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Actualités - CHRONOLOGIE

Partielle du Metn - Une journée de flottement conclue sur des « indiscrétions » officieuses La haute commission de comptabilisation des voix a changé d’avis... Ce n’est plus Gabriel Murr, mais Myrna Murr, qui est considérée comme élue (par quinze voix d’écart)...

C’est en retenant son souffle que le Liban démocratique a attendu, toute la journée durant, hier, les résultats officiels de la partielle du Metn-Nord. À mesure que les heures s’écoulaient, les craintes d’une modification des résultats communiqués, à l’aube, au candidat Gabriel Murr, donné comme vainqueur par trois voix d’écart, augmentaient. En soirée, ces craintes nourries par les flottements de la journée se justifiaient pleinement, et les résultats « définitifs » du scrutin étaient communiqués à la presse par des voies indirectes, en l’absence d’un communiqué officiel du ministère de l’Intérieur. Ces résultats donnent Myrna Murr Aboucharaf comme victorieuse de la partielle du Metn-Nord, par quinze voix d’écart (34 760 contre 34 745 voix). Pourquoi la haute commission s’est-elle ravisée ? Quels arguments ont finalement prévalu ? Quelle fausse raison d’État a-t-elle été invoquée ? Il faudra quelques jours pour le savoir. Car il y a des zones d’ombre et des manquements impossibles à ignorer dans le déroulement des faits qui ont abouti à la proclamation de ces résultats. Et ces zones d’ombre autorisent tous les doutes. La contestation des résultats a commencé par un constat : celui d’une irrégularité, probablement due à une grave négligence du président du deuxième bureau de vote de Hemlaya (celui des hommes). Dans ce bureau, la quatrième commission partielle de comptabilisation des voix (il y en a six), présidée par une jeune juge, Jeannette Hanna, constate l’absence du procès-verbal réglementaire que doit établir le chef du bureau, ainsi qu’un écart d’une voix entre le pointage de la liste des électeurs ayant voté et le nombre de bulletins déposés dans l’urne. Mlle Hanna décide donc d’invalider tous les bulletins déposés dans l’urne. Notons que des juristes de renom comme Hassan Rifaï ou Edmond Naïm assurent qu’en pareil cas, c’est uniquement le nombre de bulletins en trop qui est déduit de l’ensemble des voix. Toujours est-il qu’en apprenant la nouvelle, M. Gabriel Murr demande au président du bureau de vote de dresser le procès-verbal qu’il avait omis. Toutefois, la juge refuse de considérer cette réparation comme valide. Survenu vers 22 heures, personne ne pouvait prévoir que cet incident aurait des conséquences aussi dramatiques sur les résultats du scrutin. À cette heure-ci, les deux camps parlent de victoire, avec un écart de plusieurs centaines de voix. Ce n’est qu’une fois le décompte de tous les bureaux de vote achevé que la réalité saute aux yeux : l’écart des voix entre les deux candidats est infime. Si le décompte des voix masculines de Hemlaya est pris en ligne de compte, c’est Gabriel Murr qui est élu, avec trois voix d’avance. Sinon, c’est Myrna Murr Aboucharaf qui l’emporte, avec quinze voix d’avance. On comprend l’émotion qui saisit les candidats et l’enjeu d’un point de droit que la haute commission de comptabilisation, présidée par le juge Élias Abou Nassif, et comprenant les magistrats Samir Akiki, l’inspecteur Mansour Daou et un rapporteur, Mme Norma Majdalani, doit trancher. Car c’est à elle qu’il appartient, apparemment, et non à Mlle Hanna, de décider en dernière analyse s’il faut invalider toute l’urne ou seulement soustraire une voix du total. Aux premières heures de l’aube, la haute commission achève le décompte. Qu’est-ce qui l’oblige à informer M. Nassib Lahoud, vers 4 heures du matin, et en présence de M. Michel Murr en personne, que le résultat du scrutin était favorable à M. Gabriel Murr, avec 34 894 voix , contre 34 891 voix à Myrna Murr ? C’est difficile à dire. L’information est également communiquée au ministre de la Justice, Samir el-Jisr, comme ce dernier le confirmera plus tard. MM. Lahoud et Murr se croient dès lors en droit d’annoncer la victoire du candidat de l’opposition. Au matin, toutefois, un retournement de situation se produit. Dans le procès-verbal officiel qu’elle fait parvenir au ministre de l’Intérieur, via le mohafez, la haute commission avait, semble-t-il, et sur foi de l’Agence nationale d’information, (Ani-officielle), communiqué les résultats suivants : Myrna Murr 34 760 voix, Gabriel Murr, 34 745 voix et Ghassan Moukheiber, 1772 voix, tout en ajoutant qu’il est possible d’ajouter à ce décompte les résultats de l’urne de Hemlaya, « que la 4e commission de décompte a invalidés ». Et d’ajouter que, dans ce dernier cas, le résultat du vote est le suivant : Gabriel Murr, 34 894, Myrna Murr, 34 891, Ghassan Moukheiber, 1774 voix. Ce procès-verbal est-il le bon ? À-t-il été remanié pour les besoins de la cause ? Toujours est-il qu’à ce procès-verbal à double volet, le ministre de l’Intérieur réagit par une note demandant à la haute commission de lui faire parvenir « les résultats bien définis et définitifs qu’il convient de retenir, conformément à l’article 60 de la loi électorale », pour qu’il soit en mesure de les annoncer. Réunie quatre heures durant en matinée, la haute commission communique alors sa décision finale au ministre de l’Intérieur, et se tait et continuera de se taire toute la journée durant. Pour sa part, la commission ne donnera plus signe de vie. Sa tâche est terminée. C’est ce silence que l’opposition va meubler avec des protestations de plus en plus vives, et qui va déboucher, en soirée, sur une solution indirecte. Par l’intermédiaire de certains médias, dont la LBC, qui prend violemment à partie le député Nassib Lahoud, les « résultats définitifs » sont proclamés : rédigés sur du papier quadrillé, couvert de ratures, sans en-tête, scandaleusement brouillon et pauvret, le papier annonce l’élection de Myrna Murr Aboucharaf, avec 15 voix d’avance sur Gabriel Murr. Dans le même style indirect, les médias et les correspondants utilisés pour distiller cette nouvelle conseillent à l’opposition de présenter un recours devant le Conseil constitutionnel. Réagissant à des nouvelles de presse, le ministre de la Justice Samir el-Jisr avait annoncé le matin avoir été informé des résultats du scrutin, durant la nuit, par le président de la haute commission, Élias Abou Nassif. Ce dernier, assure M. Jisr, l’a informé qu’il avait tenu compte des bulletins contenus dans l’urne de Hemlaya, et qu’il avait communiqué ces résultats au ministre de l’Intérieur. Que s’est-il donc passé, pour que la situation se retourne aussi rapidement et complètement ? Voilà une énigme que les prochains jours aideront à résoudre. Mais pour certains, la solution n’est pas à chercher bien loin.
C’est en retenant son souffle que le Liban démocratique a attendu, toute la journée durant, hier, les résultats officiels de la partielle du Metn-Nord. À mesure que les heures s’écoulaient, les craintes d’une modification des résultats communiqués, à l’aube, au candidat Gabriel Murr, donné comme vainqueur par trois voix d’écart, augmentaient. En soirée, ces...