Un texte « doublement piégé » voté hier par 64 voix contre12 La loi sur la téléphonie mobile, une bombe à retardement(photo)

La poule aux œufs d’or sacrifiée sur l’autel de la si fragile cohabitation de l’Exécutif ? Il semblerait que oui. Du moins depuis hier. Depuis le vote de la loi sur la téléphonie mobile, une loi « bâtarde et illogique », une loi « doublement piégée », et qui « va ouvrir la porte à tous les voleurs, escrocs et autres magouilleurs ». Dixit un député ni lahoudien ni haririen. Puisque, en voulant ménager la chèvre et le chou, contenter Émile Lahoud et Rafic Hariri, en autorisant le gouvernement à lancer des enchères publiques et à organiser une adjudication publique, le tout « en même temps », elle « décourage déjà » l’ensemble des investisseurs sérieux. Cette loi, pour aussi absurde qu’elle soit, n’en est pas moins particulièrement dangereuse. Son article 3 est clair. Il rend bien plus plausible désormais la catastrophique hypothèse de voir l’un des secteurs les plus juteux de l’économie libanaise échoir à l’État. C’est-à-dire tout droit dans les mains d’une Administration définitivement sclérosée. Et impotente. Et si le résultat de ce consensus – un concept certes très à la mode en ce moment, mais qui prouve ici qu’il peut être parfois bien délétère – est une véritable bombe à retardement (force est de parier que les Conseils des ministres à venir seront particulièrement houleux), il est clair que les premiers qui payeront les pots cassés seront, une nouvelle fois, les citoyens libanais. Quoi qu’il en soit, c’est par 64 voix pour et 12 contre que cette loi a été votée. Hussein Husseini, Boutros Harb, Omar Karamé, Salah Honein et Sélim Saadé seront particulièrement virulents. Avec quelques arguments-chocs à l’appui : « Le gouvernement est complètement décrédibilisé », « Vous nous demandez un chèque en blanc », ou « Personne au monde ne vend quelque chose dont il ne connaît pas le prix »...