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Actualités - CHRONOLOGIE

TÉLÉPHONIE MOBILE - À une semaine du Conseil des ministres « de la dernière chance », les deux camps exacerbent leurs positions Hariri signerait « dans les 48 heures » un nouveau cahier des charges avec la HSBC pour l’adjudication du réseau

Tout est une question de date butoir. Selon la loi, le 31 juillet, toutes les propositions pour la gestion des deux réseaux de téléphonie mobile doivent avoir été envoyées. Le Conseil supérieur pour la privatisation, lorsqu’il a lancé la semaine dernière son appel d’offres, a fixé pour sa part au 9 août ce dernier délai. Et les deux parties jouent sur ces dates. Sont-elles impératives ? Incitatoires ? Extensibles donc ? Une question primordiale, qui sera, entre autres, au centre des débats le 1er août prochain, lors du Conseil des ministres. Lequel devrait mettre un terme à la guéguerre (des mots et des nerfs) entre Émile Lahoud et Rafic Hariri. Une question de laquelle dépend également le mécanisme qui sera mis en place au 31 août prochain, lorsqu’il faudra assurer la continuité du secteur, c’est-à-dire continuer à garantir la satisfaction du consommateur. Encore une date butoir, et sur laquelle les deux parties divergent aussi. Pour Baabda, au 31 août à minuit, les revenus du secteur devront revenir à l’État. Arguant que si l’on prolonge les délais d’un mois, rien n’empêche de les prolonger ensuite de deux, trois, ou quinze autres mois. Pour Koraytem, le mécanisme de privatisation (enchères ou adjudication) devra bel et bien être lancé, mais l’on peut, si besoin était, prolonger le délai « d’une ou de deux semaines ». « Nous ne sommes pas rendus », auraient dit, placidement, benoîtement, nos amis suisses. Manière de dire qu’à une semaine de ce Conseil des ministres que tous les observateurs qualifient de celui de « la dernière chance », ça se complique, un peu plus chaque jour. À coups, généralement, de rumeurs. Qui se révèlent, en fin de compte, plus ou moins vraies. Rumeur n° 1 : le Premier ministre, dit-on, « s’est saisi » du dossier du cellulaire. À bras le corps. « Pour un face-à-face direct avec le président de la République. » Le 1er août prochain, il arrivera en Conseil des ministres avec une série de questions et une série de réponses. Sur le plafond minimal à adopter en ce qui concerne les enchères. Sur le fait de savoir si une société peut en même temps se porter candidate pour l’adjudication « et » pour les enchères. Sur le point de savoir si Cellis et LibanCell, en litige avec l’État, peuvent ou non participer à l’appel d’offres. Et enfin, au sujet du cahier des charges, présenté par le ministre des Télécommunications le 17 juillet dernier. Il va signer, « dans les 48 heures », un nouveau cahier des charges avec la société HSBC, pour l’adjudication (celui pour les enchères est déjà fait) des deux réseaux GSM. une source autorisée au ministère des Télécommunications affirme que « cela a été fait pour une somme énorme pour satisfaire la société HSBC, et continuer à profiter de ses services. Alors que nous, nous l’avons fait gratuitement, en quatre jours et en travaillant jour et nuit, avec des experts libanais et anglais. Le ministre Cardahi a d’ailleurs exprimé de fortes réserves. Parce que le Premier ministre ne peut signer un nouveau cahier des charges qu’avec l’accord du Conseil des ministres. » Une source proche de Koraytem répond. « Ce n’est pas le Premier ministre qui s’est saisi du dossier. C’est le Conseil supérieur pour la privatisation (CSP, présidé par Rafic Hariri) qui s’en est saisi. Après les propos de Jean-Louis Cardahi qui, lorsqu’il a remis le cahier des charges, avait affirmé qu’il avait terminé son travail, et que c’est désormais au CSP de s’en occuper. Et en ce qui concerne le cahier des charges, que le ministre Cardahi lise la loi avec les yeux, et l’applique au doigt et à l’œil. Cette loi stipule que c’est une société internationale qui doit établir ce cahier, simultanément à celui des enchères. Le ministre a failli à son devoir, et a mis le CSP devant le fait accompli. » La source en question n’a qu’un leitmotiv : « Appliquer la loi ». C’est-à-dire qu’elle refuse toute période de transition, toute prolongation du contrat en BOT. « Nous avons accusé les deux sociétés de vol, nous avons rompu les contrats, nous ne voulons d’aucune période de prolongation », martèle-t-elle. « Si les enchères ne satisfont pas le Conseil des ministres, il y aura adjudication, et le réseau reviendra à deux sociétés qui le géreront pour le compte de l’État. Sauf que pour cela, il faut un cahier des charges qui soit fait dans les règles, avec des garanties financières. Qu’il y ait donc un appel d’offres. Le mécanisme de Jean-Louis Cardahi est fait de telle sorte que grâce à tout le temps que son ministère a perdu, exprès, ce seront deux sociétés qui signeront un accord de gré à gré, sans aucune garantie financière. Et que l’on ne nous dise pas qu’il n’y aura pas adjudication, qu’il n’y aura pas le temps nécessaire. Huit cent millions d’adjudications se font par an, et passent comme une lettre à la poste.C’est un comble d’hypocrisie. Nous refusons catégoriquement que les gens croient que ce sont eux qui défendent les finances de l’État, et que nous, nous défendons l’argent des sociétés », s’époumone la source proche de Koraytem. Rumeur n° 2 : la médiation Nabih Berry. Le président de la Chambre aurait refusé que le Parlement tranche entre Émile Lahoud et Rafic Hariri à propos de l’article 3 de la loi sur le cellulaire. Chat échaudé craignant l’eau froide, le n°2 de l’État ne veut plus jouer officiellement et publiquement les go-between, et se faire taper sur les doigts, comme cela s’était produit sur le perron de Bkerké, il y a plusieurs mois. Sauf que Nabih Berry est intelligent, et il sait que s’il arrive à concilier deux points de vue que tout semble désormais séparer (est-ce un conflit politique ? économique ?), il sera le grand gagnant. On dit ainsi qu’à titre personnel et (très) privé, il travaille activement, d’en dessous de la table, et en profitant du fait que l’absence du pays du président de la République a quelque peu fait tomber la pression, sur une formule médiane à la Jacques Martin. Une formule grâce à laquelle tout le monde serait satisfait. Et qui stipulerait qu’au 1er septembre prochain, Cellis et LibanCell continuent à gérer le réseau en BOT, mais que la part de l’État passe de 25 % à 40 % (comme le contrat le prévoit au 1er janvier 2003), voire même jusqu’à 60 % (prévus au 01/01/2004). Qui stipulerait également que les deux sociétés retirent le procès qu’elles ont intenté à l’État. Ainsi tout le monde serait satisfait. Pas le camp de Koraytem – du moins pour l’instant –, qui refuse à parler de go-between, « il n’y a pas de médiation Berry », dit la source précitée, et qui réaffirme, encore une fois, la primauté de la loi, votée par la Chambre début juin. Rumeur n° 3 : l’intervention syrienne. Elle n’est pas directe. Du moins elle n’en a pas l’air. D’aucuns soulignent qu’elle se fait par le biais de Nabih Berry. Ajoutant que Damas a tout intérêt à calmer le jeu sur l’échiquier libanais. Dans tous les cas, l’inamovible Abdel-Halim Khaddam a invité hier à dîner, dans les montagnes syriennes. Parmi les convives : Rafic Hariri, Walid Joumblatt, Khalil Hraoui, Élie Ferzli, Robert Ghanem, Abdel Rahim Mrad, etc. Force est de constater que si cela n’est pas une intervention, une incitation, aux uns comme aux autres, ça y ressemble malheureusement beaucoup. Et parallèlement à ces trois rumeurs, il y a deux espoirs. Le souhait, d’abord, que l’optimisme du ministre de l’Information, Ghazi Aridi (un des intermédiaires entre le binôme de l’Exécutif, dit-on), s’avère payant. Il a réaffirmé, au sortir du Conseil des ministres d’hier (ou pas un seul mot sur le cellulaire n’a été prononcé), qu’en ce qui concerne la téléphonie mobile, « nous nous dirigeons tout droit vers un accord. » Il n’a donné aucun détail, « parce que la formule n’est pas encore au point », mais a prévu et certifié que « tout le monde sera d’accord ». L’autre espoir est plus tenace, plus impératif. Quatre espoirs. Que le dindon de cette véritable farce ne soit pas, une nouvelle fois, le Libanais. Qu’au 1er septembre, chaque cellulaire continue de fonctionner. Que si la solution médiane de Nabih Berry est adoptée, ce ne soit pas aux dépens du consommateur – qui devra payer la différence. Que Rafic Hariri ne se soit pas saisi du dossier, via le CSP ou pas, qu’il refuse aussi catégoriquement toute période de transition, persuadé qu’il est que les appels d’offres réussiront, parce qu’il a ses deux propres sociétés à placer. Que Jean-Louis Cardahi ne soit pas aussi sûr qu’il n’y aura pas le temps, et qu’il ait été à ce point prévoyant en ce qui concerne la continuité du service, parce qu’il a ses deux propres sociétés (ou celles que Baabda souhaite) à installer à la tête du réseau. Le Libanais se moque éperdument de savoir si le problème est économique ou politique. Et qu’on ne vienne pas l’accuser d’intenter à l’un ou à l’autre de ses dirigeants des procès d’intention. Puisque l’un et l’autre de ses dirigeants ne se privent absolument pas de le faire. Ziyad MAKHOUL
Tout est une question de date butoir. Selon la loi, le 31 juillet, toutes les propositions pour la gestion des deux réseaux de téléphonie mobile doivent avoir été envoyées. Le Conseil supérieur pour la privatisation, lorsqu’il a lancé la semaine dernière son appel d’offres, a fixé pour sa part au 9 août ce dernier délai. Et les deux parties jouent sur ces dates....