y a, et c’est le moins que l’on puisse dire, des vases largement communicants. Dans tous les cas, les réactions contre Los Angeles et Kornet Chehwane, qui n’y était qu’en tant qu’observateur et qui n’a pas voté l’article contre la Syrie, même si elles ont été couvertes par Damas, c’est du côté de Rafic Hariri qu’il faudra aller les chercher. En réécoutant les cheikhs dans les mosquées, ou ses députés. À chaque fois qu’il est coincé, il réactive la rue sunnite ». Ziyad MAKHOUL
Ce n’est certainement pas la première fois qu’un dirigeant syrien, quels que soient son rang et sa fonction, critique, gentiment ou avec force sarcasmes, un acte ou un propos entrepris ou tenu (parfois même avant que cela ne lui soit demandé) par Beyrouth. Le premier allié de Damas au Proche-Orient. Mais c’est assurément la première fois – du moins depuis douze ans, date...