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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-UE - Cérémonie à Luxembourg en présence de Hammoud, de Piqué et de Patten Signature officielle de l’accord d’association(photo)

Luxembourg, de notre envoyé, Khalil FLEYHANEL’accord d’association entre le Liban et l’Union européenne, prévoyant notamment d’abattre à terme les barrières douanières entre les deux parties, mais comportant également des clauses politiques, sociales et culturelles, a été officiellement signé hier à Luxembourg, cinq mois après son paraphe, en janvier dernier. Fruit de plusieurs années de négociations laborieuses, l’accord a été signé lors d’une cérémonie au siège du Conseil des ministres de l’UE, dans la capitale du grand-duché, par le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, son homologue espagnol, Josep Piqué, dont le pays assume la présidence tournante de l’Europe, et le commissaire européenne aux Relations extérieures, Chris Patten. La signature du texte était initialement prévue en avril dernier, à la conférence euro-méditerranéenne de Valence (Espagne). Mais elle avait été repoussée, suite au boycottage par Beyrouth de cette réunion à laquelle participait Israël. MM. Hammoud et Patten devaient également signer un accord intérimaire, prévoyant l’entrée en vigueur quasi immédiate des dispositions commerciales et douanières, en attendant la ratification de l’accord principal par tous les parlements concernés. Les deux parties ont, en outre, procédé à un échange de documents portant sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme. Intervenant au cours de la cérémonie, qui s’est déroulée en présence des autres ministres des Affaires étrangères de l’UE, M. Hammoud a souligné que l’accord d’association constituait « un tournant dans l’histoire des relations » entre le Liban et l’Europe. Cet accord « contribue à consolider les liens amicaux historiques entre nous, établit un cadre juridique et opérationnel visant à renforcer les relations politiques, économiques et culturelles, et multiplie les opportunités d’innovation et de libre-échange commercial », a-t-il dit. M. Hammoud a estimé que de nombreux facteurs « ont contribué à faciliter le déroulement des négociations » entre les deux parties, « à savoir les divers points communs au niveau de notre vie quotidienne et notamment la langue, la culture, le commerce, le système bancaire, le cadre de démocratie et de liberté ». « Le Liban partage avec les États membres amis (de l’UE) son attachement aux valeurs éthiques et humaines, ainsi que le respect des droits de l’homme », a-t-il ajouté. Rappelant que Beyrouth est partie prenante au processus de Barcelone, qui a institué en 1995 le partenariat euro-méditerranéen, M. Hammoud a souligné que le Liban cherchait aussi à « promouvoir la coopération régionale avec les pays arabes membres de ce processus, par le biais de l’accord instituant la zone de libre-échange arabe, en parallèle avec les accords d’association (avec l’UE) qui en sont complémentaires ». Le chef de la diplomatie a enfin saisi l’occasion pour appeler à « renforcer le rôle de l’Union européenne dans le processus de paix » au Proche-Orient. « L’UE est le parti tiers le plus proche et qui comprend au mieux les problèmes qui se sont aggravés au fil des années, en raison de la décision des dirigeants israéliens de faire prévaloir la logique de guerre, au détriment des droits inaliénables du peuple palestinien et des droits des pays arabes à la récupération de leurs territoires occupés par la force », a-t-il déclaré. M. Patten a, de son côté, voulu voir dans la cérémonie d’hier « la preuve de la détermination du Liban à aller de l’avant sans retard dans la mise en place de réformes économiques ». Un appel clair au gouvernement libanais à hâter le processus de privatisation des services publics. Soulignant le caractère « politique » de l’accord avec Beyrouth, M. Patten a conclu en ces termes : « Il a été dit que la Méditerranée était trop étroite pour nous séparer et trop large pour nous unifier. J’estime que cet accord nous donne les moyens de résoudre ce dilemme : il associe nos peuples, en tenant compte de leur diversité, à travers le dialogue, le commerce, la coopération et le partenariat. » Quant au chef de la diplomatie espagnole, il a estimé que l’accord d’association constituait « un message aux investisseurs internationaux, et plus particulièrement européens, sur les opportunités d’investissements au Liban ». De Villepin : C’est « un grand jour » L’accord d’association entre le Liban et l’Union européenne, signé hier à Luxembourg, « ouvre une page nouvelle et des perspectives importantes » entre les deux parties, a souligné le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui a évoqué « un grand jour » pour les relations libano-européennes. Lors d’un entretien à Luxembourg avec son homologue libanais Mahmoud Hammoud, M. de Villepin a rappelé « le soutien déterminé de la France à la politique et aux efforts de redressement économique entrepris par le gouvernement libanais », selon le porte-parole du Quai d’Orsay, François Rivasseau. M. Hammoud a remercié son homologue français « pour la contribution que la France a apportée à la conclusion des négociations qui ont permis d’aboutir à cet accord ». Les deux ministres ont également évoqué le sommet de la francophonie prévu à Beyrouth en octobre prochain ainsi que la situation au Proche-Orient. M. de Villepin a indiqué à cet égard qu’il effectuera une tournée au Proche-Orient en deux phases et que le Liban sera compris dans la deuxième phase, en juillet prochain. Des défis à relever Plusieurs défis sont à relever. Pour le gouvernement libanais, la priorité est essentiellement structurelle avec une double nécessité. La première consiste à accélérer la réforme financière, économique et administrative pour édifier une base administrative légale et institutionnelle. Le deuxième impératif concerne la modernisation du secteur productif pour faire face aux réalités de l’économie européenne et internationale. Dans l’objectif de réussir ces changements, l’accord d’association prévoit plusieurs étapes de programmation et des soutiens adaptés pour accélérer la réforme économique et traiter les répercussions. Le programme indicatif national, signé le 4 mars 2002, représente la première phase de soutien de l’UE à la mise en œuvre de l’accord. Il prévoit un montant de 80 millions d’euros sous forme de dons (financement Meda II) pour un appui dans les secteurs prioritaires de la transition économique, la modernisation et le développement social. La Commission européenne et le gouvernement libanais définiront ensemble les projets à mener. Des projets ont déjà été réalisés et d’autres sont en cours à travers les différentes lignes budgétaires dont le programme Meda. Les projets, qui seront lancés prochainement, visent à poursuivre l’action déjà commencée. La libre circulation des marchandises Pendant cinq ans, les produits libanais exportés sur le marché européen seront exemptés de taxes alors que les produits européens importés au Liban seront soumis pendant cette période aux taxes en vigueur. Cette concession permet au Liban d’exporter sur le marché européen tout en maintenant une protection de son économie, de manière à poursuivre efficacement ses réformes. À l’échéance de ces cinq ans, le Liban devra abolir ses taxes sur les importations des marchandises européennes de façon graduelle et progressive pendant sept ans. Un calendrier a été établi à cet effet. En ce qui concerne les produits agricoles, l’UE a opté pour une politique de libéralisation intégrale immédiate (ni droits ni contingents) pour l’ensemble des produits agricoles libanais, à l’exception d’une liste de produits sensibles qui seront exemptés de droits, mais sujets à des contingents. Par ailleurs, le Liban bénéficie d’une exemption totale sur l’élément industriel de tous les produits agricoles transformés exportés, en plus d’une exemption totale sur l’élément agricole de 77 produits similaires. Aucun autre partenaire méditerranéen n’a pu obtenir un tel traitement. L’accord intérimaire, signé en même temps que l’accord d’association, va permettre de mettre en œuvre les dispositions économiques et les mesures commerciales reprises ci-dessus, dès la signature et sans attendre la ratification de l’accord d’association par le Parlement libanais et les Parlements des 15 États membres de l’Union européenne. Cette procédure peut, en effet, prendre plusieurs mois. L’UE, principal partenaire du Liban La signature de l’accord d’association confirme la position du Liban en tant que partenaire économique et politique important pour l’Union européenne dans la région. L’Europe est le principal partenaire commercial du Liban et l’un des bailleurs de fonds importants qui appuient son programme de modernisation économique et sociale. L’Union européenne et le Liban ont déjà des relations officielles étroites depuis la conclusion de l’accord de coopération de 1977 que le nouvel accord remplace. L’accord d’association prévoit : – un dialogue politique qui porte sur tous les sujets d’intérêt commun, notamment la paix et la sécurité ; – une coopération économique qui couvre tous les domaines de la politique économique et commerciale, une instauration progressive d’une zone de libre-échange comme instrument de renforcement de la compétitivité et un soutien financier et technique substantiel aux programmes de transition économique ; – dans le domaine social, l’accord d’association précise les actions ayant un caractère prioritaire, comme par exemple la promotion du rôle de la femme. La coopération culturelle a pour objectif de promouvoir une meilleure compréhension des cultures respectives. Le Liban s’engage à introduire une législation moderne en matière de concurrence et de protection de la propriété intellectuelle. Il prévoit l’engagement de discussions rapides sur l’ouverture des marchés aux services, tels que les banques, les transports, les assurances et le tourisme. L’accord d’association va bien au-delà des seuls secteurs du commerce et de l’économie. Il mettra en place de nouvelles structures institutionnelles en vue d’un dialogue politique intensifié et d’une coopération dans un très large éventail de domaines, allant de l’éducation et de la culture à la lutte contre la criminalité, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue. Les deux parties se sont engagées à faire respecter les droits de l’homme et les principes démocratiques.
Luxembourg, de notre envoyé, Khalil FLEYHANEL’accord d’association entre le Liban et l’Union européenne, prévoyant notamment d’abattre à terme les barrières douanières entre les deux parties, mais comportant également des clauses politiques, sociales et culturelles, a été officiellement signé hier à Luxembourg, cinq mois après son paraphe, en janvier dernier. Fruit...