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Actualités - OPINION

Rendez-vous

Élias Murr, hier à 16 heures au cours de sa conférence de presse, livide, décrédibilisé, délégitimé et qui s’est contenté des chiffres, sans même prendre la peine de déclarer explicitement Gabriel Murr vainqueur : « Comme je l’ai dit à la veille des élections : aujourd’hui, quel qu’ait été le gagnant, c’est tout le Metn qui est perdant. » N’en déplaise à l’actuel ministre de l’Intérieur, c’est l’ensemble du Metn – et, au-delà, tous les Libanais désormais conscients qu’ils sont en mesure, eux aussi, de façonner leur pays tel qu’ils l’entendent – qui sort gagnant de cette bataille. D’anthologie. L’enjeu ne s’est pas limité, loin de là, aux seules libertés, à la seule démocratie. Ce pour quoi l’on s’est battu, depuis un mois, ce pour quoi les Libanais ont voté, dimanche dans le Metn, c’est pour une façon autre de concevoir la politique. Et d’en faire. Il est désormais possible de changer d’air. Et d’ère. Il est désormais possible de refuser un fait accompli. Un rouleau compresseur. Un diktat. Il est désormais possible de forcer Damas à se rendre à l’évidence. Il est désormais possible de forcer l’État à remplir sa mission première – appliquer la loi –, à ne plus être cet État arrogant, impuni. Il est désormais possible de braquer les projecteurs sur ce qui semble mouvoir, en premier chef, un président de la République qui a totalement raté son rendez-vous de mi-mandat avec ses concitoyens chrétiens : l’inadmissible esprit clanique. Il est désormais possible de rendre assourdissants les silences du Premier ministre, ses fuites, son incapacité à assumer ses responsabilités, à agir. Sauf que... Pour que tout cela ne ressemble pas atrocement à un pétard mouillé, pour que cette belle union de l’opposition chrétienne ne chancelle pas à la moindre opportunité, pour que tout cela ne se limite pas à une croisade chrétienno-chrétienne, pour que tout cela confirme et consacre, surtout, ce nouvel air, cette nouvelle ère, il est indispensable que l’opposition agisse, dès aujourd’hui, comme si Myrna Murr Aboucharaf avait été déclarée vainqueur. C’est-à-dire qu’elle n’attende pas les législatives de 2005 pour récidiver, pour se battre. L’opposition, si elle se doit aujourd’hui de hâter le vote d’une loi électorale digne de ce nom, se doit aussi de profiter de la faillite croissante d’un système qui a largement prouvé ses tares. Elle se doit de s’élargir, de s’étendre, de trouver une plate-forme commune à toutes les fractions communautaires qui la font. Pour faire fructifier cette victoire, pour en encaisser les dividendes dont seul le Liban doit bénéficier, l’opposition est tenue de garder éveillé un peuple anesthésié depuis bien longtemps, mais dont une partie a ouvert grands les yeux dans la nuit de dimanche. Elle est tenue d’abord d’accélérer l’avènement d’un gouvernement véritablement d’union nationale. Tout cela semble bien utopique. Herculéen. Il est certain d’ailleurs que l’opposition seule n’y réussira pas. Il est plus que temps que les trois gestionnaires de la République assimilent l’urgence. Que leur pays, en pleines abysses, a drôlement besoin de ce(s) changement(s) induit(s) par le référendum du 2 juin. Qu’ils en prennent bonne note. Ou qu’ils s’en aillent cultiver leurs jardins. À Damas ou ailleurs. Ziyad MAKHOUL
Élias Murr, hier à 16 heures au cours de sa conférence de presse, livide, décrédibilisé, délégitimé et qui s’est contenté des chiffres, sans même prendre la peine de déclarer explicitement Gabriel Murr vainqueur : « Comme je l’ai dit à la veille des élections : aujourd’hui, quel qu’ait été le gagnant, c’est tout le Metn qui est perdant. » N’en déplaise à...