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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIAL - Célébration de la Journée mondiale de la population Le taux des femmes célibataires a doublé

Aujourd’hui jeudi 11 juillet, la Journée mondiale de la population est célébrée aux quatre coins du globe. Initialement lancée par l’Organisation des Nations unies (Onu), en 1999, en hommage aux six milliards d’hommes qui peuplent la planète Terre, cette journée prend aujourd’hui un tournant tout à fait différent. En effet, la démographie sans cesse croissante à l’origine de la déclaration de cette journée ne constitue plus un problème en soi, puisque les études montrent que le taux d’accroissement démographique baisse dans beaucoup de pays occidentaux, tels que l’Allemagne par exemple, où il est inférieur au taux de remplacement, estimé à 2,2 personnes. Aujourd’hui, chacun des pays se penche sur ses problèmes de population, essayant de trouver les solutions adéquates. Le Liban, lui non plus, ne restera pas en marge de l’événement. Pour marquer cette journée, le ministère des Affaires sociales organise aujourd’hui, en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population (FNUP) et l’association du planning familial, un congrès au cours duquel seront évoqués les principaux problèmes dont souffre la société libanaise. « Le but de cette journée est de dévoiler les problèmes des populations », explique M. Riad Tabbarah, coordinateur des affaires des experts au Comité national de la population et directeur du centre d’études et de projets de développement Madma. « Les responsables ont été tellement préoccupés par le problème de la croissance démographique qu’ils ont négligé tous les autres problèmes relatifs à la population qui, eux, persistent. » Les responsables libanais des affaires de la population ont opté donc pour trois sujets. Il s’agit des problèmes du chômage et des jeunes, des impacts socio-économiques de l’émigration et du vieillissement. « Il faut attirer l’attention, notamment celle des hommes politiques, sur ces problèmes qui risquent de s’aggraver si leurs causes ne sont pas éradiquées », insiste M. Tabbarah, qui souligne que le chômage demeure le premier mobile de l’émigration. « Le chômage est principalement dû à la faiblesse du développement économique du pays », indique l’expert. « Il est notamment ressenti parmi la population jeune, qui se lance pour la première fois sur le marché du travail », ajoute-t-il. En effet, des études menées par le ministère des Affaires sociales (1996), l’Administration centrale de la statistique (1997) et Madma (2000 et 2001) montrent qu’en 2001, 44,2 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans se trouvaient sans emploi, le taux de chômage parmi cette population étant de 21,3 % en 1997 contre 29,1 % en 2000. Si la stagnation économique venait à persister, le chômage commencerait à se ressentir donc, selon M. Tabbarah, parmi les jeunes âgés de 25 ans et plus, pour cause de licenciements. D’après cette même étude, le pourcentage des jeunes chômeurs appartenant à cette catégorie d’âge s’est élevé de 5,2 % en 1997, pour atteindre les 13 % en 2001. « Ajoutons à tout cela le temps passé pour trouver un emploi et qui varie de dix à seize mois », constate l’expert. Désespérés, les jeunes se trouvent contraints à quitter le pays. Un déséquilibre entre les deux sexes L’émigration constitue un autre problème majeur auquel il faudrait parer de toute urgence. Cette tendance, concentrée parmi les hommes de 25 à 35 ans, a créé un déséquilibre entre les deux sexes du même âge. « C’est la cause pour laquelle le taux des femmes célibataires a pratiquement doublé de 1970 à nos jours », signale M. Tabbarah. « Le Liban figure actuellement sur la liste des pays où le taux de célibat est l’un des plus élevés. Les chiffres montrent qu’en 1996, le taux des femmes célibataires âgées de 25 à 29 ans s’élevait à 46,6 % alors qu’il se limitait à 25,1 % en 1970. De même, 30,4 % des femmes âgées de 30 à 34 ans étaient célibataires en 1996 contre 14,2 % en 1970. » La solitude pèse également sur les femmes de 35 à 39 ans. En effet, 20,9 % d’entre elles n’avaient pas encore trouvé l’âme sœur en 1996, contre uniquement 10,1 % en 1970. « Contrairement à l’Europe et aux États-Unis où la solitude est un choix, le problème qui se pose au Liban est celui de la pénurie d’hommes », fait remarquer M. Tabbarah. Il précise, dans ce cadre, que, dans le rapport du développement humain au Liban présenté aux Nations unies en 1998, les analyses ont révélé la présence de sept hommes âgés de 30 à 34 ans pour chaque dix femmes de 25 à 29 ans. L’écart se creuse davantage aujourd’hui à cause de l’émigration. En ce qui concerne le vieillissement, M. Tabbarah met en garde contre le nombre sans cesse croissant des personnes du troisième âge en raison de la baisse du taux de fécondité (2,7 %), ce qui entraînera un inversement de la pyramide d’âge à l’instar des pays industriels. « Au Liban, le problème est encore à ses débuts, mais il faut agir vite avant qu’il ne s’aggrave », prévient-il. Une peur « antique » du recensement Quelles devraient être les solutions à ces problèmes ? « Pour traiter le problème du chômage, il convient principalement de créer de nouveaux emplois pour les jeunes tout en dynamisant l’économie du pays », répond M. Tabbarah. « Mais cela ne devrait pas se faire de manière anarchique. Il faut d’abord élaborer une étude des forces actives en sondant le marché futur du travail (dans cinq ans par exemple) et coordonner avec les universités pour créer les spécialisations requises. De plus, il faut organiser le secteur de recrutement de manière à faire concorder les offres et les demandes d’emplois. La relance de l’économie enfin ne doit pas se faire aux dépens de l’ouvrier et de l’employé libanais. » Et le congrès aboutira-t-il à des solutions concrètes ou restera-t-on, encore une fois, dans le domaine des théories ? « Je pense que tous les congrès relatifs aux problèmes de la population commencent déjà à porter leurs fruits », rassure M. Tabbarah. « D’ailleurs, nous sommes l’un des rares pays de la région à avoir élaboré un document national pour la politique démographique, qui a été approuvé par le Conseil des ministres. Nous avons également formé un comité national pour les affaires de la population. Il a pour mission de trouver des fonds nationaux et internationaux permettant l’exécution des projets de développement dans les différentes régions. Nous avons même posé les jalons d’un programme de recensement continu dont l’application est prévue dans les mois à venir. » Et de préciser : « C’est un accomplissement dans l’histoire du pays, puisque les politiciens se sont enfin libérés de leurs anciennes craintes et préjugés (qui remontent au recensement de 1932, à l’époque du mandat français), selon lesquels le recensement visait à faire le décompte des chrétiens et des musulmans du pays. Pour la première fois au Liban, nous avançons sur une voie scientifique. » Comme dirait l’adage, « mieux vaut tard que jamais ». Nada MERHI
Aujourd’hui jeudi 11 juillet, la Journée mondiale de la population est célébrée aux quatre coins du globe. Initialement lancée par l’Organisation des Nations unies (Onu), en 1999, en hommage aux six milliards d’hommes qui peuplent la planète Terre, cette journée prend aujourd’hui un tournant tout à fait différent. En effet, la démographie sans cesse croissante à...