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Actualités - OPINION

Le régime ne veut pas d’un dialogue tendancieux

M. Walid Joumblatt mène actuellement une campagne de contacts tous azimuts. Dont la collecte, dit-il, sera livrée au chef de l’État. Mais Baabda exclut la prise en charge d’un dialogue axé sur des revendications déterminées, présentées par une partie et contestées par l’autre. D’autant que l’examen de tels thèmes est, à son avis, du ressort des différents pouvoirs et non d’un seul. Le régime estime du reste que, par vocation, il ne peut connaître que de questions d’ordre national. Et non pas des problèmes ou soucis d’une quelconque communauté. Le président Lahoud déclare ainsi devant ses visiteurs, parlementaires ou autres, que la corruption politique ou administrative est fille du système confessionnel. Auquel on peut en outre imputer la persistance d’un climat malsain dont les échos prolongent l’ère maudite de la guerre domestique. Il répète que seule l’union fait la force et que les Libanais doivent se serrer les coudes pour faire face aux défis, aux échéances politiques ou économiques.Sans quoi ce serait le saut dans l’inconnu. Devant son auditoire, M. Lahoud traduit ses préoccupations par cette interrogation de base : que voulons-nous, un État qui dirige les communautés, ou des communautés qui commandent l’État, comme cela fut toujours le cas, depuis avant l’indépendance. Il souligne qu’il est facile, quand on est au pouvoir, de jouer sur la fibre confessionnelle, d’aiguillonner les instincts primaires aux dépens des impératifs premiers de l’État. Pour lui, tout dialogue qui ne serait pas basé sur la notion même d’État ne ferait que renforcer les liens d’intérêts étroits qui ligotent le Liban. En multipliant les causes de tension exploitées par certains démagogues. Toujours prêts à endosser l’armure des faux héros, pour plastronner sur les ruines de la patrie. – Le président Assad de Syrie n’est pas loin de partager, pour sa part, les vues de M. Lahoud. Il affirme en effet qu’il lui paraît « erroné de croire que le respect de la souveraineté implique qu’il faille traiter séparément avec les communautés, ou avec les partis, en faisant abstraction de l’État libanais. Au contraire, ce serait une transgression du principe même de souveraineté que nous tenons à préserver. » En ce qui concerne les relations bilatérales, le chef de l’État syrien indique qu’en cours d’action, il est inévitable, et tout à fait normal, qu’il se produise des erreurs. Seul est infaillible, ajoute-t-il, celui qui n’agit pas. Dès lors, la voie à suivre, à son avis, est de poursuivre le cheminement entamé, mais en corrigeant les déviations de trajectoire. Cette épuration de dossier, souligne M. Assad, constitue une responsabilité commune, car les deux pays pâtissent également des défaillances. Il conclut par un conseil: il faut aussi soigner les relations libano-libanaises… – Retour à la case départ: cette condition sine qua non, comment l’assurer sans dialogue ? D’où, immédiatement, une autre question : quelle est donc l’instance habilitée pour mener à bien un tel processus ? Baabda, auquel on songe naturellement en premier lieu, s’y refuse. Ce qui étonne un peu M. Sleiman Frangié, par exemple. Le jeune leader de Zghorta déclare en effet que « la ligne qui nous rassemble est celle-là même qui a permis l’avènement du président de la République. À partir de sa position de guide de cette option maronite, il doit assumer la direction, et nous le suivrons. S’il ne le fait pas, nous jouerons nôtre rôle comme nous l’entendons, car nous ne pouvons rester les bras croisés. Le président ne peut pas dire qu’il n’intervient pas. Il lui appartient en effet de relancer sa propre communauté en faveur du principe d’un État qui serait au-dessus des communautés. » Émile KHOURY
M. Walid Joumblatt mène actuellement une campagne de contacts tous azimuts. Dont la collecte, dit-il, sera livrée au chef de l’État. Mais Baabda exclut la prise en charge d’un dialogue axé sur des revendications déterminées, présentées par une partie et contestées par l’autre. D’autant que l’examen de tels thèmes est, à son avis, du ressort des différents pouvoirs...