Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Séance parlementaire prévue lundi Le problème du mazout divise les chauffeurs de taxi(photo)

La journée d’hier a été fertile en événements s’inscrivant dans le cadre des mesures pour une solution au problème du mazout dans l’air et de la pollution qui en résulte, à trois jours de la séance de lundi au Parlement. Ce qui est en cause : la non-application de la loi n° 341, adoptée en août de l’année dernière et visant à réglementer l’usage du mazout dans les véhicules, mais aussi le fait que les taxis circulant illégalement au mazout n’ont pas encore modifié leurs moteurs, et que des solutions n’ont pas été trouvées pour remédier à leur situation économique difficile. Ces mouvements interviennent après l’aval donné par le Conseil des ministres, jeudi, à deux projets de décrets d’application de la loi, l’un visant à retirer du marché dix mille plaques rouges et l’autre prévoyant d’offrir des incitations pour le renouvellement des taxis et accordant des indemnités aux propriétaires de petits camions et de minibus (ceux-ci n’étaient pas en situation illégale). Ce qui retient tout d’abord l’attention, c’est la divergence de vues entre les deux syndicats de chauffeurs de taxi. Les présidents de l’Union des syndicats de chauffeurs du transport routier public et de l’Union libanaise des syndicats de chauffeurs de taxi, Abdel Amir Najdé et Bassam Tleiss, ont publié hier deux communiqués contradictoires : le premier a appelé les chauffeurs à un sit-in pacifique devant le Parlement lundi à 9h, alors que le second a critiqué cette décision et souligné l’importance des «décisions positives prises par le Conseil des ministres». Dans une conférence de presse organisée hier à son bureau, M. Najdé a considéré que «le problème ne se situe pas au niveau des quelque 25 000 taxis, puisque le nombre total de véhicules roulant au mazout est de 200 000, mais dans la qualité du mazout qui n’est même pas valable pour un usage industriel». Les revendications de M. Najdé se résument à deux propositions : soit importer du diesel de bonne qualité suivant les normes européennes, soit mettre à la disposition des chauffeurs une essence subventionnée, «parce que les chauffeurs refusent les augmentations arbitraires du bidon d’essence qui n’ont rien à voir avec les prix mondiaux». Outre le sit-in de lundi, M. Najdé a menacé d’une escalade du mouvement protestataire si les demandes des chauffeurs n’étaient pas agréées. Pour sa part, le second regroupement syndical a tenu une réunion au siège de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL). M. Tleiss s’est étonné de la décision prise par M. Najdé, et s’est interrogé sur «le mobile de la manifestation, alors que la séance du Parlement n’est pas prévue pour la discussion de lois ou de décrets». «Que se passera-t-il après le sit-in ?» a-t-il poursuivi. «Comment obtenir qu’une suite favorable soit donnée aux demandes des chauffeurs alors que l’on a recours à des mesures négatives ? Nous pensons qu’il est important de gagner le maximum de personnes à notre cause». Par ailleurs, le syndicat des chauffeurs de minibus a publié un communiqué considérant que «les indemnités décidées par le Conseil des ministres signent l’arrêt de mort des chauffeurs». Le syndicat a fait remarquer que «les dettes contractées par les chauffeurs auprès des agences de voitures sont de loin supérieures aux indemnités qui ont été décidées», et considérant enfin que «le gouvernement pourrait importer un diesel de meilleure qualité». Obstacle financier D’autre part, l’une des ONG écologiques qui a le plus milité pour l’adoption d’une loi limitant la pollution de l’air, le Comité libanais d’environnement et de développement, a rassemblé hier au siège de «Dar al-Nadwa», à Ras Beyrouth, différents responsables politiques (dont le ministre Béchara Merhej et le député Atef Majdalani) et syndicaux (notamment M. Najdé), ainsi que des représentants d’associations. L’ONG a présenté ses recommandations pour une solution globale du problème. «Comme l’obstacle financier à l’application de la loi semble le plus important, nous présentons des suggestions qui ne coûteraient rien à l’État mais qui ne seraient pas possibles sans une coordination parfaite entre les différentes administrations», précise leur communiqué. Faisant remarquer que l’application de plusieurs articles de la loi ne nécessiterait pas des sommes énormes, le comité suggère l’ouverture d’une enquête sur l’introduction de milliers de moteurs illégaux, «afin que les responsables soient pénalisés». Pour ce qui est des indemnités aux propriétaires de minibus et de camionnettes, tenus par la loi de changer de moteur à partir d’août, le gouvernement «pourrait se contenter de leur verser le prix d’un moteur à essence qui aurait le même âge que celui qu’il convient de remplacer, ainsi que les frais de transformation». Par ailleurs, «le gouvernement devrait organiser le transport public de façon à ce que les minibus cessent de concurrencer les petites voitures». Il pourrait «limiter la circulation des minibus dans les grandes villes, par exemple». Enfin, le comité appelle l’État à reconsidérer toute sa politique financière liée au trafic routier et qui se solde par des «pertes sèches» : maintenance et construction de routes proportionnellement à l’augmentation du nombre de voitures, 13 milliards de livres versées annuellement à l’Office des chemins de fer (pratiquement inopérant), frais de déplacements payés aux fonctionnaires et estimés à 100 milliards... Sans compter que les propriétaires de plaques d’immatriculation rouges – 44 167 personnes – payent des abonnements estimés à 19 milliards et profitent d’allocations familiales de l’ordre de 53,4 milliards, qu’ils s’acquittent de frais d’assurance-maladie et maternité d’une valeur de 27,6 milliards alors qu’ils profitent d’offres du même type de l’ordre de 53,4 milliards (selon des statistiques de 2001 citées dans le communiqué). Il est également précisé que les sommes dues par l’État à la Caisse nationale de Sécurité sociale pour 2001 sont de 750 milliards, dont 170 concernent les chauffeurs de taxi, qui payent des cotisations plus modestes que les autres. « Journée air propre » Enfin, une manifestation a été organisée à 17h, place des Martyrs, à l’appel de l’Alumni Club (amicale des anciens de l’AUB). Quelque treize universités, dix-sept amicales d’anciens et des dizaines d’écoles étaient représentées par plusieurs centaines de personnes. Les députés Adnan Arakji, Mohammed Kabbani, Jean Oghassepian, Nasser Kandil et Atef Majdalani étaient présents, ainsi que plusieurs représentants d’associations écologiques et de protection du consommateur. Fawaz Merhabi, président du comité organisateur à l’Alumni Club, a souligné «l’importance de ce meeting, qui constitue un message envoyé aux responsables par une foule désintéressée, sans compter que nous avons réussi à regrouper les universités dans un même mouvement». Il a réitéré l’idée qu’il avait lancée mercredi, lors de l’annonce du sit-in : «Si des indemnités vont être versées, nous nous demandons qui va en supporter les conséquences, dans quelle Caisse elles seront puisées... Le citoyen n’en peut plus». Les jeunes paraissaient très motivés par la cause qu’ils défendaient et pleinement conscients de ses enjeux. Interrogés sur ce qu’ils jugeaient le plus grave, ils ont souvent mentionné le risque décuplé de maladies. C’est en tout cas l’une des principales préoccupations de Dina, élève de la Fondation Makhzoumi, qui a considéré en outre que «la solution adoptée par l’État devrait prendre en compte les difficultés financières des chauffeurs». Les universitaires n’étaient pas en reste. Marc, de l’AUB, a souligné que sa présence ainsi que celle de ses collègues «visaient à soutenir notre droit à respirer un air propre, sachant que l’État a créé ce problème et qu’il doit lui trouver une solution». Mahmoud, de la LAU, a considéré que «les chauffeurs forment la catégorie la plus exposée à la pollution». Pour sa part, Hadi, de l’École de théologie du Proche-Orient, a évoqué une image significative : «Nous voyons toute cette fumée noire sortant des échappements et nous nous disons : je suis en train d’inhaler tout ça !» Il poursuit : «Nous sommes choqués que le Liban soit classé 109e pays d’Asie en matière de qualité de l’air. Voilà pourquoi quand nous avons pris connaissance de l’appel de l’Alumni, nous avons tenu plusieurs réunions et décidé de participer à ce mouvement». S.B.
La journée d’hier a été fertile en événements s’inscrivant dans le cadre des mesures pour une solution au problème du mazout dans l’air et de la pollution qui en résulte, à trois jours de la séance de lundi au Parlement. Ce qui est en cause : la non-application de la loi n° 341, adoptée en août de l’année dernière et visant à réglementer l’usage du mazout dans...