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Actualités - REPORTAGE

SIDA - Journée mondiale de la jeunesse pour lancer la campagne contre la maladie Les tabous et le manque d’information augmentent les risques de propagation du virus

«Vivre et laisser vivre ». C’est par ce slogan que sera inaugurée la campagne mondiale contre le sida qui sera lancée dès aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse. La campagne culminera lors de la Journée mondiale contre le sida, le 1er décembre prochain, où elle devra toucher le grand public, mais surtout les jeunes. Conscient de la nécessité de lutter contre cette maladie ravageuse et de contribuer à en freiner la propagation, le bureau régional de l’Unesco à Beyrouth s’engage dans cette action dans l’espoir de parvenir à briser le silence qui entoure ce problème en ciblant particulièrement la catégorie des jeunes. Parmi les pays en voie de développement, le Liban, ainsi que l’ensemble des pays arabes continuent de se détourner de cette question tabou, préférant donner la priorité à l’agenda politico-social. Même si la région arabe n’apparaît pas encore affectée par le virus, avec un taux de prévalence de 1 % dans la population générale, cela ne signifie pas que le risque n’existe pas, bien au contraire, affirment les experts. Le manque de statistiques, les lacunes au niveau de l’information et surtout la difficulté à s’attaquer à une question qui nécessite une stratégie nationale et des études chiffrées sur les comportements sexuels des gens, autant de facteurs qui continuent d’entraver toute action sérieuse à ce niveau. « Le problème est que nous ne connaissons pas jusqu’à ce jour l’ampleur de ce phénomène dans la région arabe », explique Noha Bawazir, chargée de liaison à l’Unesco et responsable du dossier sida. « De même que nous ignorons tout des habitudes sexuelles des gens, notamment des jeunes dont on ne veut pas croire qu’ils peuvent déjà avoir des relations physiques. Il faut être réaliste et voir les choses en face », dit-elle, en insistant sur la nécessité d’un dialogue ouvert, mais adapté aux cultures locales. Prévenir la propagation du virus, mais aussi informer, expliquer et armer notamment les catégories les plus vulnérables, tel est l’objectif que s’est donné l’Unesco à travers cette action. Partenaire à la campagne mondiale auprès d’autres agences internationales des Nations unies (Pnud, Unicep, OIT, OMS, etc.), l’Unesco a décidé cette année de cibler les jeunes. Une véritable campagne d’information destinée aux 15-25 ans, notamment aux écoliers et étudiants universitaires, est actuellement en cours de préparation. Elle sera officiellement lancée le 1er décembre 2002 sous forme de tracts, brochures, posters, débats publics et ateliers de travail. « Il est temps d’agir et de mobiliser nos forces à tous les niveaux de l’échelle sociale, du leader politique en passant par les chefs religieux et les ONG jusqu’aux membres des communautés locales et parents dont le rôle est fondamental dans ce processus », explique Mme Bawazir. il s’agit d’apprendre aux jeunes ce qu’est le HIV et leur enseigner les compétences nécessaires en matière de négociations, de résolution de conflit (en cas de viols ou de relations sexuelles forcées) et de réflexion critique. Une stratégie qui vise à améliorer leur confiance en soi et leur capacité à prendre des décisions informées, telles que celles de favoriser l’abstinence sexuelle, retarder les premières relations sexuelles, prôner la fidélité à un seul partenaire et, surtout, faire un usage systématique du préservatif. « Nous avons certes des difficultés à faire passer le message du préservatif dans les sociétés moyen-orientales, au risque d’être accusés d’incitation aux relations sexuelles dans le milieu des jeunes », reconnaît la responsable de l’Unesco. « D’où une manière de contourner ce problème en adaptant la communication selon les groupes en présence tout en respectant leurs cultures et leurs croyances. » Généralement, on préfère ignorer que les jeunes ont une sexualité ou ne pas en parler avec eux. « Les raisons de ce silence sont les tabous qui entourent la sexualité, mais aussi la consommation de drogues injectables, l’homosexualité, les relations hétérosexuelles, la prostitution. C’est également le fait que la catégorie des jeunes, hommes et femmes, n’est pas considérée comme responsable et autonome de ses choix, faits et gestes ». Adopter des habitudes saines Une chose est sûre, reconnaissent les experts, il est plus facile d’adopter dès le départ, au début de l’adolescence et avant que les jeunes ne soient exposés à un risque quelconque, des habitudes saines que de modifier des comportements à risque déjà bien établis. « Nos jeunes ont le droit de savoir se protéger et protéger l’autre. Ils ont également la responsabilité d’apprendre à respecter la personne affectée ou infectée », poursuit Mme Bawazir. « Vivre et laisser vivre », l’objectif est on ne peut plus clair. Voilà qui justifie d’ailleurs le second volet de cette campagne internationale qui cherche en outre à luttter contre la stigmatisation et la discrimination sous toutes les formes. Le sida n’est pas simplement un problème de santé, affirment les spécialistes. C’est aussi un problème de droits de l’homme. La peur, le manque d’information, la mauvaise compréhension de la maladie suscitent automatiquement des jugements de valeur. Celles-ci ont de graves conséquences sur les personnes infectées, notamment leur exclusion à différents niveaux, que ce soit au travail, à l’école, au niveau des soins de santé ou encore dans leurs familles ou communautés. D’où une souffrance accrue chez les personnes atteintes. « La discrimination et la stigmatisation favorisent la propagation du VIH/sida, notamment chez le jeunes qui sont plus vulnérables que les adultes. En empêchant leur accès aux informations, services et moyens dont ils ont besoin, pour comprendre les risques et pour faire face à la maladie ou aux personnes infectées qui les entourent, on expose les jeunes à plus de risques », précise Mme Bawazir. Enfin, quelques chiffres parlant avancés par l’Onusida et l’Unicef : dans notre région, 160 000 jeunes de 15-24 ans vivent avec le sida, dont 41 % de femmes. Une chiffre qui explique probablement la décision annoncée par la Commission européenne, vendredi dernier, qui vient de lancer un programme de 22 millions d’euros pour lutter contre le sida dans les pays en développement, un plan principalement destiné aux jeunes. Le programme prévoit des actions de prévention, de soins et de traitement, précise la Commission dans un communiqué. « Une attention spéciale sera accordée aux besoins des jeunes femmes, particulièrement vulnérables à l’infection par le virus », ajoute Bruxelles. Le plan s’inscrit dans la politique de la Commission visant à éliminer la pauvreté par l’amélioration de la santé. « Quarante millions de personnes sont atteintes du VIH aujourd’hui, dont 95 % dans les pays en développement », rappelle le communiqué, ajoutant que « les nouvelles infections se multiplient au rythme de 15 000 par jour ». Selon la Commission, ce sont les jeunes, et plus spécialement les jeunes femmes, qui contractent le virus d’immunodéficience à une cadence accélérée. Je.J.
«Vivre et laisser vivre ». C’est par ce slogan que sera inaugurée la campagne mondiale contre le sida qui sera lancée dès aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse. La campagne culminera lors de la Journée mondiale contre le sida, le 1er décembre prochain, où elle devra toucher le grand public, mais surtout les jeunes. Conscient de la...