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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Trois jours avant le délai fixé par la loi, les deux parties campent sur leurs positions Épreuve de force État-chauffeurs de taxi à mazout

Trois jours à peine nous séparent de l’échéance fixée par le gouvernement pour l’interdiction des taxis à mazout, mais l’incertitude plane toujours sur ce dossier. Alors que le ministre de l’Intérieur, dans une lettre adressée il y a quelques jours à la direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI), réitère sa ferme intention d’appliquer sans délais la décision gouvernementale, les syndicats des chauffeurs poursuivent leurs contacts pour obtenir des compensations non prévues par la loi et brandissent même des menaces d’escalade. Une assemblée générale des syndicats concernés se tient aujourd’hui à l’initiative de l’Union des syndicats de chauffeurs du transport routier public, au croisement Cola. Le président de cet organisme, Abdel-Amir Najdé, a affirmé à L’Orient-Le Jour qu’une manifestation était prévue jeudi à 17h, devant le siège du Conseil des ministres, en réunion à cette heure-ci. D’autres manifestations sporadiques et étalées sur l’ensemble de la capitale devraient suivre, toujours selon M. Najdé, dès le jour suivant, au cours desquelles les chauffeurs pourraient bloquer la circulation dans plusieurs artères de la ville. Pour sa part, le président de l’Union libanaise des syndicats de chauffeurs de taxi et vice-président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Bassam Tleiss, nous a confirmé la tenue, demain, d’une réunion, au siège même de cet organisme, qui regroupera tous les syndicats concernés. Il a ajouté que les contacts se poursuivent depuis hier avec les responsables. Rappelons que les chauffeurs de taxi roulant au mazout sont tenus, dès samedi prochain, de remplacer leurs moteurs et d’utiliser dorénavant l’essence sans plomb, en vertu de la loi n° 341, adoptée en août 2001. L’objectif de cette loi est d’apporter une solution à la pollution de l’air qui résulte des émanations dues à l’utilisation d’un mazout industriel de très mauvaise qualité, le seul disponible sur le marché libanais. Ce texte ne reconnaît pas aux chauffeurs de taxi, qui n’ont jamais été en situation légale, le droit de toucher des indemnités. Ce n’est pas le cas des propriétaires de minibus (15 places maximum) et de petits camions (moins de 3 500 kilos) qui, bien que tenus, eux aussi, de rouler à l’essence à partir du 15 juillet, obtiendront des compensations de la part de l’État de l’ordre de deux millions de livres libanaises chacun. Sur deux fronts Dès son adoption, cette loi a été critiquée par les chauffeurs de taxi qui se déclarent incapables de supporter le prix de l’essence (trois fois plus cher que le mazout). Aujourd’hui, l’échéance est proche, et la nécessité d’appliquer la loi sans plus de retard a été réaffirmée lors du dernier Conseil des ministres, une volonté confirmée par la lettre adressée par le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, aux FSI la semaine dernière. Par ailleurs, un décret d’application de la loi n° 341, approuvé par les présidents de la République et du Conseil ainsi que par les ministres de l’Intérieur, des Transports et des Finances, prévoit des facilités aux chauffeurs de taxi : ceux-ci ont dorénavant la possibilité de vendre leurs moteurs à mazout au ministère des Finances pour une somme d’un million de livres. Une somme dont les chauffeurs seraient incapables de profiter, selon le responsable syndical Abdel-Amir Najdé, puisqu’ils devraient présenter un certificat d’importation du moteur à mazout, ce qui leur est impossible étant donné que cette importation était illégale à la base. Mais cette mesure ne semble satisfaire ni les chauffeurs de taxi ni plusieurs formations politiques qui les soutiennent. Bassam Tleiss a assuré à L’Orient-Le Jour que « des négociations se poursuivent avec les différents responsables ». Que demandent au juste les syndicats ? « Nous nous battons sur deux fronts », a-t-il souligné. « D’une part, nous exigeons que l’âge maximum des voitures et des moteurs qu’il est permis d’importer soit fixé, dans le texte de loi, à huit ans et non pas à trois ans. D’autre part, nous demandons au gouvernement d’assurer aux chauffeurs de l’essence à des prix préférentiels, de 10 000 ou de 12 000 LL le bidon. L’État n’a rien à y perdre : il gagnera toujours quelque 5 000 à 6 000 LL par bidon. » Quelles mesures envisage son organisme syndical ? « Les tractations se poursuivent et, à la lueur des résultats, nous prendrons la décision qui convient lors de la réunion de jeudi à la CGTL », a précisé M. Tleiss. Il a conclu : « Le 15 juin est une date charnière. Si les autorités traitent ce dossier de manière positive, les chauffeurs remplaceront leurs moteurs à mazout sans problèmes. Dans le cas contraire, ce sera l’escalade. » À la question de savoir si des moteurs à essence sont disponibles en quantités suffisantes sur le marché, il a répondu par l’affirmative. Le ton adopté par le confrère de M. Tleiss, Abdel-Amir Najdé, lors d’une conférence de presse tenue hier, était nettement plus violent. Il a appelé à « la modification de la loi n° 341 afin de permettre l’importation de moteurs diesel « euro4 » considérés, dans bien des pays du monde, comme moins polluants que les moteurs à essence ». Il a affirmé avoir des informations selon lesquelles « l’État n’est pas en mesure d’importer une meilleure qualité de mazout puisqu’on lui impose celle-là », ajoutant qu’il espérait que « le mazout utilisé au Liban soit d’une qualité similaire à celui qu’on trouve sur le marché syrien ». « Par ailleurs, a-t-il ajouté, les voitures qu’on propose d’interdire ne représentent que 15 % du total des véhicules qui roulent au mazout. Comment peut-on envisager de régler le problème de la pollution de cette manière ? » M. Najdé a accusé l’État « de vouloir faire des bénéfices supplémentaires par une augmentation de la vente d’essence (des bénéfices qui sont, selon lui, de l’ordre de 13 900 LL par bidon) plutôt que d’aspirer à régler le problème de la pollution ». « Qui est responsable de l’introduction de milliers de moteurs à mazout il y a quelques années et qui importe aujourd’hui des moteurs à essence dont le prix atteint les 1 200 dollars sur le marché ? » s’est-il demandé. La journée d’hier a été riche en déclarations politiques sur l’affaire de la suppression des moteurs à mazout. Les réactions les plus importantes étaient celle du Parti communiste libanais (PCL) et celle exprimée dans un communiqué commun du mouvement Amal et du Hezbollah. Le PCL a poussé le gouvernement à ne pas prendre à la légère le destin de milliers de familles et à « débattre des suggestions des syndicats concernant l’importation d’un diesel de meilleure qualité ». Les deux partis ont, pour leur part, considéré que « c’est au gouvernement d’assumer la responsabilité de ses décisions, pas aux chauffeurs ». Les députés Walid Eido et Farid Mekari ont, au contraire, appelé le gouvernement à faire preuve de fermeté dans l’application de la loi. S.B
Trois jours à peine nous séparent de l’échéance fixée par le gouvernement pour l’interdiction des taxis à mazout, mais l’incertitude plane toujours sur ce dossier. Alors que le ministre de l’Intérieur, dans une lettre adressée il y a quelques jours à la direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI), réitère sa ferme intention d’appliquer sans...