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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BAALBECK - Clôture avec « Poésie et musique» de Nidal al-Achkar Un cérémonial incantatoire(PHOTOS)

Ivresse de la poésie, de la musique et du chant avec le récital intitulé Kalimaat taachkou el naghamat (Des mots épris de notes) signé Nidal al-Achkar, elle-même fidèle et brillante vestale du parnasse arabe qu’elle a d’ailleurs toujours admirablement servi. Choix de poèmes magnifiques où se déploient et se reflètent toutes les émotions, les aspirations, les révoltes et la cause du monde arabe avec une place spéciale pour le Liban qui se mire dans un bouquet de textes lumineux aux fragrances douces et capiteuses. Assise au devant de la scène au temple de Bacchus, comme pour un cérémonial incantatoire, Nidal al-Achkar, toujours impériale dans ses atours satinés, ses colliers de reine, ses cheveux auburn et sa voix péremptoire, est entourée de ses acolytes officiants, célébrant la gloire du verbe. De gauche à droite, on cite volontiers, pour cette « messe » des rimes et des fulgurances, Mohamad Akil et sa percussion rythmique, Jahida Wehbé (à la voix splendide et d’une tendresse blessée), Khaled al-Abddallah et son oud aux coulées ensorcelantes, Jihad al-Andari et Randa Asmar. Premières mesures, profondément orientales, données par le daf et le oud et voilà le voyage magique à portée d’oreilles religieusement attentives d’un public recueilli dans l’intimité d’un temple voué au culte bachique. Du premier vibrant hommage à Baalbeck par le truchement de Khalil Moutran aux dernières menaces annonciatrices d’une ère nouvelle de Samih Kassem, le poème est tour à tour éclat de sabre, beauté d’une rose, rêve d’un clair de lune, amertume d’une larme, cœur en détresse, ville au réveil, pluie torrentielle, parfum de jasmin, cri d’amour, montagne verdoyante, ciel chargé, révolte sanglante, guerre fratricide, nuit mystérieuse, secret brûlant, femme amoureuse, Beyrouth dans l’étau de la tourmente, élévation mystique…De Khalil Gebran à Nadia Tuéni en passant par Élias Abou Chabké, Mikhayel Neaimé, Salah Labaki, al-Akhtal al-Saghir, Amine Nakhlé, Ounsi el-Hajj, Nizar Kabbani, Khalil Haoui, Adonis, al-Jawahiri, Fadwa Touquan, Saïd Akl, Mohamad el-Maghout, Georges Schéhadé, al-Hallaj, Ibn el-Arabi, Ghassan Matar, Ethel Adnan, Mahmoud Darwich et Samih el-Kassem, la poésie est devenue brusquement un grand livre ouvert qui appartient à Nidal al-Achkar et qu’elle ouvre et traverse avec autorité et amour en puisant avec verve, un sens aigu de l’émotion et la connaissance la plus fine de la littérature arabe (même francophone traduite, superbe ici dans son naturel écrin d’arabité) les mots qui troublent, illuminent, chavirent et touchent. Scandé, chanté, martelé, déclamé, récité, jeté dans un cri, psalmodié comme une prière, hurlé comme un appel à la guerre, murmuré comme dans les moments les plus doux ou violents de nos passions tues ou déclarées, le mot évoque ici le règne absolu et rayonnant du verbe. Dans son essence poétique la plus élevée, la plus éthérée, la plus transcendante. Nidal al-Achkar vitaminise, dynamise la poésie arabe car elle lui restitue, à travers musicalité et subtiles intonations nuancées, sa vertu d’oralité. Une vertu injustement oubliée car on a tendance à croire qu’une poésie est souvent chose à lire silencieusement sous la lampe…Or la poésie est initialement faite pour l’oreille, elle est faite pour être entendue. Anthologie vivante et percutante pour dire toutes les beautés, la lumière, les poussières, les couleurs, les victoires et les défaites du monde arabe en n’omettant jamais de donner chair, dans une troublante sensualité, à cette voix intérieure et humaine que seule la poésie porte secrètement en elle. Témoignage aussi d’une culture à mieux connaître et d’un art qu’on gagnerait à mieux cultiver. Voilà le grand mérite de cette passionaria des vocables qu’est Nidal al-Achkar et qui sait insuffler une vie nouvelle à toutes ces pages desséchées, bien injustement, par le temps, les préoccupations mercantiles et l’oubli. Un grand moment où les poètes arabes, mages, voyants et échos de leur siècle, en grandes et fiévreuses cohortes inspirées, ont empli le firmament de la Békaa d’images retentissantes. Edgar DAVIDIAN
Ivresse de la poésie, de la musique et du chant avec le récital intitulé Kalimaat taachkou el naghamat (Des mots épris de notes) signé Nidal al-Achkar, elle-même fidèle et brillante vestale du parnasse arabe qu’elle a d’ailleurs toujours admirablement servi. Choix de poèmes magnifiques où se déploient et se reflètent toutes les émotions, les aspirations, les révoltes...