Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

ARTSUD Le cubisme photographique de Serge Mendjisky(photos)

L’artiste est là, devant ses toiles, faites de photos découpées, recollées, composées en lamelles. Ces lamelles étant elles-mêmes composées de différentes prises de vues. Artsud 2002 accueille Serge Mendjisky, 33 ans après sa première exposition à Beyrouth à la galerie de Brigitte Schéhadé. Aujourd’hui, c’est la galerie Atelier Saint-Honoré qui présente ses « spatio-chrono-graphies ». « À travers ce travail, j’essaie de recréer le véritable cubisme analytique. C’est–à-dire de prendre un lieu, un objet, un personnage, par exemple la statue de la Liberté, je l’ai photographiée d’hélicoptère et j’ai pris des photos de toutes ses faces, et avec toutes ces faces j’en ai fabriqué une mais sur laquelle il y a tous les côtés. J’ai désarchitecturé la statue et je l’ai reconstruite à ma manière, faisant voir tout ce qui est autour. » Et Mendjisky de poursuivre : « Quand vous visitez un endroit, vous le quittez avec, en tête, un souvenir général, en trois dimensions. En déstructurant la place de Broadway par exemple, j’ai recréé cette même impression. » Ce travail répond donc aux règles du cubisme : faire voir la troisième dimension d’un objet représenté à plat. C’est Picasso, pas moins que cela, qui l’a mené à cette recherche photographique. «J’ai eu la chance de faire partie du cercle intime de Picasso. C’était un grand ami de mon père, également artiste. Le fameux modèle Kiki de Montparnasse n’était autre que la petite amie de mon père. Il y a 35 ans, j’ai fait des photos de mes enfants que j’ai découpées et collées, et je les ai montrées au maître. Tu vois, a-t-il dit, le vrai cubisme c’est avec la photo qu’on le fera un jour. Et cela m’a travaillé pendant trente ans et puis, il y a quatre ans, je me suis dit qu’il fallait absolument que je cherche dans cette voie.» C’est alors qu’il a fait une autre rencontre décisive et encourageante: avec David Hockney cette fois. «Il a tellement aimé mon premier prototype qu’il m’a proposé de faire un échange», dit-il aujourd’hui. Alors avant d’arriver au cubisme photographique, Serge Mendjisky a fait le touche-à-tout. Des portraits de célébrités, des peintures en suivant le chemin des pointillistes, du divisionnisme. Il s’est ensuite essayé à la sculpture et à la mode, en créant des modèles avec Louis Féraud. En feuilletant le catalogue de l’artiste, on tombe sur une photo des Twin Towers. « Mes photos ont été montées un an avant le 11 septembre 2001 », se hâte de préciser Mendjisky. L’œuvre a été exposée pour la première fois en octobre 2001. Et là, toute la presse était unanime : elle y voyait une prémonition. Il est en effet assez troublant de voir, sur les 300 photos prises, que le ciel avait une couleur rougeâtre, comme des reflets d’incendie. Et cette œuvre d’art est devenue en quelques semaines un document terrible. Les acheteurs étaient nombreux. Mais l’artiste n’a pas voulu profiter de cette célébrité, basée sur un malheur. La photo des Twins a été cédée à 270 000$, au cours d’une vente aux enchères à Paris. « Les recettes ont été versées aux enfants des pompiers disparus au cours de cette tragédie ». Mendjisky, devenu célèbre malgré lui, a été approché par les autorités de diverses grandes capitales pour en réaliser des photos-collages à grande échelle. Il en a refusé plusieurs. Et Beyrouth alors ? « Je le ferai sans aucun doute. Cette ville a une telle luminosité… » Maya GHANDOUR HERT
L’artiste est là, devant ses toiles, faites de photos découpées, recollées, composées en lamelles. Ces lamelles étant elles-mêmes composées de différentes prises de vues. Artsud 2002 accueille Serge Mendjisky, 33 ans après sa première exposition à Beyrouth à la galerie de Brigitte Schéhadé. Aujourd’hui, c’est la galerie Atelier Saint-Honoré qui présente ses «...