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Actualités - OPINION

Amorce de récollection dans le camp chrétien

La nette ouverture sur l’Est opposant, engagée samedi à Dimane par l’un des pôles les plus en vue du périphérique chrétien, M. Sleimane Frangié, en a surpris plus d’un. Elle s’inscrit pourtant dans le droit fil des conseils, ou de la recherche, d’entente dégagés par Damas il y a une dizaine de jours. On sait en effet qu’au cours du cycle d’audiences accordées alors par le président Assad à diverses formations libanaises, le chef de l’État syrien avait en substance développé cette équation : les Libanais doivent s’entendre entre eux, à tous les niveaux, pour aborder ensuite le dossier des relations bilatérales avec nous. Le jeune leader nordiste s’est donc rendu auprès du patriarche Sfeir. Pour en solliciter le parrainage actif, en vue d’un dialogue interchrétien. Il a tenu à cette occasion à souligner que le projet de groupe maronite dit indépendant ou modéré n’a pas pour but de contrer le patriarcat. Ce qui signifie en clair que le bloc parlementaire en gestation n’a pas l’intention de prendre le contre-pied de Kornet Chehwane, émanation de Bkerké. M. Frangié, contrairement à d’autres pôles comme M. Kabalan Issa el-Khoury, ne s’accroche pas, dit-il, à des orientations préétablies. Il précise d’ailleurs que le programme du rassemblement envisagé n’a pas encore été élaboré. Et répète bien fort son attachement aux principes prônés par Bkerké. Le pas en avant du ministre est d’autant plus remarquable, relèvent les observateurs, qu’antérieurement il avait affiché des positions pour le moins critiques à l’encontre de la Rencontre. Il souhaite aujourd’hui aboutir à une plate-forme commune, à un document de travail unifié, avec cette instance. En se démarquant de la sorte de collègues du même bord qui persistent à s’inscrire en faux systématiquement contre la ligne de l’Est opposant. Surtout après le manifeste brûlot de Los Angeles qui a indisposé les décideurs. Cependant, même les loyalistes ultras avouent aujourd’hui qu’après la partielle du Metn, on ne peut plus, comme auparavant, soutenir que la Rencontre ne représente pas grand-chose sur le terrain. Ce constat même a d’ailleurs incité les contre-opposants de l’Est comme de la périphérie à renoncer à l’idée initiale d’un regroupement uniquement maronite. Pour se chercher des appuis dans d’autres communautés chrétiennes, voire éventuellement ou ultérieurement, du côté de l’Ouest musulman. Il n’est pas exclu que dans le même mouvement de glissement, la démarche de M. Frangié contribue à isoler les loyalistes purs et durs, son exemple pouvant être rapidement suivi par d’autres pôles dits indépendants. En d’autres termes, sa politique de main tendue pourrait faire tache d’huile prochainement. Et déboucher sur ce dialogue même qu’il appelle de ses vœux. D’autant plus facilement, sans doute, qu’au cours du même week-end, M. Walid Joumblatt a de son côté plaidé ardemment pour l’union des cœurs et le modérantisme. En saluant Bkerké, tout comme M. Frangié. Il est évident, répétons-le, que ce courant de conciliation et de réconciliation élargies s’abreuve à la source assadienne. D’ailleurs, des taëfistes convaincus répètent à qui veut les entendre que l’heure du dialogue national a sonné. Et que si le pouvoir continue à faire la fine bouche à ce propos, ce que même des loyalistes lui reprochent, le concours de Damas, direct ou indirect, devrait faire rapidement avancer les choses. Ces sources , oubliant les slogans ostracistes d’hier, indiquent aujourd’hui qu’il est indispensable de parler avec l’Est, de le récupérer en somme, radicaux compris, pour renforcer en définitive l’alliance organique avec la Syrie. En l’épurant de ses scories. Il reste cependant évident que le parcours d’entente est difficile, à tous les plans, à tous les échelons. En effet, dès que l’on décide de donner un sens précis à des généralités unanimement admises, comme l’allégeance nationale ou la souveraineté, on tombe dans les conflits. On sait ainsi que pour les uns, la présence syrienne, militaire ou politique, est une atteinte à la souveraineté. Alors que pour les autres, dont certains n’hésitent pas à parler de double souveraineté, c’est le contraire. Tout cela est connu et implique en outre de lourdes retombées sur les structures politiques, et électorales, intérieures. On se demande de la sorte comment les députés chrétiens qui rejettent la Rencontre de Kornet Chehwane peuvent s’en rapprocher, du moment que leurs positions, pour ne pas dire leurs carrières, en seraient automatiquement ébranlées. Pour tout dire, par rapport au dossier crucial des relations avec la Syrie, les positions restent trop éloignées, sinon inconciliables. À preuve d’ailleurs que le pouvoir a coupé court, très vite, au dialogue amorcé naguère avec la Rencontre. Parce qu’il n’avait à lui opposer, au sujet du retrait syrien comme du déploiement de l’armée au Sud, qu’un non définitif. Toujours est-il que le 27 août, le bloc indépendant en gestation doit tenir une réunion statutaire décisive. On verra alors s’il pourra voir vraiment le jour et sur quelles bases précises. D’ici là, nombre de ses membres comptent, comme M. Frangié, rencontrer le patriarche Sfeir. Philippe ABI-AKL
La nette ouverture sur l’Est opposant, engagée samedi à Dimane par l’un des pôles les plus en vue du périphérique chrétien, M. Sleimane Frangié, en a surpris plus d’un. Elle s’inscrit pourtant dans le droit fil des conseils, ou de la recherche, d’entente dégagés par Damas il y a une dizaine de jours. On sait en effet qu’au cours du cycle d’audiences accordées...