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Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Une Semaine des jeunes auteurs francophones à Beyrouth « Ailes », une formidable machine à développer les échanges culturels entre le Liban et les pays étrangers(photos)

Qu’y a-t-il de commun entre un éditeur algérien – architecte de formation –, une journaliste québécoise et une jeune poète étudiante en cinquième année de médecine ? Des cultures, des horizons d’écriture ou simplement une langue ? C’est sur ce sujet, et sur bien d’autres encore, qu’ont planché pendant une semaine les invités de l’association Ailes (Alliance internationale des Libanais pour l’éducation et la solidarité). «Tout à l’Est de la Méditerranée, un pays. Avec ses images, sa géographie, ses jeunes et ses auteurs qui résument à eux seuls un monde de diversité et de passions. » D’actions aussi. À 22 ans, Samira Negrouche n’hésite pas à livrer ses impressions lors de la clôture de la Semaine des jeunes auteurs francophones qui vient de se tenir au Liban. D’emblée, l’étudiante en médecine de l’Université d’Alger, auteur d’un recueil de poèmes intitulé Faiblesse n’est pas de dire, reconnaît sa première identité originelle qui la rattache à ses ancêtres. « Un héritage que je n’ai pas choisi, mais que la langue française me permet de dépasser pour aller vers une communauté des esprits. » Diffusant le sentiment d’être de plusieurs cultures et permettant à tout écrivain francophone de télescoper les influences en important de nouvelles stratégies narratives. Question : Existe-t-il une langue française propre à chaque région ou à chaque pays ? La réponse viendra du Québec, avec Marie-Andrée Lamontagne qui continue d’explorer dans ses écrits journalistiques et son œuvre littéraire la tension permanente entre deux pronoms : le « je » et le « nous ». S’agit-il de saper les discours convenus sur les avatars des « identités variables » de l’écrivain canadien ou libanais, algérien ou africain ? Ou chercher plutôt à diffuser le « sentiment d’être de plusieurs cultures » qui permet à tout auteur francophone de « découvrir l’étranger qui mûrit en lui tout en se sentant appartenir au monde entier ? » Propos vifs et magie des mots de Sofiane Hadjadj, autre figure native d’Alger, auteur d’un recueil de nouvelles intitulé La Loi, qui éclaire « l’anecdotique d’une lumière opaque pour mieux magnifier la part d’ombre, la part de l’autre ! ». Longue silhouette féline, visage espiègle, ce diplômé de la Faculté d’architecture de Paris n’hésite pas à dénoncer les regards portés sur la littérature francophone, dite « indigène ». Mazen Kerbaj, auteur et éditeur de bandes dessinées francophones, approuve et insiste sur les particularismes locaux dans l’approche de la langue française. Et Marwan Abdo Hanna, directeur général de Samir Éditeur, applaudit : « Si l’écriture revient à livrer ses impressions aux lecteurs, seul le monde de l’édition permet de les faire partager. » Ils reconnaissent tous que le séjour d’une semaine organisé par Ailes sur le thème « Horizons de l’écriture, Horizons des cultures » a réussi son double pari : d’une part présenter au public libanais la diversité des expériences et l’unicité de la langue d’expression, d’autre part offrir aux jeunes auteurs francophones une occasion d’aller à la rencontre d’une société particulière qui cherche à promouvoir « Le dialogue des cultures. » Trois engagements La langue serait-elle encore le bien commun le plus important de l’espace francophone ? Faut-il toujours rappeler que la France a été créée par des intellectuels et des écrivains, et que la langue française offre une forme d’exercice mental qui permet de penser différemment, en respectant à la fois l’intellectuel et l’intelligence ? L’intelligence non pas comme don inné, mais d’abord comme produit de la confrontation et de l’échange des idées. « Aidez-nous à le dire ». Le financement viendra du Conseil régional d’Île de France, et Ailes réussit à placer le partage des acquis littéraires au premier plan de ses préoccupations, donc de ses activités. Depuis près de dix ans, cette organisation non gouvernementale à but non lucratif n’a cessé de se donner les moyens de ses ambitions et de son indépendance. Pour rester fidèle à sa devise : « Le droit à l’éducation est un droit essentiel, il appartient à tous, sur tout le territoire », elle s’est transformée en une formidable machine à développer les échanges culturels entre le Liban et les pays étrangers. Implantée dans une dizaine de régions. Capable de soutenir l’enseignement public grâce à ses 50 bénévoles chargés de transmettre le savoir, mais surtout les repères nécessaires à la vie en collectivité, et qui enseignent la langue française à plus de 1 000 élèves des écoles publiques. Ils distribuent le matériel, organisent des sorties éducatives et fondent leur pédagogie à la fois sur l’effort et sur l’éveil. Le bilan a de quoi rendre fiers ces jeunes étudiants aux allures de boys-scouts , tombés très tôt dans la marmite éducative, fidèles à toutes leurs opérations de terrain. Aménagement de bibliothèques dans les écoles publiques avec des livres, des revues et tout le matériel informatique et audiovisuel nécessaires pour vaincre l’exclusion et les handicaps croissants à l’ère de l’Internet. Du sérieux, donc. Jusqu’à l’obsession. Et Ailes prend trois engagements : un suivi régulier des activités des bibliothèques, n’hésitant pas à embrigader l’enthousiasme de ses volontaires au service de l’évaluation des besoins des élèves et des responsables. Une politique de soutien à l’Université libanaise, aussi. Avec deux projets pilotes à la Faculté d’agronomie de Beyrouth et à la Faculté des beaux-arts de Tripoli pour développer la formation et l’information, encourager l’ouverture à l’international par la mise en place de programmes d’échanges universitaires. Et organiser des « journées libanaises » dans les universités à l’étranger. Reste à diffuser la culture dans les régions rurales. Belle surprise de l’année, le Bibliobus ! Le projet initié en 1996 vient d’aboutir grâce au soutien financier de la Banque Audi. Mobile, innovant, incitatif, il permet à chaque citoyen d’avoir accès à 1 500 ouvrages moyennant un abonnement annuel symbolique de 2 000 livres libanaises. Merci qui ? La Mission culturelle et Samir Éditeur, décidé à proposer des animations culturelles pour sensibiliser les lecteurs et les encourager à placer la culture au rang de priorité sociale. Le thème choisi par l’association pour la manifestation du mois de mai : « Horizons de l’écriture, Horizons des cultures » est un premier indicateur qui pourrait servir à encourager tous les jeunes et leurs partenaires sociaux, culturels et économiques. Il a suffi d’une idée. Et d’une dose de raison, de deux doses de persévérance. Pour réussir à prêter ses ailes... à l’Éducation et à la Culture.
Qu’y a-t-il de commun entre un éditeur algérien – architecte de formation –, une journaliste québécoise et une jeune poète étudiante en cinquième année de médecine ? Des cultures, des horizons d’écriture ou simplement une langue ? C’est sur ce sujet, et sur bien d’autres encore, qu’ont planché pendant une semaine les invités de l’association Ailes (Alliance...