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Actualités - CHRONOLOGIE

Congrès - Les présidents d’associations caritatives dans plus de trente pays vont s’initier à la réalité plurielle du Liban Réunion historique à Beyrouth, début juin, de l’Ordre de Malte(photos)

La prochaine réunion des présidents des associations de l’Ordre souverain de Malte dans le monde se tiendra au Liban les 4 et 5 juin. Cette réunion se distinguera par le fait que les ministres qui détiennent les quatre portefeuilles essentiels de cet Ordre reconnu comme un État souverain (le seul au monde à ne pas avoir de territoire) y seront présents. Il s’agit d’un événement unique dans l’histoire de l’Ordre de Malte, et son incidence n’est pas sans rapport avec la situation d’une région aussi troublée et culturellement riche que le Moyen-Orient… Les ministres de l’Ordre de Malte ont des titres à consonance romantique : le Grand commandeur, alias ministre de la Spiritualité, le Grand chancelier, qui cumule la fonction d’un Premier ministre avec celle des ministres des Affaires étrangères et de l’Administration centrale, le Grand hospitalier, qui régit les Affaires hospitalières de l’Ordre dans le monde (rappelons que le domaine médical est le souci premier de l’Ordre de Malte), et le Receveur du commun trésor, en d’autres termes le ministre des Finances. Au sein du Souverain conseil, un autre nom pour le Conseil des ministres, ces derniers occupent les postes les plus importants et sont appelés les Hautes charges. Ils n’ont pas l’habitude de se déplacer ensemble pour les réunions traditionnelles des présidents d’associations dans le monde qui se tiennent tous les deux ou trois ans. Pourquoi le choix a-t-il porté cette année sur le Liban et quelle est la raison de ce traitement de faveur ? « J’ai invité mes confrères, il y a deux ans, à se réunir au Liban, dans un pays qu’ils ne connaissent pas et où se trouvent leurs racines », précise Marwan Sehnaoui, président de l’Association libanaise des chevaliers de Malte et de la Fondation pour les œuvres de l’Ordre au Liban. « Cet ordre est né en terre sainte, et le Liban en est une. Dans ce pays, la foi est toujours aussi vive que par le passé. J’ai fait remarquer à mes confrères qu’ils vivent dans la monoculture et ignorent l’osmose des différentes communautés telle qu’on la trouve au Liban. Ils ont entendu mon message. » Lorsque le choix a porté sur le Liban, le seul pays d’Orient où l’Ordre de Malte a une association et une ambassade, le Grand maître, c’est-à-dire le chef de l’État, a demandé aux Hautes charges d’être présentes. « En général, dans ce genre de réunions, quinze à vingt présidents d’associations répondent présents », poursuit M. Sehnaoui. « Les pays d’un même continent désignent deux à trois représentants. Mais parce que le rassemblement a lieu au Liban, un plus grand nombre de personnes a tenu à faire le voyage. » De trente à trente-cinq présidents sont attendus aux réunions qui auront lieu à l’hôtel Riviera mardi et mercredi prochains. Les trois délégations américaines ont par ailleurs annoncé leur participation. Existe-t-il d’autres raisons ayant poussé l’Ordre de Malte à réserver ce traitement exceptionnel au Liban ? « Notre région vit dans la souffrance et dans la précarité, souligne M. Sehnaoui. L’Ordre mesure l’importance d’une chrétienté vivante et en bons termes avec les diverses autres communautés dans cette partie du monde. Il reconnaît également le dynamisme de notre action dans ce pays. » Peut-on considérer ce rassemblement, qui sera marqué par la participation d’un nombre impressionnant de personnalités, comme un soutien au Liban ? « Il s’agit sans aucun doute d’un soutien à l’action de l’association de l’Ordre de Malte au Liban, à cette action chrétienne, mais ouverte aux autres », répond-il. « On peut également parler d’un soutien à cette partie troublée du monde et au rôle des chrétiens dans le maintien de son équilibre. Après tout, le Liban n’a de sens que dans la mesure où il est un exemple de coexistence. » Cette visite aura-t-elle un impact concret sur l’action de l’association ? « Nous ne comptons pas solliciter quoi que ce soit dans une réunion qui a pour objet l’action internationale de l’Ordre et non le Liban en particulier », explique M. Sehnaoui. « Mais comme nous aurons la possibilité, lors de cette visite, de sensibiliser ces personnalités à la portée de notre action, nous espérons recevoir une aide internationale à l’avenir. Ce sera l’essentiel de mon message ». Les budgets des associations nationales sont constitués à partir de dons et de collectes de fonds. L’administration centrale de l’Ordre n’intervient financièrement qu’en cas de catastrophes dans le monde. Le programme de l’assemblée est divisé en deux temps : les mardi et mercredi seront consacrés aux réunions proprement dites. L’ordre du jour est fixé par le Président des présidents, traditionnellement le président de l’association allemande (qui est la plus ancienne). Les deux premières journées seront suivies de trois autres consacrées à des activités sur le terrain : les prestigieux participants découvriront le pays, les centres de l’association et les différentes communautés avec lesquelles opèrent les chevaliers de Malte au Liban. Ils assisteront à des messes maronite et grecque-catholique (en d’autres termes les communautés locales qui suivent les rites occidentaux). La visite n’étant pas officielle, les ministres de l’Ordre de Malte ne se réuniront pas avec leurs homologues libanais, mais se rendront au palais de Baabda pour une audience avec le chef de l’État, Émile Lahoud. Suzanne BAAKLINI « Notre croix n’est pas un défi, mais un signe d’amour » L’action de l’Association de l’Ordre de Malte au Liban s’étend sur tout le territoire libanais. Sa devise : « Je ne te demande ni ta race, ni ta langue, ni ta couleur, ni ta religion, mais dis-moi quelle est ta souffrance. » Bref, une action inspirée de la foi chrétienne, mais dont le principal message consiste à « aller vers l’autre ». « L’association compte neuf centres médico-sociaux, auxquels il faut ajouter un centre spécialisé pour enfants infirmes, une piscine de balnéothérapie construite suivant les critères européens les plus modernes, et plusieurs unités médicales mobiles », précise Marwan Sehnaoui, président de l’Association de l’Ordre de Malte au Liban. « Deux cent mille interventions médicales ont été effectuées l’année dernière avec l’aide de l’Association. » Outre l’Association libanaise des chevaliers de Malte et l’ambassade (l’ambassadeur actuel est le baron Jacques Guerrier de Dumast), il existe au Liban une fondation pour les œuvres de l’Ordre de Malte qui est née dans des circonstances particulières. « L’Ordre a fait son entrée dans notre pays dans la période troublée de la guerre, quand les Libanais n’avaient pas toujours la liberté d’action nécessaire », poursuit M. Sehnaoui. « On doit le développement de son action à la persévérance du couple princier des Lobkowicz qui ont mené un combat dans ce sens. La princesse de Lobkowicz, pour sa part, présidait en ce temps-là une association en France sous le nom de Malte-Liban, autorisée par l’Ordre de Malte et par les autorités françaises à recueillir des fonds d’aide pour ce pays. » Une initiative a consisté ultérieurement à faire fusionner Malte-Liban, l’Association libanaise des chevaliers de Malte et les œuvres hospitalières françaises en une même fondation destinée à venir en aide à notre pays. M. Sehnaoui souligne en conclusion que la croix représentant l’emblème de l’Ordre ne constitue pas un défi, mais un signe d’amour.
La prochaine réunion des présidents des associations de l’Ordre souverain de Malte dans le monde se tiendra au Liban les 4 et 5 juin. Cette réunion se distinguera par le fait que les ministres qui détiennent les quatre portefeuilles essentiels de cet Ordre reconnu comme un État souverain (le seul au monde à ne pas avoir de territoire) y seront présents. Il s’agit d’un...