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Actualités - OPINION

Partielle du Metn - Les deux challengers de Myrna Murr Aboucharaf ont marqué ensemble un point important En marge de probables fluctuations, l’Est se focalise sur quelques premiers constats

Au lendemain des élections du Metn, la situation politique, ou même sociopolitique, reste en développement. Il serait prématuré de sauter aux conclusions. De vaticiner sur le sort électoral, ministériel ou financier des uns et des autres. Et tout à fait déraisonnable de tout réduire au clivage pouvoir-opposition. Il n’empêche que les experts se penchent à l’Est sur les engins qui viennent de se télescoper. Pour établir un premier procès-verbal des dégâts. On remarque ainsi, tout d’abord, que le chant des urnes, indépendamment des chiffres, a permis aux deux challengers de Mme Myrna Murr Aboucharaf de marquer ensemble un point important. À savoir, la politisation de fond d’un test qui semblait jusque-là déraper sur des peaux de banane sordides. Infrafamiliales. La bataille avait en effet l’air, jusqu’au jour J, de tourner au règlement de vieux comptes œdipiens ou freudiens. Sur une musique de fond, plus générale, de vengeances claniques. La guerre des boutons en somme et, dans la mêlée, une mère n’aurait pas reconnu ses petits. Mais tout cela s’est décanté quand l’opinion, c’est-à-dire l’électorat, a choisi de se prononcer essentiellement en fonction du seul facteur politique. Pour ou contre le pouvoir, pour ou contre l’opposition. Sans se laisser impressionner par le bruitage, genre presse people, fait autour des apparentements terribles à la Cocteau. Pour tout résumer en clair, c’est la thématique développée par le courant Amine Gémayel-Nassib Lahoud qui l’a emporté sur les sulfureuses révélations personnalisées du ministre de l’Intérieur. Les slogans articulés sur le changement comme sur les abus présumés du pouvoir, et surtout sur les discriminations, les oppressions qu’on fait subir depuis tant d’années à l’Est, ont manifestement fait leur effet. Car dans la masse des électeurs il y a eu, visiblement, infiniment plus d’indépendants que de militants engagés ici ou là. Sans regarder les scores finaux, on peut tout de suite relever que l’opposition a réussi à mobiliser, à sortir les gens de leur torpeur ou de leur peur. De leur « ihbat » comme on dit couramment en arabe. Et ainsi, malgré la disproportion des moyens mis en œuvre, le Metn a été dimanche une deuxième Floride, cet État où la différence de voix entre Bush et Gore était infinitésimale. Quoi qu’il en soit, le choc a été rude. Au point que selon un notable, qui va sans doute un peu trop loin, on pourrait y voir un coup d’État blanc. En réalité, c’est maintenant que le vrai travail, de deuil pour certains et d’espoir pour d’autres, commence. Les forces politiques du pays, directement concernées ou non, vont devoir analyser l’événement. Et, à partir de leurs orientations propres, en tirer des leçons. Soit pour assouplir leur ligne, quelle qu’elle soit, soit pour la durcir. D’une manière générale, on entend dire, même à l’Ouest, que cette partielle prend, avec une option pratique inversée, la même valeur que le boycott des élections de 1992 par la rue chrétienne (ainsi d’ailleurs que par une bonne partie de la montagne). C’est-à-dire que l’Est a fait savoir de nouveau, mais cette fois en se précipitant dans les bureaux de vote au lieu de les bouder, qu’il récuse en bloc sinon le système du moins le pouvoir en place. Ce qui revient d’ailleurs à peu près à la même chose pour quelqu’un qui en est exclu. Et qu’il n’en veut pas, principalement à cause de la tutelle. Des politiciens indépendants notent dès lors en substance que « le Metn se déclare opposant. Bien qu’il soit le berceau du chef de l’État et le fief de M. Michel Murr, allié naturel du régime. Son fils, M. Élias Murr, a pour lui d’avoir assuré en tant que ministre de l’Intérieur des élections sans incidents. Mais les rapports de force sur le terrain, indiquent ces professionnels, ont été modifiés par l’entrée en jeu des mouvements boycotteurs comme les aounistes, les libéraux ou les FL. Toute la question est de savoir si leur décision de participer sera maintenue pour les législatives générales de 2005. Cela changerait beaucoup d’équations sur l’échiquier local, même parfois dans des régions à majorité non chrétienne. En tout cas, estiment ces politiciens, il est possible que le grand perdant soit non pas seulement le pouvoir, dont les composantes ne semblent pas immédiatement menacées, mais l’État installé après Taëf. On peut en effet se demander jusqu’à quand il va pouvoir continuer à vivre sur les déséquilibres et les discriminations. » Et de souligner que « l’incompréhension, le fossé creusé, le mécontentement peuvent rapidement s’étendre à de nombreuses régions, maintenant qu’un précédent de rébellion réussie s’est produit. En effet, les dirigeants, les responsables aussi, que cela soit par le système de la troïka, par leurs luttes d’influences ou d’intérêts, ainsi que par leurs querelles, ont fait eux-mêmes le lit de la contestation populaire. Sans compter les abus, et les dérapages avoués ou non, du genre 7 août 2001. Et sans évoquer les revirements grotesques sur le plan de lois qu’on inverse deux jours après leur adoption à la Chambre, sur un claquement de doigts des décideurs. Sans parler enfin, et surtout, de l’extrême gêne économique dans laquelle ce pays, si bien dirigé, se trouve plongé. Ventre affamé n’a pas d’oreilles et les belles explications ou promesses de redressement des dirigeants ne provoquent que des ricanements sceptiques dans l’opinion. La confiance n’y est pas, tant s’en faut. » Mais est-ce là le cri d’un jour et l’entendra-t-on encore demain ? La réponse appartient aux forces politiques. À leurs interprétations dites idéologiques, notamment en termes de rapports avec les décideurs. À leur savoir-faire, médiatique et autre. Et enfin, ou surtout, à leur capacité de surmonter leurs contradictions internes. À Kornet Chehwane ou ailleurs. Philippe ABI-AKL
Au lendemain des élections du Metn, la situation politique, ou même sociopolitique, reste en développement. Il serait prématuré de sauter aux conclusions. De vaticiner sur le sort électoral, ministériel ou financier des uns et des autres. Et tout à fait déraisonnable de tout réduire au clivage pouvoir-opposition. Il n’empêche que les experts se penchent à l’Est sur les...