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Actualités - OPINION

Campagne pour de nouvelles mesures de redressement

Les donneurs de leçons ne manquent jamais en temps de crise. Plus ou moins voilées, de sévères remontrances se trouvent de la sorte adressées au pouvoir. Pour rappeler les dirigeants à l’ordre républicain qui leur fait obligation de servir l’État ensemble et non pas, et non plus, les uns contre les autres. Ces remarques, objectivement justifiées, masquent en réalité une partie du mal. Dans ce sens que pour retentissant que paraisse le bras de fer entre les présidents, il est loin d’être unique en son genre. L’actualité montre ainsi, que cela soit du côté de Zghorta ou du Metn, que ce pays manque de tout sauf d’empoignades politiques plutôt hors de propos. Ce défaut de la cuirasse, général et endémique, inquiète au plus haut point les organismes économiques. Qui soulignent en chœur que même les banques, ce secteur resté solide contre vents et marées, commencent à n’en plus pouvoir. Et que la Banque centrale s’est beaucoup anémiée ces derniers temps pour protéger la livre à coups de perfusions dollarisées. Car, dans la foulée de l’inévitable perte de confiance qu’entraîne l’instabilité due aux querelles politiciennes, la monnaie nationale perd beaucoup de plumes. Et si par malheur la Banque du Liban ne pouvait plus empêcher une dévaluation, les conséquences socioéconomiques, sécuritaires peut-être aussi, seraient littéralement catastrophiques. Il y aurait des faillites en cascade, des grèves, des manifs, une agitation de rue incontrôlable. Conscients de ces périls, les cercles concernés pressent instamment les responsables, mais démarchent également tous les pôles de la caste politique ou les gens d’influence, pour une détente politique fortifiée. Et pour une action de redressement urgente sur le plan technique, financier ou économique. Car il s’agit en tout premier lieu de redonner sa chance à la saison touristique d’été. Puis de prévenir une rentrée sociale houleuse en octobre. Il faut donc faire vite, et cesser de laver son linge sale en public comme ce fut le cas pour le cellulaire. Ces milieux font remarquer à ce propos aux jouteurs qu’en rompant des lances, ils ont coûté au pays, en manque à gagner comme en pertes sèches ou potentielles, plus que le portable ne peut lui apporter. Rejoignant l’avis des juristes, les hommes d’affaires soulignent que les autorités peuvent régler tout litige entre les quatre murs du Conseil des ministres, sans rien en ébruiter. Et cela, au nom de la vraie raison d’État. Techniquement, on le sait, le problème numéro un reste la dette publique. Il s’agit d’en amortir le service, c’est-à-dire le paiement des intérêts, en vue d’abord d’arrêter le cycle infernal d’endettement aux fins d’honorer ces traites. Et pour pouvoir ensuite, progressivement, réduire le capital même de cette créance qui outrepasse désormais la ligne rouge des 23 ou 24 milliards de dollars, fixée en fonction des ressources du pays. Pour amorcer le traitement, il existe comme on sait deux projets du reste concomitants : le lancement d’un programme de privatisations, qui pourrait rapporter 5,07 milliards étalés sur quelques années. Puis l’obtention d’un moratoire multiforme, à travers la conférence internationale dite de Paris II. Au cours de laquelle le Liban décrocherait un panier d’assistances diverses, de prêts privilégiés et de rééchelonnement de sa dette antérieure. Mais tout cela ne permettrait au pays que de souffler un peu. Il lui faut, notent les mêmes personnalités, mettre en branle sans tarder toute une série de mesures complémentaires pour redresser la barre. En s’aidant au besoin des lumières de spécialistes étrangers. Il y aurait donc une action directe, immédiate et un plan à long terme. Indispensable, estiment ces sources qui rejoignent donc sur ce point l’avis des partisans du régime. Car, sans un tel cadre d’orientation, il n’y aurait pas moyen, par exemple, de réformer l’Administration, ce qui est absolument nécessaire. Ni d’effectuer une décentralisation de développement bien étudiée. Abondant dans le même sens, des politiciens appellent de leurs vœux un séminaire ministériel comme il s’en organisait du temps de Chéhab, de Hélou ou de Sarkis. Et conseillent, si cette voie ne peut pas être empruntée, qu’un conclave d’experts se tienne autour du chef de l’État entouré du président du Conseil, du gouverneur de la Banque centrale, des ministres des Finances, de l’Économie, de l’Énergie et des Télécoms. Toujours est-il qu’on peut légitimement s’inquiéter sur le point de savoir si, pour commencer, les privatisations ne risqueraient pas d’être une pure braderie. En effet, les repreneurs éventuels ne sont encouragés ni par les zizanies internes ni par la situation au Sud. Ni par l’état lamentable de certaines poires qu’on voudrait leur vendre. On pense notamment à l’EDL et, à un moindre degré, aux transports en commun. Quoi qu’il en soit, il n’est pas nécessaire d’espérer pour agir ni de réussir pour persévérer. Mais le pouvoir doit prendre conscience des impératifs de l’heure. Et se mettre sérieusement à l’ouvrage. Aujourd’hui même. Car une délégation du Fonds monétaire international se trouve sur place pour une mission d’investigation et de prospection de quelque deux semaines. Ses membres, apprend-on de source fiable, ont déjà pris des contacts avec le secteur bancaire, pour voir où en est vraiment la situation. Et quelles sont les perspectives comme les promesses du Liban, par rapport à un Paris II dont la tenue n’est pas encore acquise. En effet, le FMI doit établir un nouveau rapport de recommandations à ce sujet. En attendant, on indique du côté des haririens que le président du Conseil tente de décrocher de nouveaux dépôts arabes auprès de la Banque centrale. À les en croire, il se pourrait ainsi qu’un pays du Golfe place chez nous avant septembre 500 millions de dollars. Philippe ABI-AKL
Les donneurs de leçons ne manquent jamais en temps de crise. Plus ou moins voilées, de sévères remontrances se trouvent de la sorte adressées au pouvoir. Pour rappeler les dirigeants à l’ordre républicain qui leur fait obligation de servir l’État ensemble et non pas, et non plus, les uns contre les autres. Ces remarques, objectivement justifiées, masquent en réalité une...