Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Le régime en proie à de sourdes appréhensions sur le plan économique

Le régime du président Lahoud a passé avec succès nombre d’épreuves. Mais il lui reste la matière d’examen au plus lourd coefficient, l’économie. Il ne voudrait pas obtenir là-dessus une note éliminatoire. Les réussites : – La libération du Sud. À travers un soutien contre vents et marées à la Résistance, malgré les critiques locales ou les reproches internationaux. – Puis, dans la même région, la préservation d’un équilibre difficile entre la ligne bleue et Chebaa. Ainsi que le maintien de la situation sous contrôle sur le terrain, pour éviter l’explosion. – À l’intérieur, la sécurité et la stabilité, déclarées lignes rouges, ont été consolidées. Cette plate-forme est d’ailleurs indispensable pour le traitement du dossier socio-économique si ardu. – Au sommet arabe de Beyrouth, un point important a été marqué par le rajout à la résolution issue de l’initiative saoudienne d’une clause rejetant l’implantation des réfugiés palestiniens au Liban. – Sur le plan des relations avec la Syrie, elles ont été resserrées sans qu’il soit besoin de recourir, comme par le passé, à des rencontres au sommet tous les deux jours pour traiter de détails oiseux. L’accent a été mis sur le fond. Et c’est ainsi que s’est opéré le redéploiement des forces syriennes, conformément à Taëf. Réserves Cela étant, toutes ces réalisations, dont le régime tire une légitime satisfaction, risquent d’être balayées par une tempête économique. Il s’en inquiète dès lors fortement. Si l’effondrement devait se produire, à Dieu ne plaise, il serait dérisoire de considérer le drame sous l’angle des responsabilités et des blâmes. Tout le monde se retrouverait en effet à bord du même bateau naufragé et se lamenter ne servirait à rien. C’est pourquoi le président Lahoud tient à être présent, attentif et à rester bien informé des mesures envisagées. Il veille sur le pays, c’est sa mission. À ses yeux, le président Hariri est sans doute l’homme qui présente les capacités requises pour mener le sauvetage à bien. Il ne faut donc pas lui mettre des bâtons dans les roues, mais au contraire l’aider et le soutenir sans réserve. Cependant, le président Lahoud se montre troublé par une faille capitale : l’inexistence d’un plan détaillé par étapes successives. Ce qui permettrait, au bout de chaque tranche, de faire le point et de corriger la trajectoire si besoin est. Un autre élément qui fait sourciller le chef de l’État : les chiffres. Ceux du déficit budgétaire plus précisément, car ils lui semblent manquer de transparence sinon d’exactitude. C’est là un point essentiel à en croire le gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé, qui estime que le problème le plus grave n’est pas la dette publique mais bien le déficit du budget. Or les données avancées à ce propos par le ministère des Finances paraissent enjolivées. Ainsi nombre de spécialistes relèvent que les échéances dues par le Trésor (aux entrepreneurs, aux hôpitaux conventionnés, etc.) ne sont pas prises en compte dans le passif. Par ailleurs, il se répète dans les allées loyalistes que le président Lahoud, quand il s’inquiète de la situation économique, se voit invariablement répondre par le président Hariri de ne pas s’en faire. Que cela s’améliore d’année en année, que les dispositions adoptées sont une réussite et que les contempteurs les critiquent sans rien proposer de mieux. Bref, selon ces sources, le Premier ministre «endort» volontiers son auditoire et noie le poisson, sans fournir d’explications chiffrées. À partir de là, certains se demandent si en cas d’échec le régime ne va pas accabler la présidence du Conseil. Ce qui serait normal à leur avis, puisque le Sérail agit en solo, alors même que la responsabilité est partagée. La cohabitation reste donc plutôt bancale. Enfin, les loyalistes affirment que le régime n’est pas partie prenante dans une éventuelle guerre des privatisations. Il n’a de préférence que pour les procédures assurant au Trésor public les meilleurs avantages. En vue d’imprimer au redressement économique du pays son premier élan. Émile KHOURY
Le régime du président Lahoud a passé avec succès nombre d’épreuves. Mais il lui reste la matière d’examen au plus lourd coefficient, l’économie. Il ne voudrait pas obtenir là-dessus une note éliminatoire. Les réussites : – La libération du Sud. À travers un soutien contre vents et marées à la Résistance, malgré les critiques locales ou les reproches...