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Actualités - OPINION

Polémique - Encore et toujours le manifeste-dard de Los Angeles Échange de reproches entre modérés de l’Est et de l’Ouest

À l’Ouest ( rien de nouveau), on s’accroche à Taëf, tout tronqué qu’il soit. Et l’on reproche à l’Est d’en outrepasser un peu trop souvent, un peu trop volontiers, les bordures. En se référant encore et toujours au manifeste-dard de Los Angeles. En réponse, l’opposition rappelle que le document dit d’entente nationale ne néglige pas ces constantes d’entité spécifique, de souveraineté et d’indépendance que ses prétendus défenseurs ont toujours l’air de traiter par le mépris. Mais, de part et d’autre, compliment partagé, on condamne le trop-plein de surenchères exaltées auxquelles se livrent les radicaux des deux bords. Ainsi, l’on estime que le susdit manifeste a provoqué un peu trop de bruit et de fureur. Les attaques qu’il a entraînées se sont accompagnées de menaces, de manœuvres d’intimidation. Ce qui en a étonné plus d’un. Dont l’un des organisateurs du congrès, le Dr Élias Ayoub. Qui affirme que les critiques sont déplacées, dans ce sens qu’elles semblent porter sur les résolutions d’une tout autre conférence. Ce qui signifie que l’on fait mine d’attribuer aux maronites émigrés un dire, plutôt violent qu’ils n’ont jamais ni pensé ni, a fortiori, exprimé. Ce notable regrette ensuite que l’on n’ait pas songé à commenter avec sérieux les thèmes essentiels que Los Angeles a voulu mettre en relief. Localement, certains parlementaires opposants n’ont pas hésité à prier des collègues, dont les réactions négatives avaient été particulièrement fougueuses, de présenter des excuses. Mais il leur a été rétorqué que nul n’avait été trop loin dans la riposte. Vu que certains opposants, sans doute stimulés par le brûlot de Los Angeles, n’avaient pas hésité à laisser entendre que l’on cherchait tout bonnement à brader l’entité libanaise. Ce qui a provoqué un haut-le-cœur d’indignation outrée chez les patriotes de l’Ouest. Ou du Nord. En effet, le bloc tripolitain (Mohammed Safadi, Mohammed Kabbara, Maurice Fadel) s’est élevé dans un communiqué contre les velléités sectaristes de certains groupements en voyant dans un tel sursaut de fanatisme la mort annoncée de la politique. Ces députés affirment que Taëf a tranché une fois pour toutes la controverse endémique larvée autour de l’identité arabe du Liban, patrie définitive pour tous ses fils. Ajoutant qu’il est vain de vouloir derechef mettre en doute l’appartenance arabe du pays. Et, en même temps, la primauté de l’allégeance purement nationale ne peut faire l’objet d’aucune condition, d’aucun bazar. Cette prise de position basique (comme disent les informaticiens) a été généralement bien accueillie. Car tout le monde y trouve son compte. Et approuve d’un hochement de tête l’appel tripolitain sous-jacent à l’unité nationale comme à la raison. Sans pour autant être prêt à y sacrifier ses intérêts ou ses positions. On a pu entendre de la sorte, vendredi, des prêches enflammés contre Los Angeles, congrès présenté par certains orateurs comme une émanation directe du lobbying sionisto-israélite américain. Ces prédicateurs ont enjoint à Kornet Chehwane de se démarquer nettement du congrès maronite. Et sinon de le dénoncer ouvertement, du moins d’affirmer solennellement, dans un contre-manifeste, son indéfectible attachement à l’arabité du Liban. Ainsi qu’à la fraternité hospitalière avec la Syrie, dont les congressistes maronites avaient demandé le retrait. Au-delà de leurs divergences, les modérés des deux bords se déclarent navrés par une telle campagne attardée. Une personnalité de l’Ouest remarque de la sorte, placidement, que des pôles comme MM. Samir Frangié ou Farès Souhaid n’ont vraiment pas besoin d’attestations, et encore moins de leçons, en matière d’arabité libanaise ou d’antisionisme. Il reste cependant à savoir comment sortir du magma. Les uns veulent critiquer, mais pas trop. Les autres défendent, mais sans véritable conviction. Et au milieu coule une rivière: couronnant et démultipliant la confusion ambiante, un pôle écouté comme M. Walid Joumblatt lance la déroutante idée d’une souveraineté commune libano-syrienne. Une thèse qui laisse l’Ouest aussi bien que l’Est perplexes. Les uns se demandent si Damas va être gouverné à partir de Beyrouth, les autres, le contraire. ce qui semble plus plausible. Encore que même parmi les plus ardents défenseurs de la fraternité, il s’en trouve très peu qu’une telle formule, annonciatrice sans doute de fusion, séduise. Philippe ABI-AKL
À l’Ouest ( rien de nouveau), on s’accroche à Taëf, tout tronqué qu’il soit. Et l’on reproche à l’Est d’en outrepasser un peu trop souvent, un peu trop volontiers, les bordures. En se référant encore et toujours au manifeste-dard de Los Angeles. En réponse, l’opposition rappelle que le document dit d’entente nationale ne néglige pas ces constantes d’entité...