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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - L’État déterminé à appliquer la loi sur la pollution de l’air Les chauffeurs de taxi menacent de paralyser le pays

«S i nos revendications ne sont pas satisfaites, la confrontation avec le gouvernement est inévitable », a grondé le président de l’Union des syndicats des chauffeurs du transport routier public, Abdel-Amir Najdé. « Que personne ne croie que les menaces de descendre à la rue empêcheront la mise en application de la loi » interdisant les voitures roulant au mazout, a rétorqué le chef du Parlement, Nabih Berry. La confrontation entre les autorités et les chauffeurs de taxis au mazout – qui seront interdits de circulation à partir de samedi – semble effectivement inévitable, surtout que l’État est bel et bien déterminé à faire appliquer la loi n° 341. Le ministère de l’Intérieur a publié hier un nouveau communiqué assurant que les forces de l’ordre ont été chargées d’arrêter, à partir de samedi, toutes les voitures touristiques roulant au mazout. Déterminés cependant à obtenir gain de cause, les chauffeurs de taxis, menacent de paralyser le pays. Hier, ils étaient des centaines à bloquer l’ancienne route de l’aéroport et aujourd’hui, des centaines d’autres doivent bloquer les accès du siège du Conseil des ministres au moment où le gouvernement tiendra sa réunion hebdomadaire en fin d’après-midi. À l’appel de leur puissant syndicat, qui revendique 20 000 adhérents, les chauffeurs ont tenu une assemblée générale dans la rue, au carrefour de l’Université arabe et du rond-point Cola, bloquant la circulation sans que les agents de la brigade antiémeute, déployés en nombre, n’interviennent, même lorsque des correspondants de presse, notamment un reporter de l’Ani et un photographe du quotidien al-Moustaqbal, ont été bousculés. Selon le vice-président de l’Union des syndicats des chauffeurs du transport routier public, Ali Mohieddeine, l’assemblée générale « marque le lancement du processus de colère et de défense des chauffeurs qui nourrissent leurs enfants à la sueur de leur front ». Plusieurs chauffeurs se sont étendus à même l’asphalte, brandissant du pain ainsi que des banderoles appelant à l’importation de gazole. Haranguant la foule qui s’en prenait aux députés et au gouvernement, les traitant de « suceurs du sang des pauvres », M. Najdé a appelé à son tour ses collègues à bloquer aujourd’hui les accès du siège du Conseil des ministres au moment où doit se tenir la réunion hebdomadaire du gouvernement. « Si les autorités ne cèdent pas, nous bloquerons les accès de la capitale vendredi et samedi et les routes dans l’ensemble du pays », a-t-il dit, en invitant le gouvernement à résoudre « un problème qui touche 40 000 personnes et leurs familles » et à tenir compte des propositions de règlement soumises par son syndicat. Les chauffeurs de taxi réclament l’importation de gazole, des indemnités similaires à celles qui doivent être versées aux chauffeurs de minibus roulant au mazout (qui seront interdits de circulation à partir du 15 juillet) et demandent à l’État de leur vendre l’essence à un prix préférentiel. Selon M. Najdé, « les chauffeurs ne pourront pas profiter du million de livres que le ministère des Finances propose de leur verser s’ils échangent les moteurs diesel contre des moteurs à essence à cause de conditions posées pour les humilier ». Pour pouvoir bénéficier de cette indemnité, chaque chauffeur de taxi doit présenter un certificat d’importation du moteur à mazout. Or, la plupart d’entre eux ont traficoté leurs moteurs au Liban. « Qui a introduit depuis 1995 les moteurs de mazout au Liban et qui importe aujourd’hui les moteurs d’essence ? » s’est-il indigné en indiquant que « la majorité des membres du Parlement a des agences de voitures ». « Le ministre des Finances engrange 5 dollars de redevances pour 20 litres d’essence et seulement 0,65 dollar par 20 litres de mazout. Il veut se remplir les poches sur le dos des franges les plus défavorisées », a ajouté le responsable syndical qui a fait état de négociations menées avec les autorités, pour tenter de trouver une solution, acceptable de tous, au problème de la pollution de l’air. Si les pourparlers débouchent, l’ordre de manifestation sera ajourné mais pas annulé, a poursuivi M. Najdé. « Nous appelons le pouvoir à vendre l’essence aux chauffeurs à des pris préférentiels. Sinon, il y aura sûrement une confrontation avec le gouvernement », a-t-il encore dit en assurant que son syndicat est soutenu par la CGTL, la Fédération nationale des syndicats de travailleurs et des ouvriers – qui a publié hier un communiqué d’appui aux chauffeurs – et par plusieurs courants politiques, notamment Amal, le Hezbollah et le Parti communiste. À son tour, le vice-président de la CGTL, Bassam Tlayss, a annoncé une grève des transports en commun à partir de lundi si les taxis n’obtiennent pas satisfaction. Il s’en est vivement pris aux députés, les invitant à « peser leurs paroles parce que c’est grâce aux chauffeurs qu’ils ont pu accéder au Parlement ». M. Tlayss a aussi indiqué que les chauffeurs sont aussi attachés que l’État à la préservation de l’environnement mais qu’ils sont « toujours en quête des produits les moins chers (en allusion au mazout) à cause de la crise socioéconomique ». « L’État a perçu des taxes lorsque les moteurs qu’on veut interdire ont été importés. Le problème qui se pose n’est donc pas celui des chauffeurs puisque ces derniers ne l’ont pas provoqué », a-t-il renchéri. L’État, qui a autorisé en 1995 la circulation de taxis à moteur diesel, dans le but affiché de faire baisser les prix des transports en commun, n’a pas mis à leur disposition, en contrepartie, du gazole, forçant les taxis à s’approvisionner en mazout industriel, trois fois moins cher que l’essence pour automobiles mais beaucoup plus polluant. Une fois n’est pas coutume Sur le plan politique, une fois n’est pas coutume, l’interdiction des voitures roulant au mazout fait l’unanimité. Le chef du Parlement, Nabih Berry, l’a affirmé sans ambiguïté au terme de son entretien hebdomadaire avec le président de la République, le général Émile Lahoud. Le président du Conseil, Rafic Hariri, a également souligné que la décision d’interdire ces véhicules, en application de la loi n° 341, est irrévocable. La pollution de l’air due aux émanations des pots d’échappement des véhicules roulant au mazout s’est tellement aggravée qu’il est devenu urgent de réagir. Député de Beyrouth et médecin, M. Atef Majdalani a mis en garde les chauffeurs de taxi contre « les conséquences des mouvements de protestation qu’ils envisagent d’organiser et qui risquent de se retourner contre eux ». « La population en a assez d’inhaler du mazout »,a-t-il dit dans une déclaration à la presse. Citant une étude de la Banque mondiale, le parlementaire a affirmé que la facture hospitalière de la pollution de l’air par le mazout s’élève à 130 millions de dollars par an. Il a expliqué que le taux de pollution à Beyrouth est 10 fois supérieur à la moyenne autorisée mondialement et qu’il est à l’origine de la hausse des cas de cancers. Selon M. Majdalani, chaque année, quatre mille nouveaux cas de cancers sont recensés, ce qui est trop pour un pays comptant quatre millions d’habitants. M. Majdalani et plusieurs autres députés ont estimé que l’interdiction des voitures roulant au mazout ne suffit pas seule et que l’État se doit d’opérer un contrôle mécanique annuel de tout le parc automobile libanais et d’interdire les voitures qui commencent à rouler au gaz. Un autre député de Beyrouth, Adnane Arakji, a invité la population à boycotter les voitures roulant au mazout pendant que M. Mohammed Kabbani annonçait que les membres de la commission parlementaire des Travaux publics s’assureront samedi, sur le terrain, de la mise en application de la loi n° 341, à l’instar des associations écologiques dont des représentants sillonneront samedi les rues de la capitale, de sa banlieue et de plusieurs autres régions libanaises. Dans un communiqué publié dans l’après-midi, le ministère de l’Intérieur a réaffirmé qu’il a chargé les FSI, ainsi que toutes les administrations dépendant de ce département et concernées par l’application de la loi en question, d’arrêter à partir de samedi toutes les voitures touristiques roulant au mazout.
«S i nos revendications ne sont pas satisfaites, la confrontation avec le gouvernement est inévitable », a grondé le président de l’Union des syndicats des chauffeurs du transport routier public, Abdel-Amir Najdé. « Que personne ne croie que les menaces de descendre à la rue empêcheront la mise en application de la loi » interdisant les voitures roulant au mazout, a...